De tous nos maîtres de la scène, celui qui exerce toutefois le plus d'influence, c'est Molière. On le traduit, on l'imite, on le pille. Chaque pays étranger lui apporte son tribut, l'accommode à ses besoins. Le Danois Holberg lui doit le cadre et la matière d'un théâtre national ; les Italiens Gigli et Goldoni le dépouillent, le premier avec désinvolture, le second avec respect; les Anglais, Dryden, Shadwell, Vanbrugh, Congrève, se l'approprient aussi effrontément qu'impunément. Partout on lui voue un culte que dicte la popularité. Il restera jusqu'à nos jours cette étoile lumineuse vers laquelle se tournent tous les regards, cette voix dont on entend les échos dans toutes les âmes.