Ce que j'ai aimé :
Voici un roman original, très loin des tendances actuelles, qui a quelque chose de néo-Proustien, riche comme il est en discussions et en digressions ; et le souvenir tient lui aussi une place prépondérante dans ce texte.
L'idée centrale est que n'importe qui peut subir un événement qui détruit sa vie et l'auteur, habile dans la création de personnages hors du commun, n'émet pas pour autant de jugements éthiques, notamment dans la description du comportement de Leo et de Camilla.
Cette histoire possède certains codes du roman policier -différentes énigmes se posent-, mais celles-ci ne seront pas résolues en fin de lecture :
qui a fait sonner l'alarme de la maison une nuit entière ? Qui dépose régulièrement sous la porte de Leo des dessins correspondants aux menus événements de sa vie ? Pourquoi Rachel n'a-t-elle pas épaulé son mari Leo, mais l'a-t-elle pour ainsi dire rayé de sa vie ? Qui est ce narrateur qui est partie prenante de l'intrigue, puisqu'il dit en avoir rencontré tous les personnages ? Comme si l'auteur, en fin de roman, avait écrit "à suivre...". le second volet du diptyque,
Inséparables, fournit les explications de ces mystères.
Ce que je n'ai pas aimé :
J'ai trouvé le narrateur, quasiment un personnage à part entière (omniscient et omniprésent, comme en charge d'une enquête !), exaspérant. Son ton est affecté, emphatique, sentencieux, parfois même pédant. Tout au long du roman, il s'adresse régulièrement à Leo et au lecteur (comme un auteur du XIXème siècle !) et, dans le paragraphe final, à l'épouse et aux enfants de Leo.
Le "héros", dans son auto-satisfaction comme dans sa veulerie, m'est fort antipathique.
Cet ensemble caustique et grinçant montre toute l'ambivalence et l'ambiguïté humaines, sans aucun jugement de valeur, offrant des questions sans donner de réponses.