Quel plaisir j'ai eu à lire ce
petit éloge de la Belgique qui jongle entre passé et présent, lâchant l'encre (le e est volontaire) dans la mer de la mémoire collective pour mieux nous emmener sur les îles plus ou moins connues de personnages en lien avec la Belgique, ou le territoire belge. Mémoire collective de belges d'une certaine génération dont fait partie
Grégoire Polet: celle des trams de la côte belge (un peu intemporelle), du désastre du Heysel et du naufrage du "Herald of Free Enterprise", ou celle de la Belgique victorieuse de l'Eurovision (une référence à Sandra Kim qui ne parlera qu'aux belges nés avant 1980) et de l'URSS au mondial de football. Ces lieux où ces évènements servent de point d'ancrage pour nous emmener dans l'histoire, grande ou petite avec pour charnière la guerre de 14-18. Sous le gris du ciel belge, on croise Zweig venu visiter
Emile Verhaeren, les écrivains Oscar et
Marcel Thiry, Rik
Wouters, sculpteur et peintre,
Henry van de Velde, architecte du Bauhaus ... et beaucoup d'autres. Ces figures de l'histoire prennent le rôle de personnages de ce récit à qui l'auteur raconte sa "Belle Magique".
J'ai beaucoup aimé le rythme et la plume de Polet. Je ne le connaissais que de nom et l'envie est grande de partir dans d'autres de ses mots-voiliers.
Sa façon de raconter la Belgique par petites touches, de voyager dans le temps et l'espace, d'une plume travaillée et souvent poétique, m'a parlé, enchanté. J'ai découvert quelques personnages, quelques bouts d'Histoire que je ne connaissais pas. Je passais du livre à Wikipédia pour compléter, trouver un angle moins romanesque à ce récit dont j'ai du mal à qualifier la forme (peut-être un long poème en prose est le qualificatif qui lui va le mieux). Tout n'est pas dit. Ceci n'est pas une encyclopédie de la Belgique. En fait j'aimerais dire "Ceci n'est pas un éloge de la Belgique" mais j'ai peur d'une phrase un peu trop cliché, stéréotypée. Tout ce que le texte de Mr Polet réussit à éviter avec talent.
Une lecture de nuit ... qui a enchanté et prolongé mon insomnie tant je n'arrivais pas à refermer ce livre. L'aube est venue et la pluie dehors me rappelait que j'étais bien dans cette Belgique qui ma vu naître. Moi qui ne me suis jamais senti belge ...