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sur 2182 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Parmi les hantises récurrentes d'Hitler, il y avait la peur d'être empoisonné. Aussi, une dizaine de "goûteuses" étaient à son service, testant tous les plats, tous les ingrédients qui passaient par sa cuisine.
Ces femmes, enrôlées de force, avaient le devoir de manger, que cela leur plaise ou non. le Führer s'attablait une heure plus tard... s'il n'était rien arrivé à ses goûteuses. Celles-ci servaient littéralement de cobayes, et devaient être prêtes à mourir empoisonnées à tout instant pour préserver celui qui ravageait le monde.
Qu'une nation soit prête à sacrifier ainsi des êtres humains, qui plus est appartenant à son propre peuple, est très révélateur de l'endoctrinement massif qui avait cours à cette époque : rien n'était trop beau pour le Führer, tout lui était dû, y compris des vies humaines.
D'un côté, on pourrait se dire qu'elles en ont de la chance ces goûteuses : en ces temps de privations, elles sont royalement nourries. Mais elles paient très cher cet "avantage".
Par l'angoisse d'abord. Une angoisse permanente : celle de mourir empoisonnées. En effet, si quelqu'un s'était avisé d'introduire une quelconque substance nocive dans la nourriture du Führer, c'est elles qui auraient servi de fusibles, c'est elles qui auraient sauté, sauvegardant la vie du chancelier.
Les goûteuses mangent ainsi tous les jours à leur faim, mais la boule au ventre. Rosella Postorino nous fait très bien comprendre et ressentir leur angoisse permanente. Curieuse situation, alors que tant de monde meurt de faim, que d'avoir peur de mourir parce que l'on a mangé !
Ensuite, confinées chaque jour de longues heures dans la "Wolfsschanze", le quartier général d'Hitler en Prusse-Orientale, elles sont condamnées à vivre avec des compagnes d'infortune qu'elles n'ont pas choisies, sous la surveillance de soldats peu empathiques et pour beaucoup d'entre eux, très brutaux.
J'ai trouvé ce livre très intéressant, car il m'a fait découvrir un épisode de la seconde guerre mondiale que je ne connaissais pas du tout.
Le personnage principal est inspiré de Margot Wölk, qui a vécu deux ans au service (forcé) d'Hitler, deux ans pendant lesquels pour elle et ses compagnes, manger pouvait entraîner la mort.
Les deux premières parties du livre m'ont vraiment plu, Rosella Postorino ayant su habilement mêler la petite histoire et la grande.
Avec la troisième partie, en revanche, je suis restée sur ma faim. Je l'ai trouvée bien trop courte, et cette fin expéditive m'a laissé un goût d'inachevé. Beaucoup de blancs restent dans l'histoire de Rosa, et j'aurais aimé en savoir davantage. Mais malgré cette déception finale, La goûteuse d'Hitler est un roman très intéressant par son sujet et très agréable à lire parce que très humain.
Un grand merci à Babelio pour cette Masse critique privilégiée et aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ces épreuves non corrigées.
Pour ceux que ça intéresse, une courte vidéo présentant Margot Völk :
https://video-streaming.orange.fr/actu-politique/margot-woelk-95-ans-gouteuse-de-hitler-raconte-CNT0000019cyuA.html
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Nous sommes en automne 1943, et Rosa Sauer vient d'être "recrutée", un peu de force quand même, pour un travail bien particulier : elle va être payée, et relativement grassement d'ailleurs, pour manger trois fois par jour des mets raffinés, dont la plupart sont introuvables en ces temps de rationnement. Un job de rêve, n'est-ce pas ? Mais il y a quand même un tout petit hic, c'est qu'à chaque bouchée elle risque de mourir dans d'horribles souffrances. Voilà qui fait déjà moins rêver n'est-ce pas ! C'est que cette nourriture qu'elle ingère en compagnie de neuf autres jeunes femmes est préparée tout spécialement pour le petit moustachu qui met l'Europe à feu et à sang et dont l'un des hobbies est d'éradiquer tous les êtres humains qui ne correspondent pas à son idéal aryen (il aurait dû se regarder dans une glace à mon avis...).

L'histoire est centrée sur Rosa, "la Berlinoise" qui fait un peu tache dans ce groupe de femmes dont la plupart viennent du village voisin, Gross-Partsch. Elle y vivait également depuis peu chez ses beaux-parents, son mari étant comme beaucoup d'autres hommes parti au front. Plus rien ne la retenait à Berlin, elle y a tout perdu, sa mère, son appartement, et c'est ainsi qu'elle se retrouve avec la jeune Leni, la mystérieuse Elfriede, les "enragées" Gertrude, Sabine et Theodora totalement acquises à la cause nazie, ou encore Beate, Ulla et les autres. Ces jeunes femmes vont nouer des liens selon leur sensiblité politique, leurs affinités ou parfois les circonstances.

Je précise que même s'il s'agit d'un roman, et donc d'une fiction, les goûteuses d'Hitler ont réellement existé (il était connu pour sa parano notamment envers les risques d'empoisonnement), le personnages de Rosa est librement inspiré de Margot Wölk, hélas décédée alors que l'auteure souhaitait la rencontrer pour peaufiner certains détails de son récit. Et de nombreux évènement relatés sont réels, notamment la tentative d'attentat à la Wolfsschantze (la tanière du Loup, en l'occurrence celle du chancelier).

Je sais que certain(e) ami(e)s sont gêné(e)s par le mélange fiction-réel, ce n'est pas mon cas, et je pense qu'ici il est relativement aisé de faire la part des choses. Tout ce qui concerne l'histoire personnelle des filles relève de l'imagination de l'auteure, le reste : lieux, évènements et personnages historiques, modalités des repas est au plus proche de la réalité. J'ai certes mis un peu de temps à venir au bout des 380 pages, mais ce ne sont ni l'écriture ni l'histoire qui sont en cause, simplement mon état de fatigue qui a fait que je ne parvenais pas à lire plus de quelques chapitres par jour.

Mon bémol : l'histoire d'amour entre Rosa et un officier nazi alors que son mari est porté disparu, je n'ai pas trop aimé la façon dont elle n'assume pas cette liaison. Et un autre détail concernant une des filles m'a également paru étrange, mais je n'en dirai pas plus. Un petit bémol, parce que sinon j'ai trouvé la psychologie des personnages assez fine, leurs angoisses et leurs émotions sont bien rendues. Quelques scènes sont assez dures , notamment au début quand Rosa perd sa mère lors d'un bombardement, mais rien d'insupportable quand même. Un roman intéressant par rapport à des femmes dont le rôle est assez méconnu jusqu'à maintenant et que Rosella Postorino a mises à l'honneur.

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« Hitler me nourrissait et, cette nourriture pouvait me tuer. »

Cette petite phrase recèle toute la cruauté dont pouvait faire preuve le régime nazi.
Rosa, berlinoise pure race est désignée pour gouter les repas de ce nabot exterminateur qui, d'être empoisonné a peur.
Quel privilège quand on n'a guère le choix ! Quel hommage lorsque le traitement est similaire à des otages.
Pourtant, être gouteuse, n'est qu'un détail de l'histoire de la vie de Rosa, le roman de Rosella Postorino est bien plus profond et dissimule de grandes émotions telles que la capacité d'adaptation en milieu inamical, la jalousie perfide des étrangers à son creuset, la culpabilité de ses actes ainsi que la dispersion de ses proches et la perte de ses repères et de ses valeurs.
Comment Rosa doit-elle se conduire, reléguée seule chez ses beaux-parents en Prusse orientale, son mari envoyé par Hitler faire le gugusse en vert-de-gris sur le front russe ?
Comment faire face à la pression qu'imprime l'impénétrable Obersturmführer Ziegler muté de Dachau pour surveiller les dix savoureuses et dissemblables goûteuses ?
Doit-elle se rebeller ou plier, négocier ou se détacher de toutes atteintes, de toutes étreintes.

« La capacité d'adaptation est la principale ressource des êtres humains, mais plus je m'adaptais et moins je me sentais humaine. »

Fin 1944…Rosa n'a plus pour se raccrocher à la vie que la poignée de sa valise.

Ce roman bien qu'il soit parfaitement écrit avec des situations bien restituées ne m'a pas totalement embarqué. Les péripéties sont malheureusement trop courantes et sans surprises dans ce genre de récit : trahisons, délations, brutalités, accompagnent si souvent les bruits de bottes cadencés au pas de l'oie, avec foi, sans aucune loi.

Et puis, il y a la fin, cette fin sublime que l'on n'attend pas, ces trente dernières pages comme une confession qui solde le vécu et le reste à vivre où tout s'éclaire quand il n'y a plus que très peu à regarder mais qui donne du sens et de la cohérence aux souffrances endurées aux parcours escarpés où chaque fois que l'on est tombé, on s'est relevé, excepté l'ultime fois.

« Tout ce que j'ai appris dans la vie, c'est à survivre. »

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Etre payée pour manger trois repas par jour alors que le reste du pays a faim, ça peut sembler une aubaine, si ce n'est que Rosa, comme ses neuf camarades, n'avait rien demandé.
Ce « travail » leur a été assigné d'office, avec la possibilité de mourir empoisonnée à chaque bouchée.
Rosa a en effet été choisie pour être une des goûteuses d'Hitler.
Bien que d'une qualité d'écriture plutôt simple, j'ai beaucoup aimé ce roman qui nous montre le quotidien des civils allemands pendant la guerre, dont ceux qui ne soutenaient pas le régime nazi mais n'avaient d'autres choix que de s'y plier ou de mourir.
J'ai trouvé judicieux de montrer les liens qui se créent entre les goûteuses, ces femmes recrutées de force, et n'ayant rien en commun au départ.
Ce pan d'histoire m'a beaucoup intéressé, l'accent étant mis sur la survie de chacun au quotidien et non sur les batailles ou la vie d'Hitler.
Un très beau portrait de femme, embarquée de force dans la tourmente de l'Histoire.


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Passionnée de littérature ayant trait à la Seconde Guerre mondiale, avec la goûteuse d'Hitler j'ai découvert encore une petite histoire, pas uniquement celle surexploitée du chancelier nazi, mais celle du petit peuple, des gens ordinaires qui se sont retrouvés pris au piège de leur propre vie.

Beaucoup d'allemands ont eux aussi vécu la peur au ventre, obligés d'obéir à des ordres imposés par la terreur, pour avoir la vie sauve.

Débarquer dans la Tanière du loup et servir d'agneau pour tester ce que le Führer a le droit d'ingurgiter, se placer sur l'autel du sacrifice pendant des mois, en sachant que sa vie n'a que la valeur d'épargner celle du maître, tissera des liens particuliers entre des femmes qui partageront tous les jours dans une ambiance toxique et corrosive, leurs peines, leurs peurs et leurs espoirs malgré leurs différences et leurs convictions politiques.

Les goûteuses devaient accepter l'idée de mourir pour sauver la vie d'un oppresseur qui régnait par la terreur, chaque bouchée pourrait être la dernière. Elles vivaient à quelques pas d'un homme qui craignait d'être empoisonné sans l'avoir jamais aperçu, le protégeant, lui servant de bouclier malgré elles.

Intéressant, inédit, émouvant et très maîtrisé, Rosella Postorino en s'inspirant de la vie d'une vraie goûteuse d'Hitler, réalise un énorme travail de journaliste et d'archiviste, récoltant des informations inédites.
Elle écrit comme un acte de résistance, pour se souvenir de ces femmes, afin de les maintenir vivantes quelque part au fond de nos tripes.

Une fois le poison de la honte, de la peur et du désespoir instillé dans leurs veines, certaines ne parviendront jamais à retrouver l'antidote, la dose ayant été certainement psychologiquement létale.

Plongée dans les flux chaotiques du subconscient de Rosella Postorino et emportée par le style percutant de ce roman troublant, j'ai aussi du mal à me remettre.

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«  Tout ce que j'ai appris dans la vie , c'est à survivre . »
«  Ici on exécute ——la volonté du Führer , c'est à dire ——la volonté divine . »

Voici deux extraits significatifs de ce roman historique intéressant , prenant, saisissant , sauf la fin un peu surréaliste lu avec passion dont je ne ferai pas un long commentaire : Tout a été dit déjà ...

Je ne voulais pas le lire, me méfiant des excès de publicité mais on me l'a prêté ....

Recrutées de force, confinées et surveillées de longues heures dans une caserne dans le Wolfsschanze, quartier général d'Hitler en Prusse Orientale,——Rosa, auprès de compagnes d'infortune non choisies bien sûr , Leni, Heike, ELfriede , Herta et autres——qui vit avec ses beaux - parents , son mari soldat étant porté disparu ——mange sur commande, que cela lui plaise ou non .
Elle doit tout avaler , défier l'angoisse du poison et de la mort , la peur au ventre contenir ses nausées....risquant le pire à chaque bouchée ...

Ces « Goûteuses », surveillées « comme le lait sur le feu »par des soldats froids et indifférents, cyniques et brutaux , exécutent la volonté du Führer et sa paranoïa : Il craignait d'être empoisonné, hanté par cette idée ....

Bien sûr on partage le rituel des repas, l'angoisse quotidienne des goûteuses lors de courts chapitres bien agencés .
C'est un roman émouvant , intelligent et efficace qui dévoile un pan de la guerre dans une Allemagne dévastée par la guerre , en 1943 où tout a basculé ..

Bientôt les choses tourneront mal après, l'attentat : ce sera la déroute.
Hitler sombrera dans sa folie destructrice ...il perdra un demi- million d'hommes...

Un récit bien écrit où domine l'état d'esprit de Rosa , plus que l'amitié , l'amour et la solidarité féminine , les coups bas, l'angoisse , la peur atroce ....
Les QUESTIONS qu'elle se pose sur sa part de responsabilité, sa culpabilité ,les remords gravés dans son coeur et le silence ABYSSAL après la fin de la guerre ....

Vouloir Survivre et accepter l'idée de mourir à tout moment ....
Désirer rester humain malgré l'ambiguïté des relations nouées .
Un récit inspiré de l'histoire vraie de Margot Wölk .
QUI noue la gorge tant l'horreur de ces situations nous transporte du premier au presque dernier chapitre .....
Merci à Reine pour le prêt !


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Une dernière bouchée, et si elle était empoisonnée?
*
Quelle belle découverte que ce récit intimiste d'une des "goûteuses" d'Hitler. Je n'avais jamais entendu parler de ces personnes de l'ombre qui ont pourvu au confort/paranoia du dictateur. L'auteure italienne s'est inspirée de la dernière femme Margot Volk, (décédée en 2014), gouteuse de son état malgré elle. Une bien étrange fonction au coeur de la période nazie 1943/1945.
*
Un roman passionnant, intrigant mais aussi bouleversant sur cette période tant honnie. Cette fois-ci, au lieu de se trouver du coté des Alliés, l'auteure met les Allemands civils en lumière.
En Prusse orientale, plus précisément dans une caserne près de la Tanière du Loup (demeure d'Hitler), un groupe de dix femmes sont payées pour tester les mets raffinés du Chancelier. Sous la bonne garde des SS, ces allemandes, dont Rosa Sauer la narratrice, attendront une heure de digestion avant de pouvoir repartir chez elles. Pour revenir au prochain repas....
Rosa la berlinoise raconte ainsi son quotidien, son amitié qu'elle porte à Elfriede la mystérieuse, les vols de nourriture, l'angoisse de toujours mourir empoisonné à tout instant, la cohabitation avec ses beaux-parents, et l'amour...
Un amour interdit et caché avec un lieutenant. Mais le corps de Rosa a besoin d'être touché et désiré. C'est mal, elle le sait, cette "presque-veuve" d'un mari parti sur le Front russe.
Elle revient également ainsi sur les années avant-guerre avec grande pudeur et discernement.
La fin est assez abrupte dans sa narration. Une conclusion hâtive qui n'explique pas sa rentrée sur Berlin à la fin de la guerre. Un peu déçue ..
*
A travers la voix de Rosa, on perçoit la peur omniprésente de ces Allemands non-nazis et leurs doutes d'avoir voté pour cet état totalitaire.
Une écriture tendre , un brin cynique dans ce climat morbide et terrible.
Un éclairage original et différent de ce qu'on a pu lire par ailleurs sur cette période d'Histoire troublée. Durant ces pages, j'ai accompagné Rosa et ressenti un peu de ses tourments.
Une vraie délicatesse dans ce monde de brutes....
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Rosa a fui Berlin pour rejoindre le village de ses beaux parents en Prusse orientale. Son mari est partie sur le front de l'Est et Hitler a établi son camp de base proche de chez Rosa. Il engage une quinzaine de gouteuses , mû par sa schizophrénie.

Beau roman , s'appuyant sur des faits historiques puisque c'est la vie de Margot Wölk qui nous est racontée ici.
Les détails historiques fourmillent même si forcément quelques libertés doivent trainer.
Le personnage de Rosa peut dérouter et j'avoue qu'il m'a un peu perdu au milieu du roman , avant une troisième partie après guerre, pour moi fort réussie , touchante , marquée par des destins de personnages bousillés par des fadas comme Hitler.

Rosa donc , mais il n'y a pas qu'elle. Son mari Gregor est omniprésent , à travers ses parents , les pensées de l'héroïne et...chut !.
Les "collègues" de Rosa sont attachantes, aussi humaines que les SS sont féroces, lobotomisés par une idéologie ne laissant d'humain qu'une caresse à un clébard.
On éprouve de l'empathie pour ces filles , pour Gregor , ses parents , victimes invisibles de la guerre, même quand on est dans le camp des tyrans.
Beaucoup d'enthousiasme donc malgré quelques longueurs et une ambiguïté qui m' a dérangé.
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Je referme à l instant ce livre, un peu sonnée, presque perplexe...

On plonge dans le quotidien de Rosa, une berlinoise, en temps de guerre. Elle vit chez les parents de son mari parti à la guerre et est sélectionnée pour faire partie des goûteuses, des femmes qui vont manger les plats d Hitler, comme des cobayes afin de vérifier qu ils ne sont pas empoisonnés. Chaque bouchée est un stress insoutenable, qu elles endurent tous les jours.

Au départ, j ai eu beaucoup de mal avec le personnage de Rosa. Je l ai trouvée antipathique, froide, et peu humaine. Par exemple, lorsqu elle liste ses fautes depuis l enfance et annonce qu elle mordait son frère, à l époque un nourrisson, dans le but de le réveiller. Je ne l ai jamais sentie sincère, dans aucune de ses actions.

Ensuite, je me suis sentie mal à l aise dans la salle de réfectoire où les goûteuses étaient désagréables, hautaines, très peu soudées.

J ai seulement commencé à accrocher au livre à la centième page, quand le personnage du SS Albert entre en scène. En soi, j aime beaucoup les histoires d amour paradoxales, passionnées, destructrices, malsaine sur fond de romantisme exacerbé. Je n étais donc pas particulièrement choquée, agacée ou mal à l aise par la relation que Rosa entame avec Albert. En revanche, l histoire n a jamais décollé. On a l impression qu en définitive, elle n était pas si consentante que cela, et lui, n était pas amoureux. Leur union n a lieu que dans la grange des beaux parents, Rosa ayant entendu que son mari a disparu, où ils font l amour et discutent. Mais en fait, le SS aura très peu d attentions pour elle, de tendresse et à peine une once d amour. Pas d histoire d amour héroïque à mon sens, pas d envolée lyrique, seulement un rapport de force entre un homme puissant et une femme paumée, qui a vendu son âme au diable depuis longtemps. Pour le coup, j ai été vraiment déçue. Ce n était pas beau, ce n était pas véritablement du désir, cela restait abject et empreint d une certaine culpabilité.

En revanche, j ai découvert le fanatisme de certains allemands pour Hitler. J en avais entendu parler mais là on était plongés dans leur quotidien, et il était vraiment adulé. On en parlait presque comme un sauveur. Je n avais jamais eu que le son de cloches des victimes de ce dictateur, mais jamais je ne m étais penchée sur ceux qui l aimaient, qui voyaient en lui un être brillant qui allait sauver la nation. Je m étais voilé la face jusque là me disant que seuls les soldats qui combattaient pour lui, lui voyaient une adoration détestable. Mais on comprend que beaucoup d allemands, même pris entre deux feux, même dégoutés par le sort d autres humains, le veneraient presque.

J ai finalement aimé les liens qui ont commencé à se lier au sein du groupe de goûteuses, j ai découvert pas mal de choses sur la guerre et sur Hitler.

J ai eu cependant pas mal de mal à adhérer au style d écriture (peut être la traduction ?) ou parfois certaines phrases semblaient interrompues, ou trop longues, avec des ponctuations dérangeantes.

En conclusion, c est un roman que j ai failli arrêter et pour lequel je n aurais mis qu'une étoile. Je suis contente de m'être accrochée et d avoir lu un livre dont tout le monde a parlé durant longtemps et pour lequel j ai vu des avis totalement différents défiler. J avais pensé découvrir une histoire d amour, mais que le lecteur soit averti : il ne s agit pas de cela et cette histoire n a pas une importance colossale dans le roman. Je pense que si l on en parle autant, c est davantage pour le côté immoral de l acte : coucher avec un nazi, dans la grange de ses beaux parents, en temps de guerre.
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Après Élise de Marcel Sel, ce livre est le second que je lis et qui est inspiré de l'histoire vraie de Margot Wolk, qui fut goûteuse d'Hitler.
Même si l'on y trouve des points communs, tels cette utilisation de goûteuses devant manger les plats préparés pour Hitler afin de s'assurer qu'ils ne soient pas empoisonnés, ou l'apparition dans le récit de la Baronne von Mildernhagen et du Comte von Stauffenberg, auteur de la tentative d'assassinat d'Hitler, la trame en est toutefois radicalement différente, elle serre de plus près la réalité historique, ici Rosa Sauer est Margot Wolk.
Les événements relatifs au bombardement de Berlin, la vie chez ses beaux-parents alors que son mari est au front russe, puis porté disparu et réapparaissant plus tard sont véridiques. Pas de mention par contre des viols subis par ces femmes par les soldats soviétiques.

Il m'est difficile de déterminer lequel de ces deux romans a ma préférence, tous deux m'ont intéressé.

J'ai aimé l'histoire de Rosa, ses sentiments, peurs, sa liaison cachée.
Je l'ai lu d'un trait et suis sorti ravi de ma lecture.
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