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Critiques filtrées sur 4 étoiles  


Merci à Monsieur Pratx de m'avoir gentiment fait découvrir l'univers de Lilith Hevesi, tout comme je le remercie pour son indulgence, sa compréhension et sa patience...

Rien de tel que le bouche à oreille pour ces auteurs méconnus d'inverser la tendance, encore faut-il, que le lecteur "tiré au sort" émette un avis positif, c'est donc sans complaisance, obséquiosité, hypocrisie et condescendance de ma part que je vais donner mon avis.

Le soir Lilith est un livre qui n'aurait en toute franchise pas trouvé place dans ma bibliothèque, car ni le titre, ni la couverture n'ont éveillé de la curiosité dans mon esprit. Je serais donc, comme tant d'autres, passée à côté d'un livre, d'une histoire envoûtante.

Il m'aura tout de même fallu quelques pages afin de m'acclimater à la structure, car, passer d'un extrait de journal à un scénario à un brouillon de biographie à un scénario à un extrait de journal et ainsi de suite, ça eut perturbé la lectrice lambda que je suis. Cet hétéroclisme un tant soit peu perturbant, a eu pour autre effet, de mettre en exergue le fait que Lilith Hevesi est un personnage insaisissable, trouble, énigmatique..

Il se dégage de cette histoire, de ce livre un sentiment oppressant, de malaise, d'ensorcellement, comme dans ce film japonais "Histoire de fantôme japonais".

L'auteur manipule parfaitement le lecteur, rien ne laisse présager une telle fin. Et pourtant, avec le recul je me rends compte que l'auteur avait semé deci delà quelques présages.

Un livre a l'écriture érudite, pure et poétique à lire de préférence au calme.

Une très agréable surprise que je recommande aux puristes de la langue française.
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Comme une pierre que l'on jette
Dans l'eau vive d'un ruisseau
Et qui laisse derrière elle
Des milliers de ronds dans l'eau
Au vent des quatre saisons
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon coeur.

L'arbre s'en souvient, les cercles de sa mémoire nourrissent les branches et l'arborescence s'ouvre à l'infini, se multiplie, se reproduit en jouant des sacrés tours au temps, l'anachronisme lui fait échec et la danse tourbillonnante entraîne tout dans son passage. Nous, lecteurs, sommes au premier rang.
Les lumières s'éteignent, noir total dans la salle. Un premier carton : "mon âme n'est pas assez vide, il y reste quelque chose de moi".
Chronos, magicien hors pair, tourne en rond et avance en même temps, paradoxalement paradoxal, et il le fait avec brio ! Mais, pas plus, je dirais, que le coup de maître de Philippe Pratx qui, dans un peu plus de 200 pages, nous emmène dans un voyage surréaliste, expressionniste, noir de suspense, tendre de nostalgie, on ne peu plus bavard pour parler des films muets.
La littérature raconte un film muet, avec beaucoup de mots, le film muet n'a besoin que de quelques cartons, la magie des regards, des gestes, des gros plans, des fondus noirs...
L'essence du cinéma est surréaliste et dans son roman polymorphe, Philippe Pratx l'est aussi, et nous entraîne sans aucun effort dans le labyrinthe des souvenirs et de la réalité, dans le réel des apparences, où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, sont perçus sous un autre éclairage, dans une harmonie toute naturelle.
Le suspense fait surface 40 ans après la disparition de Lilith, et la biographie d'Eve Whiteland, son nom de star, se retisse par ce qui reste comme brins, éclats, mémoires, lettres, comme dans un rêve, ou un cauchemar. Une boîte de Pandore s'ouvre, le passé revient et se perd dans le noir...
Le Soir, Lilith, et la nuit tombe pour éclairer cette femme ténébreuse, pas pour la rendre plus claire, cela n'est pas possible, mais pour la rendre encore plus mystérieuse, plus désirante encore, vénéneuse et venimeuse créatrice d'incroyables personnages, insaisissable, fuyante, météore, étoile filante. Lilith, comme Pandore, femme de terre et d'eau, dotée de tous les dons.
Le roman est comme une plongée en apnée dans le monde intérieur de Lilith qui est Ève et pas Ève, qui est l'Ogresse et la Nuit, le noir et l'éclat de la lumière. Biographie du caché, vue de l'intérieur, où toi, biographe et narrateur, t'es faufilé à son insu. Filou !
Lecteur et narrateur se partage la caméra subjective et l'oeil de Keaton pour voir au-delà des apparences, au-delà des brouillons d'une vie, de ses éclats et ses cassures, pour voir ses lumières et ses noirceurs, ses envols et ses effondrements, ses rires et ses pleurs. La caméra voit le comment de la vie d'une star, en ardeur, en mystère, en jeu carnavalesque hollywoodien, masqué et démasqué, en miroirs à la surface de l'eau qui ne rendent que l'opacité de la nuit. En exil d'une folie, les exilés sont en quête éreintante qui les éloigne de ce qu'ils cherchent, le fruit tant convoité. "Partir en quête de soi et de l'absolu c'est les quitter."
Les souvenirs structurent le roman, ils s'amoncellent, se superposent, se télescopent, deviennent incohérents, la dissemblance règne tout en incitant une recherche de cohérence, mais "on ne cherche que ce que l'on croit chercher." Tod Browning nous attire dans Les Cavernes blanches, la réalité est illusoire, la vérité, celle de Lilith est "dans le vertige attirant et tragique de l'art",.. qui survivra à ses ruines.
Une vie qui revient comme un souvenir, une étoile est appelée, elle revient en écho et chute après, chut. "Ceux qui tombent ont des ailes" et reviennent en vol d'oiseau, en mouvement perpétuel.
Le soir, Lilith, une fête, un carnaval, comme une vie antérieure, après, c'est l'exil, loin de ce qu'on cherche. Il y a des "tranches d'humanité à travers chacune de ces Lilith" et ses transformations anamorphiques. "Combien est brouillée la frontière de l'être et du paraître".
Multiple Lilith, sensualité et danger, Mata Hari et l'ensorcelante "vràjitoare" des Carpates, la nuit et ses mystères emportés par le vent.
Toujours cette introspection au-delà des apparences, le cinéma joue le jeu, la littérature aussi, et Lilith est dans le jeu, la vie en est un. Danseuse sacrée devant Shiva, atteinte par le mal.
Ouverture vers l'image somptueuse du Tombeau hindou qui se superpose en transparence.
Images et personnages se métamorphosent et se transforment comme les nuages, sitôt apparues, sitôt disparues, images belles et frustrantes tellement elles sont éphémères, transitoires, rapides et changeantes. Je m'acharne à les poursuivre en envol périlleux.
Philippe Pratx transforme les images des films muets en mots sorciers, comment peut-on faire autrement en littérature ? "Le pouvoir poétique des mots sur les choses, le pouvoir de changer le monde."
Des histoires sans nombre, comme leurs personnages, et si je m'évade de leur emprise ce n'est que pour y revenir aussitôt.
A chaque page, le surréalisme nous salue, malicieux et jongleur en gardant son couvre chef, juste trois lettres qui font toute la différence.
Les contraires et les extrêmes vivent ensemble, à laquelle se fier ? Laquelle est vraie ? Les deux, bien sûr !
Antonin Artaud passe en éclair, une fulgurance, présence assez forte pour décomposer l'espace en désordre, prouvant ainsi la réalité du surréalisme où des bouffons sans visage jouent Triboulet, Chicot, Chaplin et Linden. Pendant ce temps Chirico range ses toiles pour en faire une. le double de chacun de nous.
Un travelling arrière croise un travelling latéral, des plans séquence donnent des champs contrechamps où les visages en gros plan racontent des vies par le charme de leur silence et par le fabuleux et somptueux jeu des mots qui font la littérature.
Fondu noir sur Lilith. "Day for night", La nuit américaine reste suspendue à un filtre.
Carton : "ce vide n'a ni couleur, ni forme, et il fait peur, tellement peur !" "Mon amour ? Mon âme ?"
Au vent des quatre saisons
Tu fais tourner de ton nom
Tous les moulins de mon coeur.

Merci Philippe pour cette belle découverte, Le Soir, Lilith a failli m'avoir, mais je m'y suis tenue.
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Un grand merci à Philippe Pratx, qui m'a permis de découvrir ce premier roman très réussi.

Le Soir, Lilith est un roman que j'ai trouve très visuel. Hommage factice à une actrice créée de toute pièce par l'auteur, le texte est entrecoupé, entre autres, par la correspondance de Lilith Hevesi / Eve Whiteland avec divers proches ainsi que par des extraits de scénarios des films dans lesquels la star a joué.

De ce fait, les scènes du roman de Philippe Pratx ressemblent elles-mêmes à un scénario. On a l'impression d'assiter aux répétitions et au tournage d'un film, de visionner un long métrage dont Lilith Hevesi est la vedette.

Le Soir, Lilith n'est pas pour autant un roman facile. Au contraire, je le qualifierais plutôt d'exigeant. Il faut rentrer dans le récit, accepter de se laisser emmener par l'auteur et le narrateur dans la vie de leur héroïne. Pour suivre les pas de Lilith Hevesi, il est nécessaire de se concentrer et d'avoir du temps devant soi. Pas question de lire ce roman comme on lirait un livre "détente", en parcourant une page par-ci puis trois pages par là. Non seulement cela compliquerait la lecture mais, en plus, ce serait dommage car cela gâcherait le plaisir que l'on peut ressentir en découvrant ce récit.

Car la prose de Philippe Pratx est extrêmement soignée. Chaque mot semble choisi avec soin par l'auteur pour s'insérer dans des phrases fluides et harmonieuses. Grâce à cela, même les passages les plus compliqués se lisent avec plaisir. Et l'on savoure les jolis mots qui composent l'histoire pourtant tragique de Lilith Hevesi jusqu'à la dernière page.

J'ai apprécié chaque instant de ce récit qui est parvenu à me tenir en haleine grâce à certains éléments de suspense très bien dosés par l'auteur. Que viennent faire, dans l'histoire de Lilith Hevesi, une journaliste très étrange et son psy ? Cela ne nous est révélé qu'à la fin.

Le vocabulaire élégant, les descriptions de l'éclat hollywoodien (parfois très éphémère) des années '20, l'impartialité du narrateur (qui écrit la biographie de Lilith) qui n'hésite pas à reconnaître (et dévoiler) les défauts de la star... sont autant de facettes agréables de ce récit. Et que dire du graphisme de la couverture ? Il est parfaitement en phase avec le ton et le sujet du roman.

Je conseille vivement la lecture de ce roman. Il est certes plus ambitieux que certains romans contemporains mais est parfaitement maîtrisé par son auteur.

Le site Internet consacré à Le Soir, Lilith est aussi soigné que le roman et permet de découvrir la biographie de Lilith, des extraits sonores et des affiches. Un bon point de plus pour ce roman hors du commun.
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Voilà bien un ouvrage singulier où les mots chantent par moment. Très littéraire et presque poétique, on pourrait le qualifier de volontairement déstructuré. Constitué d'un mélange éparse d'extraits de récits biographiques, de carnets d'écriture et de passages cinématographiques sur la vie de Lilith, ou Ève Witheland, actrice hongroise qui côtoya les plus grands réalisateurs et acteurs du cinéma muet, et qui disparue un tragique soir de novembre 1924 a l'âge de 27 ans.
Si la première partie est quelques peu déroutante, on est vite pris par l'histoire de fond, celle de notre narrateur visité par une intrigante journaliste bizarrement intéressée, alors qu'il est en pleine élaboration de la biographique de sa feue amante, une quarantaine d'années plus tard.
Au fil des paragraphes se dégage tout l'amour de notre conteur pour sa muse qui s'applique à retranscrit les expressions du son visage ainsi que toutes ses mimiques exacerbées par obligation dans un cinéma de début de siècle aux dialogues cartonnés.
Mais l'intrigue est toute autre, et il faudra attendre les derniers chapitres pour faire le lien entre nos différents personnages ainsi que toute la lumière sur cette histoire. Celle de la vie de cette actrice au multiples facettes et au jeu des plus difficile à cerner.
Merci Philippe PRATX, pour les échanges qui m'ont amenés à lire cet ouvrage
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J'ai pris mon temps pour digérer cette histoire car le premier mot qui me vient à l'esprit pour ce roman c'est : déroutant. Sorte de biographie fantasmée d'une actrice au destin tragique, l'histoire nous entraîne sur les traces de Lilith-Eve, entre rêve et réalité. A travers ses films et les personnages qu'elle a rencontrés, l'auteur trace un portrait contrasté et émouvant de l'actrice. Tantôt silhouette à peine esquissée, tantôt fantôme éthéré qui hante l'histoire de sa propre vie, Lilith s'estompe au fil des pages pour mieux réapparaître au détour du chapitre suivant. le roman alterne filmographie, correspondance, récit et donne au lecteur cette impression d'irréalité envoûtante qui berce la lecture du début à la fin.

J'ai aimé ce roman imprévisible et complètement atypique mais je peux comprendre qu'il déroute certains et qu'il soit difficile de rentrer dans l'histoire. Pour ma part, je me suis laissée bercer par l'écriture poétique du récit, l'atmosphère presque gothique de l'histoire et par l'émotion qui se dégage de l'ensemble du roman.

Si j'ai aimé Lilith, et particulièrement la dualité du personnage avec ce côté attachant et pervers, qui se dévoile au fil des pages, à travers sa part d'ombre et ses failles, j'ai beaucoup moins aimé le narrateur, trop complaisant et partial à mon goût. Son côté amoureux transi m'a souvent énervé et j'aurai aimé plus de recul et un avis plus nuancé de sa part. Même s'il reste conscient des dérives et des errances de Lilith, on le sent prêt à toutes les excuses et à toutes les compromissions. A l'image de ce cinéma muet en noir et blanc, l'auteur joue constamment entre ombre et lumière, entre souvenirs réels et fantasmés et met en scène sa propre perception de Lilith : un personnage sublimé et intemporel.

Je remercie l'auteur pour m'avoir envoyé son roman. Inclassable et poétique sont les deux mots qui me viennent à l'esprit pour décrire le soir, Lilith.
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[...]
L'ambiance est diffuse, elle a la consistance de la brume et tire sur le fantastique, pour le plus grand bonheur de l'amatrice du genre que je suis. L'auteur nous offre une intrigue prenante, mais quelque peu contemplative. Troublante, enrobée de mysticisme, pleine de secrets et de non-dits, elle peut engendrer autant le malaise que l'intérêt le plus profond et l'envie frénétique de tourner les pages. Ici l'histoire est éparse, elle se construit par touches, se délite parfois, elle demande au lecteur de s'immerger en elle.
[...]
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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Un peu déroutée au début par la construction de ce récit-puzzle avec ses différents éléments : brouillons de biographie, lettres, récit de la rencontre avec la journaliste, récit de films... Mais séduite par la musique de la langue, riche et soignée, utilisée par l'auteur. J'ai donc décidé de lâcher prise et de me laisser porter par le texte, truffé de références culturelles pour mon plus grand plaisir.

Mon seul bémol serait dans les titres de chapitres qui, de mon avis, n'apportent rien et sacrifient à une technique littéraire factice dont ce texte n'avait pas besoin.

Car ce livre-là est loin de la littérature Coca-Cola, grand public et vite oubliée. Non, ce livre-là laisse des traces sur son passage, des miettes qui nous font ressouvenir " C'est dans le soir, Lilith que j'ai lu ça !"

Et je ne vous parle pas de la fin, ni du style poétique, parce que j'aimerais que vous le lisiez. C'est une valeur sûre !


En savoir plus sur http://la-clef-des-mots.e-monsite.com/blog/lecture/lecture-en-cours-le-soir-lilith-de-philippe-pratx.html#y7j1GPIBTUlesQ5Z.99
Lien : http://la-clef-des-mots-e.mo..
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Je tiens d'abord à remercier l'auteur de m'avoir proposé son roman et de m'avoir fait confiance.

Au début je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre avec ce roman, et pour cause, il est tout à fait unique ! Nous découvrons petit à petit et par morceaux la vie de Lilith alias Eve Whiteland, star éphémère d'Hollywood qui a fui les paillettes pour retourner en Hongrie.

Ce livre est fait de souvenirs épars du narrateur qui l'a connue jusqu'à la fin de sa vie, de scénarios de films tournés, ou pas, et de découvertes qui vont bouleverser le narrateur. Nous ne savons pas grand chose des personnages et l'auteur prend plaisir à nous balader sur plusieurs pistes pour au final nous surprendre avec un rebondissement inattendu. Je ne vous en dit pas plus pour vous laisser le plaisir de le découvrir par vous-même.

Ce que j'ai le plus aimé dans ce livre est l'ambiance, le puzzle de la vie de Lilith que nous reconstituons, et les références au cinéma qui est mon autre passion. J'avais l'impression de voir ces films, l'époque est très bien retranscrite. le style de l'auteur est sublime, de la poésie !

En bref, l'un de mes gros coups de coeur de cette année, j'ai hâte de lire d'autre livre de cet auteur et vais de ce pas essayé d'en apprendre plus sur celui-ci car j'ai vu qu'un projet musical y était lié. N'hésitez pas à visiter le site qui vous en apprendra plus sur cet univers avec des extraits sonores, un clip ....
Lien : http://lemondedeparaty62.ekl..
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Lilith Havesi (1896-1924) a été le grand amour du narrateur de ce roman. En 1964, il est contacté par une mystérieuse journaliste afin de revenir sur la vie de cette femme hors du commun. Tel est le point de départ de ce roman.
Lilith, ou Eve Whiteland pour le grand public, a été une actrice du cinéma muet à la carrière brève mais éclatante. Après avoir tourné avec Michael Curtiz, Charlie Chaplin ou Victor Sjöström, elle abandonne les plateaux de tournage, mais aussi les États-Unis, pour rejoindre la Hongrie, son pays natal. Elle disparaît là-bas en novembre 1924, à l'âge de 28 ans.
Le Soir, Lilith de Philippe Pratx suit le destin de cette femme mystérieuse et que l'on devine, page après page, gagnée par la folie. le choix de l'auteur est d'avoir monté son oeuvre de fiction comme un puzzle, constituée de fragments de textes épars : récits du narrateur, extraits de carnets intimes, manchettes de journaux, lettres, notices biographiques ou synopsis de scénarios ; des scénarios tous imaginaires car, hormis l'apparition d'artistes tels que Douglas Fairbanks, Rudolf Valentino, Hilda Borgström ou Antonin Artaud, la vie de Lilith et sa carrière sont entièrement fictives.
De cette construction hétéroclite et labyrinthique, l'auteur parvient à faire surgir un fantôme du passé, une femme fascinante mais aussi inquiétante : "Ces pages sont les minutes passées à vouloir faire ressurgir Lilith, une vie, une toute petite vie, une vie sublime." C'est un narrateur passionné et lyrique qui revient et ressasse sur cette femme qu'il a aimée et qu'il aime toujours passionnément. Philippe Pratx a un talent exceptionnel dans cette capacité à offrir des pages oniriques et de grands morceaux de poésie : "Le ciel bientôt s'obscurcit, une chaleur de plomb écrase la forêt et porte à ébullition même la sève primitive des arbres."
Un long et intéressant chapitre sur Erzsébet Bathory, la tueuse en série légendaire aux 650 victimes, ouvre la dernière partie du roman, sans conteste la plus passionnante. À partir de là, Le Soir, Lilith devient un polar au dénouement inattendu et empreint de gothique. Rappelons que "Lilith" – "démon femelle" – serait, d'après la tradition hébraïque, la première femme d'Adam.
Le lecteur peut être dérouté par un tel roman. Il n'en pas moins vrai que l'on peut reconnaître à Philippe Pratx son style exigeant comme son travail de documentation. Car le Soir, Lilith a beau être un beau livre sur le thème de la mémoire, du souvenir et des regrets, il est aussi un magnifique hommage au Hollywood du cinéma muet.
Pour aller plus loin dans la lecture du roman, l'auteur offre un très bon site Internet : http://www.indereunion.net/Lilith. Biographie de Lilith , affiches, montages sonores ou extraits du livre permettent de rendre plus palpable encore l'existence de cette actrice hors du commun – et imaginaire.
Un remarquable travail !
Lien : http://www.bla-bla-blog.com/..
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