Elle avait voulu une preuve d’amour, et il la lui avait donnée, ou du moins avait prétendu le faire. Pouvait-on accomplir de façon impersonnelle un acte aussi intime ? Mais oui, bien sûr, si on se moquait de savoir avec qui on était au lit…
Quand on est tendu, c’est qu’on est malheureux. Et tu ne mérites pas d’être malheureuse. Il n’y a pas de raison. Tu es mariée à un type remarquable. La semaine dernière, il s’est occupé d’un grand brûlé d’une façon extraordinaire ! Je n’en croyais pas mes yeux.
Avec sa vivacité d’esprit habituelle, elle remarqua aussi que ses yeux, d’une étrange couleur cuivrée, étaient pleins de gentillesse. Un play-boy, mais pas méchant.
Robuste, vigoureux et adorable, il rayonnait de santé. Quand ses yeux lançaient des éclairs de malice, il ressemblait plus que jamais à son père. Souvent, en le surveillant, Hyacinthe pensait aux changements que son arrivée avait apportés dans sa vie de couple. À part quelques petits malentendus et quelques heures de crise grave par le passé, elle n’aurait jamais cru qu’elle et Gerald pourraient s’entendre encore mieux. Mais ce petit garçon, cette nouvelle vie issue d’eux avait encore accru leur harmonie.
« Rentrer chez soi, c’est aller là où, quand on cherche refuge, on vous ouvre toujours la porte. »
Tu ne m’aimes pas ! Si tu m’aimais, tu aimerais aussi notre enfant. Tu ne me demanderais pas de le tuer. Nous sommes jeunes, nous sommes en bonne santé, nous ne mourons pas de faim, nous ne sommes pas dans un camp de concentration ! Un avortement… Tu devrais avoir honte ! Comment peux-tu…
Un désir fou s’était emparé d’elle. Elle sentait dans son cœur, sa gorge, dans tout son être, le besoin de fondre son corps au sien, de ne plus faire qu’un avec lui.
Elle était mince avec pourtant des formes pleines ; son visage était agréable, mais sans traits frappants. Quand elle entrait dans une pièce, toutes les têtes ne se tournaient pas vers elle, à la différence de Bettina.
Sans être une beauté classique, elle possédait un charme fou dont elle avait conscience. Elle se savait séduisante et n’ignorait pas que les autres femmes ne l’appréciaient guère, ce qui n’avait rien d’étonnant.
Le plus souvent, elle en était réduite au rôle d’observatrice silencieuse, se contentant d’écouter les autres en étudiant le jeu des personnalités, les rivalités masculines et les attirances qui s’ébauchaient entre hommes et femmes.