Citations sur La Dame de pique - Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine.. (59)
En plus des récits dont vous avez bien voulu faire mention dans votre lettre, Ivan Pétrovitch a laissé une quantité de manuscrits dont vous trouveriez chez moi une bonne partie; le reste fut employé par sa ménagère pour divers besoins domestiques : ainsi, l'hiver dernier, toutes les fenêtres de sa maison furent calfeutrées avec la première partie d'un roman inachevé.
Les proverbes sont particulièrement utiles dans les cas où, de nous-mêmes, nous ne trouvons pas grand-chose pour nous justifier.
La vieille comtesse était dans sa chambre de toilette, assise devant un miroir. Trois suivantes l'entouraient. L'une tenait un pot de rouge, l'autre une boîte d'épingles à cheveux, la troisième un haut bonnet orné de rubans couleur feu.
La comtesse n'avait plus la moindre prétention à la beauté, la sienne était flétrie depuis longtemps; mais elle conservait toutes les habitudes de la jeunesse.
Одна держала банку румян, другая коробку со шлилъками, третъя высокий черец с лентами огненного цвета.
Графиня хе имела ни малейшего притязания на красоту давно увядшую, но сохраняла все привычки своей молодости.
Des fauteuils aux couleurs passées, des divans dédorés et garnis de coussins montaient la garde, avec une triste symétrie, le long des murs, tendus de tapisseries chinoises.
Personne ne pleurait : les larmes eussent été une "affectation". La défunte était trop vieille pour que son décès pût surprendre quiconque, et ses parents l'avait mentalement enterrée de longue date.
La comtesse ne disait mot. Hermann se jeta à genoux.
- Si jamais votre cœur a connu l'amour, s'il vous reste le moindre souvenir de ses extases, si vous avez souri en entendant les pleurs d'un fils nouveau-né, si quelque chose d'humain a brûlé dans votre poitrine, je vous supplie, madame, je vous conjure par l'amour d'une épouse, d'une amante, d'une mère, de tout ce qu'il y a de plus sacré, de ne pas rejeter ma prière, de me révéler votre secret ! Que vous sert-il ?... Peut-être est-il lié à quelque affreux péché, à une damnation éternelle, à un pacte diabolique... Songez, madame, vous êtes vieille, il ne vous reste plus longtemps à vivre - je suis prêt à prendre votre péché sur mon âme ! Livrez-moi votre secret !... Dites-vous bien que la félicité d'un homme est entre vos mains, que moi-même, mes enfants, mes petits-enfants, nous bénirons tous votre mémoire et vous vénérerons à l'égal d'une sainte...
La veille se taisait toujours. Hermann se releva.
- Vieille sorcière ! proféra-t-il en grinçant des dents. Va, je saurai bien te faire parler !
Hermann frémissait comme un tigre, dans l'attente de l'heure fixée. À dix heures, il était déjà devant la maison de la comtesse. Il faisait un temps affreux. Le vent gémissait ; une neige mouillée tombait à gros flocons ; les réverbères ne jetaient qu'une lueur incertaine ; les rues étaient désertes. Seul, un fiacre passait de temps en temps et le cocher fouettait sa rosse famélique, en quête d'un passant attardé. Couvert de sa seule tunique d'officier, Hermann ne sentait ni le vent, ni la neige.
La comtesse commença à se déshabiller devant la glace. On détacha sa coiffure, ornée de roses ; on ôta sa perruque poudrée de ses cheveux, qu'elle avait blancs et coupés ras. Les épingles pleuvaient dru autour d'elle. Sa robe jaune, lamée d'argent, tomba à ses pieds enflés. Hermann dut assister à tout le hideux mystère de sa toilette. Finalement, la comtesse demeura en peignoir et bonnet de nuit. Dans cet accoutrement, mieux approprié à son âge, elle semblait moins effroyable et repoussante.
Je n'ai pas la possibilité de risquer le nécessaire pour gagner le superflu.