Oeuvres complètes, tome 1

Même un enfant ne réfuterait-il pas cependant les contre-vérités que tu allègues ?

Gorgias.

Ceci est-il une question que tu me poses ? ou bien commences-tu de prononcer un discours ?

Gorgias.

Par le chien ! A chacune de tes paroles, en vérité, Pôlos, je suis dans l'incertitude, de savoir si c'est pour ton compte que tu dis cela et si tu énonces ton opinion à toi, où si c'est moi que tu questionnes !

Gorgias.

Allons ! à l'âge que tu as, Pôlos, tu manques de mémoire ! Dans quelques temps, comment feras-tu ?

Gorgias

Dis-nous, toi qui es jeune, où nous autres vieux nous avons achoppé, à une condition : fais bref.

Gorgias.

Ce que sont en elles-mêmes les choses, quelle est leur manière d'être, voilà quelque chose que l'art oratoire n'a pas du tout besoin de savoir ; mais il a besoin d'avoir découvert n autre procédé de persuasion qui permet de donner à ceux qui ne savent pas l'impression qu'ils ont plus de savoir que ceux qui savent.

Gorgias.

Suppose en effet que l'on te demande : "Y a-t-il une croyance qui est vraie et une fausse ?" Tu dirais que oui, à ce que je pense. - Oui. - Mais un savoir, dis-moi, est-il faux, aussi bien que vrai ? - Point du tout !

Gorgias.

Est-ce la même chose, d'avoir appris et de savoir, et de s'être fié à ou de croire : la même chose, savoir que croyance ? ou bien est-ce autre chose ?

Gorgias.

Halte-là, par Zeus !

Alcibiade.

Quant au soin à prendre du corps et des affaires d'argent, il faut le remettre à d'autres.

Alcibiade.