Grégoire Polet signe avec
TOUS son huitième roman, publié chez Gallimard. Cet opus se nourrit du mouvement Podemos qui a secoué l'Espagne pour se rêver Utopie, à la sauce dégagiste. Si l'idée d'écrire une fiction politique d'anticipation pour imaginer une autre société est louable, l'ouvrage de Polet manque cruellement de constance pour parvenir à accrocher le lecteur. Chronique.
En s'emparant des tensions politiques et des courants idéologiques qui secouent notre société, Polet rêve d'une VIème république, qui verrait l'union des peuples d'Europe pour asseoir la démocratie participative et en finir avec des politiques trop éloignés de la réalité. L'auteur belge prend pour point de départ les manifestations de la Puerta del Sol à Madrid, qu'il extrapole pour tisser la toile de sa fiction, en esquissant le portrait de trois activistes sympathiques et convaincus.
TOUS est un roman irrégulier, tour à tour pétillant et plein d'espoir, puis ardu, sec comme un tract politique. Ce manque de constance masque pourtant une plume malicieuse, ironique et fluide. On devine chez Polet une sensibilité emprunte de tendresse, mais également un sens de la tournure aiguisé, qui laisse poindre une grande érudition politico-philosophique.
TOUS m'a profondément agacé, parce que son auteur surfe sur une vague dans l'air du temps. Sans rentrer dans un quelconque débat politique, je dirai simplement que, si rêver d'une société différente pour l'avenir est noble et nécessaire, rabâcher des idées qui prônent le
tous-pourris à forte tendance dégagiste me sort des yeux. Polet enracine son récit dans ce sentiment qu'a le peuple de ne plus être représenté par ses élus, et navigue à vue, en surface.
TOUS pêche par son manque de profondeur.
Ce roman décevant l'est encore plus si l'on considère que l'idée de base est prometteuse. Hélas, le sentiment qui reste à la fin, c'est celui d'un texte écrit un peu vite, d'un récit un peu bancal. S'il se veut fédérateur,
TOUS manque son but, et moi, je passe mon chemin.
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