Il avait appris avec les Indiens que les mots peuvent manquer de conviction, d’engagement, de sincérité, alors que le corps ne ment jamais ; le corps peut exprimer pleinement une pensée, une émotion, et la communiquer plus subtilement, avec la chaleur qui manque souvent au verbe.
Valère était vaincu. Ces coquins d’hommes en soutane parvenaient d’un regard à vous accabler de culpabilité. En leur dissimulant des choses, vous aviez l’impression que c’était à Dieu que vous faisiez des cachotteries. Cela faisait des siècles qu’ils faisaient danser le pauvre monde et ce n’était pas encore aujourd’hui que cela allait cesser. P 106
Armand espérait que les indigènes seraient aussi chaleureux. Mais, de cela il doutait sincèrement, car les hommes ont à jamais perdu l’innocence qui se loge parfois dans l’âme pure des animaux et des jeunes enfants. Ne dit-on pas que les Sauvages ne sont pas tout à fait aussi humains que les gens du Vieux Continent ? P 67
Naiekowa...Cela évoquait le bruit de la rivière, le nom d'une fleur de marais, la pluie d'été qui dégouline des feuilles...Quelque chose en rapport avec l'eau.
Le lendemain matin, avant d'embarquer, Leroy vint vers Armand et lâcha :
"Si ça vous intéresse, Naiekowa veut dire le Grande Vaniteuse, ou l'Orgueilleuse, enfin, une femme forcément forte en gueule, quoi..."
Une terre sans enfants est un désert sans joie et sans espoir
Une terre sans enfants est un désert sans joie et sans espoir.
Pour que les choses... rectification,. Excuses
Tout ici répondait aux principes d'une harmonie inédite qui pénétrait son esprit et ses sens malgré eux.
Pendant les moments où elle n'avait rien à faire et pouvait errer dans le village, elle s'asseyait sur l'espèce de place principale et regardait s'exprimer la vie autour d'elle ; le ballet des corps qui passent, les femmes épluchant les épis de maïs, les mains qui s'affairent, habiles, ou accompagnent les paroles en mouvements amples, d'une élégance jamais compassée ni artificielle ; les visages ouverts et francs, miroirs sans fard d'une humeur, d'une pensée. Beaucoup de rires, de chants, des cris et parfois des querelles d'une virulence qui retombait comme elle était montée. Des enfants courant partout, libres et gais, jamais battus, rarement grondés. Ils se blotissaient sans les jambes de leurs parents, et ceux-ci les accueillaient, les prenaient dans leurs bras, sans jamais les repousser.
Il en allait tout autrement en France : pour le peu qu'elle en avait vu, il avait semblé à Antoinette que les chattes ou les chiennes des rues de Paris manifestaient plus de tendresse à l'égard de leur progéniture que les femmes. On était loin des images de Madones à l'Enfant éperdues de tendresse. Ici, il n'y avait que cela, des mères débordant de chaleur, de caresses, d'amour exprimé par des corps libérés de toute pudeur. Est-ce que les Indiennes abandonnaient aussi leurs bébés ?
p. 325-326
« Mais aujourd’hui, je vois encore le gel qui s’empare du fleuve, en fige déjà des morceaux et y emprisonne les végétaux et les roches, et l’air qui forme des bulles frémissantes, je vois le castor se parer de sa fourrure d’hiver, les branches nues grippées par le givre qui se tendent dans la pureté du ciel. Et je te verrai bientôt, toi, debout sur la berge, pâle dans la pâleur de l’hiver. Car tu m’attendras, et tu liras sur mon visage le désir et la joie, et tu sentiras mon cœur battre en toi, quand je m’unirai à ta chair et que je t’inonderai de la puissance de mon amour. Mon amour. Je peux le dire à présent, dans le fond de mon cœur ; je peux aussi énoncer ces mots dont j’ai été avare tout au long de ma vie. Ces mots, je te les dirai au creux de l’oreille, dans le silence des nuits. »
Ce qu’il faut peu de temps pour que les. Hôtes redeviennent ce qu’elles n’ont jamais cessé d’etre.
Les années,les aléas de la vie,les rancœurs et lés regrets n’y changent rien.