Une tranche d'Histoire sur un mode satirique
J'avoue que je ne connaissais que vaguement l'histoire de Bokassa. Mais comment un étudiant en droit s'est-il fait passer pour le roi de Basoche au couronnement de ce tyran ?
Avec une plume journalistique qui ne s'embarrasse pas de fioritures, l'auteur nous livre un récit souvent burlesque, s'amusant avec les mots et les proverbes – voire les chansons paillardes 😄.
J'ai non seulement été instruite sur les aspects historiques, mais j'ai aussi passé un bon moment de lecture. Ton certes léger, mais sujet grave. Et, cerise sur le gâteau, l'auteur faisait partie de cette bande d'étudiants ! Si si ! Quelle aventure !
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Comment évoquer un fait historique ubuesque, le couronnement de Bokassa et le pari fou d'un étudiant, tout en s'autorisant discrètement à une critique corrosive de l'envers du décor ? Comment instruire de manière détaillée et documentée, tout en divertissant et en donnant à l'ensemble une ambiance drôlement jouissive ? jeFpissard sait faire tout cela. Et bien plus, car son roman est un diamant aux multiples facettes taillées avec une originalité qui en fait toute sa saveur.
Les facettes de ce diamant de livre ? Les jeux de mots, une verve au-delà de toute comparaison épicée de multiples pirouettes syntaxiques, les registres de langages aussi variés que truculents, les descriptions détaillées qui semblent sortir des pages et se poser là, devant nous, un style vif et direct, des personnages haut en couleurs, les uns ridicules, les autres rusés pour ne nommer que cet étudiant qui s'invente roi de Basoche et fait un pied de nez à tous les grands puissants de ce monde. Bref, ça voltige, ça fait du bruit, ça décoiffe !
Alors, cela vous dirait-il de faire un tour dans la Françafrique sous l'ère de Giscard ? Si oui, accrochez-vous bien car jeFpissard, risque de vous en faire voir de toutes les couleurs et surtout de vous faire mourir de rire. Quoique… sous la farce, transcrite dans un style jubilatoire, il se pourrait bien qu'une réalité plus déprimante, quasi tragique pointe le bout de son nez. Les apparences sont parfois trompeuses et cachent des vérités bien laides.
Lisez ce livre, abusez-en. Ne passez pas à côté, ce serait trop dommage.
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Il faut le lire pour le croire !
Ce fait divers est incroyable, et pourtant… En 1977, un étudiant se fait passer pour le roi d'une contrée imaginaire et parvient à se faire inviter au couronnement de Bokassa 1er, empereur de Centrafrique ! C'est l'époque de la Françafrique, les relents coloniaux, les petits cadeaux brillants aux bons amis français… L'auteur utilise cette trame étonnante pour construire un récit hilarant, avec des situations ubuesques, mais avec une tension toujours latente, car si le canular est découvert, ses auteurs pourraient en payer les très lourdes conséquences. Il s'amuse à parsemer cette histoire de jeux de mots et de moments très drôles, mais aussi d'épisodes plus grinçants qui sont autant de rappels de la situation terrible que subissaient les centrafricains. Bref, c'est loufoque, très prenant et au final très instructif, car l'auteur nous livre des informations historiques sur le pays, et sur le personnage très trouble de Bokassa. Et avec une fin très finement ciselée.
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Loufoque et décalé...
Cette farce jouissive et outrancière raille les us et coutumes de la France coloniale qui poussa le vice et le culot jusqu'à sacrer l'autrefois célèbre Bokassa 1er, diamantaire et dictateur de son état, roi de Centrafrique. Derrière la farce et les évènements richement décrits et documentés, on devine pourtant une critique acerbe et distanciée de l'univers politique et des relations internationales que l'auteur tourne en dérision avec une verve et un humour jubilatoire. L'écriture est vive, alerte, spontanée, parfois crue et directe, sans fioritures. Un style réjouissant qui s'accorde parfaitement au caractère profondément satirique de ce roman pas comme les autres.
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Un diamant ciselé au pays de Bokassa !
Ce roman est passionnant à plus d'un titre. Tout d'abord il nous remet en mémoire cet épisode aussi réel que grotesque du sacre de l'empereur Bokassa premier dans la Françafrique de Giscard, où l'on coupe encore les oreilles (ou plus …) des voleurs mais où l'on taille aussi les plus beaux diamants du monde. Si vous êtes trop jeune pour en avoir souvenir, par pitié, lisez ce livre, vous ne le regretterez pas, surtout en ces temps moroses ! Il relate en détails véridiques cet inénarrable évènement où se sont commis les grands de ce monde, politiques, religieux, têtes couronnées, et notre ministre de la coopération Robert Galley. Et puis, farce dans la farce, il se trouve qu'un étudiant culotté eut l'idée de s'y faire inviter nanti du titre de roi de Bazoche. Et cela fonctionna au-delà de ses espérances. Voilà donc notre héros, ici dénommé Daniel Premier, et sa dame, la reine Annick, embarqués dans une drôle d'aventure. Mais le roi Daniel est d'un naturel anxieux. La crainte que la supercherie ne soit découverte par les sbires du dictateur lui donne des sueurs froides tout au long du récit et participe grandement à l'aspect comique. Mais l'angoisse chronique du héros est-elle la seule cause de son désarroi ?
L'écriture jubilatoire, décomplexée et déconneuse, joue avec les mots. Elle est parfaite au service de cette mascarade où fourmillent plein de détails véridiques tel ce corbillard transformé en carrosse pour les besoins du sacre.
C'est historique, très documenté, terrible par les pratiques du dictateur, ludique pour le culot du jeune homme et de sa fiancée. Et nous avons droit à la fin du volume à la biographique du dictateur.
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