L'étrange mort de M. Bertin

Il nous annonce la survenue prochaine du règlement de comptes final.

Le temps de gagner la nécropole, l’orage avait éclaté. Des trombes d’eau s’abattaient sur la ville, des éclairs zébraient le ciel d’encre et de violents coups de tonnerre faisaient trembler la cité. Les branches des chênes alignés le long de Basin Street, torturées par les rafales de vent, se tordaient douloureusement.
Le cimetière, de dimensions modestes et très ancien, était fermé par une enceinte badigeonnée de blanc. De rares allées serpentaient entre les tombes délabrées et serrées les unes contre les autres. Les mausolées en granit flétri voisinaient les monuments de marbre en piteux état : on était là à mille lieues de l’opulence du cimetière Metairie.

Une odeur malsaine d’humidité flotta jusqu’à leurs narines à mesure qu’ils progressaient dans le tunnel qui serpentait sous terre en direction du sud-est. Un énorme rat qui dérivait sur l’eau passa tout près d’eux. Des nuées d’insectes dérangés par le rayon de la torche de Pendergast s’égaillaient de toutes parts. Il y avait aussi sur les murs des mille-pattes au corps poisseux, des punaises d’eau, des uropyges géants dont certains glissaient dans l’eau croupissante sous l’effet de la surprise avant de se débattre dans l’espoir de reprendre appui sur la pierre