AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,01

sur 168 notes
5
14 avis
4
16 avis
3
8 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je fais une pause dans cette rentrée littéraire 2019 pour m'offrir une séance de rattrapage avec « Champion », que m'a conseillé ma librairie fétiche ICI en la personne de Nina. Dans le mille, Émilie - si tu ‘appelais Émilie. Quel pied ce roman de Maria Pourchet ! Intelligent, drôle, dérangeant : ma sainte trinité de la lectrice comblée. Un roman sur la jeunesse brisée, l'impossibilité du deuil, le désarroi des parents et la folie, comme dernier refuge possible. Fabien est le héros, il n'est pas un adolescent comme les autres : « J'ai lu dans un magazine pour dames que l'odeur de l'enfance, c'était statistiquement la lessive, la confiture et le pain. Moi l'odeur de l'enfance, c'est le fioul. Je ne suis pas un exemple ». On ne saura qu'à la fin du livre pourquoi il s'invente un double, un loup qui mord à sa place, pour supporter le quotidien du pensionnat ou pire, les week-ends en famille. J'ai adoré sa foudroyante lucidité, son regard acéré, ses raccourcis déroutants, cette façon désopilante de mettre en boîte le genre humain. Un hymne à l'enfance écolière, « Les 400 coups », « Les choristes » et « Diabolo menthe » sous l'emprise de la gnôle et ¤££¤12Intelligent11¤££¤ puis la tendresse qui affleure quand il parle de sa grand-mère et de ses manières surannées : « J'ai compris que c'était bien plus grave mais Mamie a dit « invitée à danser » parce qu'elle vient d'un temps où la langue française n'était pas là pour vous agresser. Il y avait déjà la guerre pour ça ». Un roman à tiroirs, qu'on fouille avec bonheur. Dédoublement du personnage, héros qui écrit un journal destiné à la psy et l'auteur qui taquine sa propre prose : « J'ai semé des cailloux sur la route. Non, c'est faux. Mais je ne sais pas comment écrire le sentiment d'abandon ». Et vous, vous l'avez lu ce petit miracle ?
Bilan : 🌹🌹
Commenter  J’apprécie          390
Champion n'est pas le premier livre ayant pour personnage central (et narrateur) un adolescent fracassé, les états d'âme adolescents formant semble-il un vivier inépuisable pour la littérature. Il faut dire que cette étape de la vie est propice aux émotions hors du commun, aux désespoirs comme aux bonheurs les plus excessifs, mais aussi aux actions les plus stupides ou les plus flamboyantes. Fabien, l'ado au coeur de ce livre, ne fait pas exception à la règle puisqu'il raconte sur un cahier à destination d'un médecin les événements qui l'ont conduit à séjourner dans le centre de repos où il est maintenu. Oscillant en permanence entre fantasmes, digressions et aveux brouillés sans cesse remis en question, le récit nous tient en haleine de bout en bout. Fabien est sensible, Fabien est une brute, Fabien est fou, Fabien est brillant, Fabien est seul, Fabien est très entouré.. .bref Fabien joue à entourlouper son lecteur, l'officiel, celui à qui il dédie ses cahiers, comme le caché, nous, le lecteur paumé et naïf, qui nous laissons volontiers mener là où il l'aura décidé. Mais au-delà des circonvolutions du récit, et de la distance qu'il tente d'instaurer par son humour et sa verve, on découvre surtout un être en manque d'amour, dont les blessures sont prêtes à le submerger à tout instant.

Ce très beau texte, bien construit, mérite amplement le détour.
Commenter  J’apprécie          70
Fabien, quinze ans, doit raconter par écrit les événements qui l'ont conduit dans ce centre de repos. tel est le marché passé avec la thérapeute qui s'occupe de cet adolescent à fleur de peau, mal embouché, qui porte sur les autres et surtout sur lui-même un regard acéré.
Très vite, façon Petit Poucet, Fabien laisse à notre disposition des indices pour nous permettre de recomposer ce qu'il nous présente comme son passé, marqué par l'impossibilité d'un deuil et la culpabilité. Masi ce narrateur est-il vraiment fiable vis à vis de ses lecteurs, voire de lui-même ?
Un roman d'une extrême sensibilité, bourré d'un humour vachard, riche en formules percutantes qui vous déchirera le coeur.
Commenter  J’apprécie          60
Maria Pourchet est sociologue de formation. Elle dispense des cours de sociologie de la culture à l'Université de Paris X Nanterre. Elle a enquêté, dans le cadre de ses missions, sur les pratiques de lecture, la prescription littéraire et la promotion du livre. Des enquêtes à l'écriture, il n'y avait qu'un pas que Maria Pourchet n'a pas hésité à franchir à plusieurs reprises. Champion est son troisième roman. Il a été publié chez Gallimard en 2015 et disponible depuis quelques mois en format poche chez Folio, que je remercie chaleureusement au passage.

Adolescent subversif et railleur, Fabien 15 ans, est placé dans un centre de soins pour adolescents. Parce qu'il en a assez de ses mensonges, son psychiatre, semblant croire aux vertus thérapeutiques de l'écriture, lui fournit cahiers et stylos avec pour consigne de raconter ce qui lui est arrivé l'année précédente. Fabien ne pourra quitter cet établissement que s'il raconte les événements qui l'y ont conduit.
Tout commence en février 1992. Fabien raconte donc son quotidien. le pensionnat Notre-Dame de la convention, sa solitude, son insolence, ses heures de colle, ses week-ends de fils unique, sa famille décomposée, son manque d'amour. Tout ce qui le mènera à la délinquance. En moins d'un an, Fabien noircira six carnets.

Champion c'est le portrait d'un adolescent schizophrène par nécessité, en plein trouble, en plein deuil, qui s'invente des vies et des histoires pour survivre à une vérité insupportable. C'est avec verve, ironie et humour que Fabien noircit ses carnets à carreaux. Peu à peu il se révèle, se met à nu tout en veillant à retarder le moment fatidique, celui où enfin on comprendra ce qui a bien pu pousser ce garçon vif d'esprit, intelligent et clairvoyant dans ses retranchements.

Malgré la gravité du sujet, Champion n'est absolument pas un roman sombre. Il est à la fois bouleversant et incisif. Grâce à sa plume élégante et acérée, Maria Pourchet parvient à marier dramaturgie et ironie tout en préservant la sensibilité sincère et désarmante de son personnage principal qui malgré une désinvolture affichée, possède une acuité exceptionnelle pour croquer avec humour le monde qui l'entoure avec une bonne dose d'empathie et d'exaspération mêlées. Champion est un roman décapant dont il serait dommage de se priver.
Lien : https://the-fab-blog.blogspo..
Commenter  J’apprécie          40
« Dans cette histoire, personne n'est là pour plaire, juste se faire comprendre. Il sera question d'effraction, paires de claques, mort naturelle, et si la démonstration l'exige, quelque chose pourrait brûler, on verra. le sujet, c'est Fabien, Fabien c'est moi, et c'est ma mère qui en parle le mieux. Fabien n'est pas un cadeau, n'est pas le centre du monde, pourrait faire des efforts, n'ira pas loin, pourrait se coiffer avec autre chose qu'un râteau, va s'en prendre une, va se retrouver en pension.
A part ça, j'ai quatorze ans. du moins, j'avais »

« Je n'ai rien oublié. Juste les noms, les dates, les gens, mon rôle et l'histoire. Pas grand-chose. »

Fabien a 14 ans et ne pense plus du tout à se flinguer, c'est une tocade qui lui est passée. du coup il bénéficie de certains « privilèges », possède une chambre individuelle dans un collège privé d'une ville du Nord-Est de la France, enfin, jusqu'à l'arrivée d'Etienne, journaliste en herbe, l'oreille collée à sa radio comme une huître à son rocher. Fini de se balader à poil, de pisser dans le lavabo. Et Champion doit céder sa couche.. Champion, c'est un chien, ou un loup, qui n'existe pas, qui prend sacrément d'espace entre Fabien et les autres. Mais quand il s'agit d'aller picoler avec les chevaliers de l'Apocalypse, on ne le voit plus. C'est dommage, il aurait pu tenter de se faire, lui aussi, le buste d'un cerf empaillé. Mais non.
Fabien, il est du genre à se nouer l'estomac le vendredi, genre pas pressé de se retrouver entre un père qui vous regarde droit dans les yeux sans vous voir et une mère occupée à se trouver une raison d'aller se recoucher, entre deux éclats et quelques claques. L'enfance, pour Fabien, c'est l'odeur du fioul, c'est se mettre la tête dans le sac pour vérifier si on pouvait vivre sans air aussi bien que sans amour. C'est con qu'ils aient supprimé les heures de colle les week-end. Mais on va pas demander à M. Poliva de tout payer non plus. Il en fait bien assez pour la communauté.

Fabien a 2000 ans, sait ce qui est beau et ne regrette rien. « je ne regrette jamais rien, parce que c'est toujours pire avant, où que je regarde ». Mais Pierre, lui, dit que Fabien aura 20 ans en l'an 2001. Et l'Amérique, il veut l'avoir et il l'aura. Il adore les cours d'anglais, et la prof surtout, avec son parfum Calèche, et ses tenues sophistiquées. Les autres la voient comme un clown, mais ils n'y connaissent rien. Fabien il aimerait bien pouvoir écrire que les gens sont cons, mais il sait pas s'il a le droit. Cela dit, il n'empêche pas de le penser.
Fabien, ce qu'il sait, il le doit à Amadeus, un vieux crevard puant qui habite à la bibliothèque le jour, et sûrement la nuit aussi.

La psy elle demande à Fabien d'écrire dans des cahiers la raison pour laquelle il est ici, dans cet asile. « centre de repos », pardon. « j'en connais plein, des mots, je fais que ça, en apprendre pour pouvoir m'expliquer le jour venu, mais putain, personne n'a envie de comprendre. Sadiques ». à un moment Fabien se met à vomir, beaucoup, et perd du poids. du coup son journal commence à ressembler à celui d'une gonzesse, sans compter qu'il a « désormais, autant de rapport avec une gonzesse que Francis le Belge avec un communiant. » Mais sûrement moins que Pauline, la fille du directeur du collège, avec Hervé, le surveillant qu'a été renvoyé.

Sa mère dira « Fabien s'en sortira », mais se sortir de où, pour aller où. Non, parce que Fabien, au final, il veut bien qu'on lui dise, où il est, où c'est, chez lui. Pour l'instant, sa vie c'est plutôt un labyrinthe, un dédale dans lequel il s'est perdu et crie, écrit, pour retrouver son chemin, parce que c'est pas sa mère qui l'aidera, « Fabien s'en sortira », et puis elle a des chats à tuer, des siestes à faire, un vase à recoller. Et son père a de la route à faire. « Si j'étais encore un loup, j'irais gueuler dans les bois « où ? où ? où ? » Dommage que Mamie soit plus là, on aurait pu donner un franc à son Saint-Antoine pour gagner du temps.

Et puis, si ça se trouve, Fabien, tout ce qu'il écrit, c'est comme les histoires de Mamie (comme si elle y était) remplies d'Américains vainqueurs, bourrés de paires de collants et de chewing-gums, dont le seul but en France était de faire des cadeaux aux jeunes Françaises, C'est pas tout à fait vrai. C'est la vérité déguisée dont le costume commence à s'user.

Il paraît même qu'on peut vivre avec un secret, que ça met toute une vie à vous tuer, car on s'habitue à tout. Mais c'est vous le docteur, vous savez mieux que moi.. Hein, Champion, c'est vrai ?
Lien : http://www.listesratures.fr/
Commenter  J’apprécie          40
Fabien, quinze ans, suivi dans un centre de soins pour adolescents, doit écrire ses souvenirs dans des carnets. Écrire ses souvenirs devrait l'aider à distinguer la réalité de ce qu'il invente pour se protéger. Mais se protéger de quoi ?

Avant dernière lecture de 2021 et j'ai beaucoup beaucoup aimé. J'avais pourtant un peu peur car, en général, je ne suis pas fan de la narration par un ado à cause du style trop familier.
Ce n'est pas le cas ici, il n'y a aucune vulgarité mais, surtout, le cynisme à toute épreuve de Fabien est souvent très drôle. Il dresse un portrait lucide et acéré des adultes qui l'entourent et des évènements passés et présents. On devine au fil de ses lignes la tragédie vécue et ce que son esprit occulte pour le protéger.

C'était une belle découverte et un très bon moment de lecture.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          32
Quel roman ! Fabien Breckard est attachant, insolent, et terriblement juste.
Ce fut un plaisir sans nom que de se laisser perdre dans cette histoire.
Commenter  J’apprécie          30
Ce roman prend la forme du journal d'un adolescent destiné aux médecins de l'établissement où il est hospitalisé. On explore la psyché d'un adolescent, somme toute assez étrange, sans avoir toutes les clés de lecture. Les milieux scolaires et familiaux sont décrits sans sentimentalisme ce qui rend le personnage principal attachant.
Commenter  J’apprécie          20
Voilà un texte à la fois piquant, savoureux, truculent et plein de chagrin. J'ai vraiment aimé Fabien, qui m'a fait penser à un bon petit diable qu'on a envie de prendre dans ses bras : sensible, intrépide, courageux et très intelligent. Ce livre est une sorte de longue confession que l'adolescent adresse à sa psychiatre depuis son centre de repos, à qui il relate les mésaventures de son année scolaire en pension catholique. Entre les lignes de son récit plein d'esprit, de fantaisies, de confusions et de provocations se dessinent une profonde souffrance et d'insupportables souvenirs qu'il s'est appliqué à verrouiller et à occulter, pour sa survie. En écrivant, il les laisse plus ou moins affleurer, jusqu'à complètement "lâcher les loups".
Je n'en dis pas plus : lisez-le, c'est vif, décapant et bouleversant. « Je me répétais dans le fort intérieur, Fabien s'en sortira. Fabien s'en sortira par où, nom de Dieu ? (...) J'ai semé des cailloux blancs sur la route. Non, c'est faux. Mais je sais pas comment écrire le sentiment d'abandon. »
Commenter  J’apprécie          20

Fabien, nous raconte en plusieurs cahiers comment il en est arrivé à se retrouver dans cette maison de repos, sa psychiatre devra estimer selon ses écrits, s'il peut sortir ou pas?
Complétement emportée dans ce récit, j'ai bien aimé et surtout été amusée par toutes ces bêtises, Fabien est un garçon attachant mais on ressent bien qu'il a un énorme poids sur sa conscience. Il se sent coupable de tout et en devient même parano.
On passe du rire aux larmes assez souvent, ce roman est passionnant et nous fait rentrer dans la tête du jeune garçon.
A vous de découvrir ce que cache Fabien en lisant ce très beau roman, où avec humour, on se prend des émotions à pleines pages.

Lien : https://sabineremy.blogspot...
Commenter  J’apprécie          20





Lecteurs (408) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}