Comme I'avait écrit Valéry Larbaud, « traduire un ouvrage qui nous a plu, c'est pénétrer en lui plus profondément que nous ne pouvons le faire par la simple lecture, c'est le posséder plus complètement, c'est en quelque sorte nous l'approprier ». C'est ainsi qu'il existe chez la plupart des lecteurs une idée reçue particulièrement tenace qui veut que Baudelaire ait « surbaudelairisé » Poe, et l'ait en quelque sorte noyé de son ombre, empêchant ainsi le lecteur français de se faire une idée de ce qu'est réellement la teneur de sa prose, celle-ci ayant été phagocytée, triturée, métamorphosée par la langue baudelairienne. Or, rien n'est plus faux. Baudelaire ne s'est pas le moins du monde éloigné de Poe : il fut au contraire un traducteur extrêmement fidėle, scrupuleux, beaucoup plus que les autres traducteurs qui se sont chargés, après lui, des nouvelles qu'il n'avait pas traduites. Il colle de très près au texte de Poe, et si sa traduction est belle c'est parce qu'il s'agit d'une belle langue anglaise traduite par un grand poète français, et non parce que celui-ci se serait éloigné de l'original pour proposer une œuvre marquée presque exclusivement de son sceau.
Préface de Christian Garcin et Thierry Gillyboeuf
C'était une de ces terribles nuits que l'on ne rencontre qu'une ou deux fois par siècle. il neigeait furieusement et la maison chancelait en son centre sous les assauts du vent qui, en s'engouffrant par les lézardes dans le mur et en se précipitant avec impétuosité par la cheminée, secouait effroyablement les rideau du lit du philosophe et désorganisait l'économie de ses récipients.
De mon pays comme de ma famille je n'ai pas grand chose à dire. Quelques injustices et de longues années m'ont éloigné de l'un et rendu étranger à l'autre. L'aisance de ma condition me permit de bénéficier fichier d'une éducation hors du commun, et mon esprit rationnel me rendit capable de classifier avec méthode tout le savoir diligemment accumulé pendant mes études précoces.