Une princesse qui travaille?
Les contes ne cesseront pas de nous étonner.
Il était une fois donc une princesse du nom de Saïane, qui savait dessiner les plus belles robes de princesses qui soient.
Une princesse styliste, voici une idée qui plaira.
Saïane était bien connue pour ses tenues presque trop audacieuses pour la cour du roi son père.
Cela dénote un personnage passionné.
Cette belle artiste à la vie rêvée n'était néanmoins pas modéliste, un rêve imparfait.
La vraie vie vous réclamerait d'être les deux, chers lecteurs, d'imaginer et de créer de toutes pièces.
Et pour combler ce manque, Saïane fit alors appel au jeune Miral qui était lui tailleur.
Miral devint vite le prolongement concret de l'imagination de Saïane, il donnait vie à sa fantaisie.
Nous retrouvons ici le même lien qui peut unir un auteur et un illustrateur, dès la 1ère de couverture, les images colorées et oniriques de
Judith Gueyfier nous captivent, nous passerons un bon moment avec l'histoire.
Les âmes plus romantiques diraient pour faire court que la princesse et le tailleur s'était bien trouvé.
Et
Franck Prévot vous promet de toutes façons de l'amour, en grande enseigne de titre, alors pourquoi ne pas y croire.?
Mais Saïane avait un rêve qui pouvait se porter au delà des talents déja remarquables de Miral.
Non pas que les prétentions d'un roturier ne puissent se placer à la bonne hauteur, non, c'était juste que la princesse avait un vrai coup de coeur pour une histoire légendaire, un conte de princesse qui pouvait classer ses attentes au mariage dans la catégorie des amours imaginaires.
La jeune Saïane avait un rêve cher, les princesses ont des rêves très chers en général, les contes les enveloppent d'un voile de délicatesse qui font oublier l'étiquette du prix aux jeunes lecteurs.
Si la Peau d'âne du Conte de Perrault avait demandé à son père-roi des robes irréalisables -la robe couleur du temps, la robe couleur de lune et la robe couleur de soleil- pour ne pas l'épouser, Saïane était en revanche persuadée que seul un seigneur tailleur, capable de lui concevoir une robe dans du fil de soie de papillon, se montrait le meilleur parti.
La petit sirène voulait des jambes et partir là-bas, la Reine des Neiges ne voulait plus mentir et se trouver libérée, délivrée, Saïane préférait un robe.
L'auteur Franck Prévost ajoute à son histoire un supplément d'âme attachant avec ce jeune tailleur qui se trouve séduit par cette princesse sans jamais l'avoir vu de près.
L'artisan était contraint à porter une cagoule en la présence de la belle enfant ( baisser les yeux et continuer à travailler aurait été pourtant bien plus simple mais beaucoup moins romantique).
Saïane, sans s'en rendre compte, laissera parler l'intuition dans des circonstances à découvrir et tressera le vrai lien qui l'amènera à l'évidence, nous sentirons ce fil de l'amour se tendre petit à petit entre les protagonistes, mettant en concurrence la réalité des sentiments et le fantasme de l'amour.
Saïane partira finalement là-bas, loin du palais, notre petite sirène poursuivra tout de même son mirage dans les déserts et fera l'expérience de la vie hors de l'eau.
Le conte s'avère là-dessus étonnant avec cette quête initiatique pour une héroïne de conte, ce qui est plus courant pour les héros.
Nous pourrons considérer qu'à son retour Saïane aura mûrie, un fait appuyé d'une jolie métaphore, l'héroïne revient nue comme un ver, couverte des restes de sa robe enroulée de fils comme dans un cocon de papillon.
C'est la magie des Contes Merveilleux où tout est possible, où les princesses épousent les roturiers et où la fin des belles histoires se ponctuent par un baiser d'amour sincère.