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Citations sur Pourquoi les oiseaux meurent (24)

Il déployait autant de grandiloquence à se reprocher ces années qu'il en avait sans doute mis à les vivre.
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Je me suis redressé et j’ai regardé au-delà du champ de corneilles crevées. J’ai vu une aigrette blanche, haut perchée sur ses longues pattes, maladroite, mais belle, qui arpentait la plage à la frontière de la mer. De loin, on aurait dit qu’elle comptait les oiseaux morts, ou qu’elle les veillait, ou peut-être qu’elle se préparait, debout et ridicule, à affronter les ennemis de ses prochains duels.
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Jusqu’à présent, assez peu d’oiseaux étaient visibles sur le fleuve et aux alentours. Quelques mouettes parfois, des poules d’eau près des rives. En même temps, je ne savais pas quelles étaient les habitudes des diverses espèces, leurs saisons de prédilection ni leurs zones de nidification. Je faisais face à mes propres limites : mes notions d’ornithologie étaient minces, et mon instinct pouvait aussi me tromper. J’étais un peu comme un lecteur capable de ne décrypter qu’une infime partie des caractères, et encore bien maladroitement, obligé d’inventer des explications, d’intuiter des réponses, sans trop savoir les limites entre le fantasque et le fantastique. J’espérais que les vapeurs de la Seine feraient de moi une Pythie clairvoyante, un prophète crédible pour interpréter les augures et distinguer les présages des cieux.
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J’espérais faire de ma fuite une expédition et je commençais à prendre plaisir à ce tourniquet, voilà ce qui avait changé. La plupart du temps, j’ai cette impression persistante que le réel me résiste : les objets, ma volonté, les êtres humains, tous se liguent contre moi pour m’empêcher. Dans ces cas-là, seuls l’anecdotique, le faux pas, l’insensé minuscule me sauvent. Il suffit d’une faute de frappe du réel pour me sentir comme vengé : mon regard peut à nouveau se poser avec amour sur ce monde, non parce qu’il deviendrait tout d’un coup aimable, mais parce qu’il confirme qu’il est absurde.
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Souvent il est préférable que l'anecdotique submerge la vie alentour.
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la plupart des choses nous échappent et il nous reste à rire de nos mauvaises interprétations
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Il fallait me guérir de la dispersion pour disperser la dépression pensait-elle (sans me le dire), ou l'inverse peut-être, remélanger les lettres plongées dans le sac de sable existentiel
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« Je lui avais dit : »Rien ne tombe sur rien par hasard. J’ai l’impression que les oiseaux se sont écrasés sur moi, sur mon village, sur mon enfance, ou peut-être sur tout autre chose. Sur nous. Sur notre obsession pour les chutes. Les journaux nous épuisent avec la crise, avec leur « sentiment collectif d’écroulement ». C’est devenu une deuxième peau, la crise. »
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Je me débattais avec mon angoisse démesurée (...) et avec d'autres questions encore, des peurs d'inexistence, le sentiment de piétiner, mais aussi l'espoir mal formulé qu'un jour l'aventure commencerait peut-être.
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« À l’âge de onze ans, j’avais ramassé un petit pigeon blessé dans le jardin de ma grand-mère. Il avait une aile cassée, et à la fin des vacances, on ne savait pas s’il s’en sortirait. Ma grand-mère en prenait soin en mon absence. Elle m’envoyait de ses nouvelles par lettre. Je suis retombé longtemps après sur une de ses cartes postales, qui disait seulement : bravo pour les 11 ans de mon petit-fils. Tous mes souhaits les meilleurs et tous mes vœux. Je t’embrasse très fort. PS : Le pigeon va très bien. La phrase : « Le pigeon va très bien » m’avait accompagné longtemps, comme un message codé, et j’imagine sans m’en souvenir précisément la joie enfantine que j’avais pu ressentir en la lisant la première fois le jour de mon anniversaire. Ce post-scriptum retrouvé, trace écrite de la douceur de ma grand-mère, m’émouvait encore. Même si autour de moi les oiseaux tombaient par centaines, même si la logique aviaire débloquait pas mal, je pouvais me rassurer en me répétant cette phrase, pure et simple comme une leçon de langue étrangère niveau grand débutant : « Le pigeon va très bien. Le pigeon va très bien. »
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