Elles sont dix. Dix femmes choisies pour goûter tous les plats qui seront ensuite servis à Hitler.
Rosa Sauer, alors âgée de 26 ans, est enrôlée de force et devient goûteuse pour Hitler qui craint d'être empoisonné. Sa mère lui disait que « manger, c'était lutter contre la mort ».
A partir de l'automne 1943 jusqu'à la débandade de l'armée allemande, Rosa va travailler pour le Führer retranché dans sa Tanière, son quartier général, en Prusse orientale. Sous la contrainte des SS, elle doit sacrifier sa vie pour celle du dictateur. Car manger peut s'avérer mortel. Une mort sans champ de bataille, sans gloire.
« Une mort de rat, pas de héros. »
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Tirée d'une histoire vraie, celle de Margot Wölk, devenue dans le roman Rosa Sauer, nous partageons son quotidien : ses difficultés à s'intégrer dans le groupe de femmes, la violence tacite, l'angoisse des repas, l'attente oppressante des effets de la nourriture sur l'organisme, la peur des SS.
Les émotions sont très bien rendues. J'ai ressenti de la compassion pour ces femmes désignées d'office, j'ai ressenti aussi leur peur, leurs inquiétudes, leur envie de vivre.
L'atmosphère est pesante, celle des trois repas quotidiens qu'elle prendra dans le réfectoire pendant deux ans. A la fois privilégiée, victime et complice du régime, elle ressent la culpabilité et la honte de manger à sa faim, alors que le reste de la population souffre et meurt de faim.
« Tout ce que j'ai appris, c'est à survivre. »
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Rosella Postorino évoque aussi le fait que tous les allemands n'adhéraient pas aux thèses nazies, et ressentaient de la frayeur vis à vis des SS.
Elle nous interroge sur l'absurdité de la guerre qui sacrifie les gens pour la « bonne cause », sur les remords et la honte de vivre au détriment des autres.
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Le livre a des qualités. Pourtant, je suis déçue.
Le titre laissait présager plus de matière quant au contenu historique. Je m'attendais à plus de richesse, plus de détails historiques.
J'aurais aimé plus de précisions sur le quartier général du Führer, sur l'attentat auquel il a échappé, sur le quotidien des femmes allemandes pendant que leur mari était au front ou prisonnier en Russie, …
Cette histoire est trop romancée à mon goût. Son histoire d'amour avec un SS ne m'a pas convaincue.
De même, Rosa Sauer a un caractère bien trop trempé dans ce contexte, passant de la soumission à l'effronterie face à cet homme.
La note à la fin du roman précise que
Rosella Postorino n'a jamais rencontré Margot Wölk, et que ce roman n'est qu'une fiction. Je comprends mieux pourquoi ce roman m'a paru « léger ». Je suis donc un peu déçue de ma lecture quant au contenu historique, même si la lecture est agréable. Bien sûr, ce n'est que mon avis, et cela n'engage que moi.