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Citations sur L'ultime mystère de Paris (17)

Avachi dans un fauteuil dans le jardin, Léonard se livrait au rituel du Partagas. Non pas un de ces barreaux de chaise prétentieux, mais un savoureux Robusto cubain dont la dégustation solitaire exigeait entre cinquante minutes et une heure de quiétude. Le cérémonial s’ouvrit par l’évaluation du moelleux de la cape : Léonard tint le cigare entre le pouce et l’index et lui imprima une série de petites rotations dans un sens puis dans l’autre, tout en humant à froid l’odeur du tabac. L’examen fut concluant. À l’aide d’un petit emporte-pièce, il procéda à la coupe franche et délicate de la tête. L’orifice pratiqué, ni trop large ni trop étriqué, devait permettre l’aspiration de la fumée avec souplesse. Puis vint la phase cruciale : l’allumage. Léonard l’accomplit, en bannissant deux hérésies qui classaient à ses yeux ceux qui y recouraient au rang d’iconoclastes : promener la flamme sous le cigare, ce qui l’asséchait inexorablement, et ficher un fragment d’allumette dans l’extrémité, pour le tenir plus facilement serré entre les dents, ce qui astreignait le fumeur à une grimace ridicule. Lui, il utilisait des allumettes un peu plus longues. Après avoir frotté la pointe de soufre sur le grattoir, il attendit que celui-ci fût entièrement consumé avant de l’approcher du cigare afin de ne pas mêler des arômes parasites à ceux du tabac, puis il porta la flamme sur le pied de façon qu’il s’empourprât en...
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Bien qu’un demi-siècle se soit écoulé depuis lors, ces notes intéressent nombre d’historiens, de politiciens ou de services spéciaux tous azimuts, et d’individus aux motivations plus ou moins avouables.
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Chargé par son Ordre de débusquer de nouvelles recrues, et en accord avec Courtillac père, Garousset avait convaincu Léonard d’entrer en maçonnerie en 1991, dès l’âge de vingt et un ans.
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— Jeune homme, vous tombez à pic ! L’autre jour, quand vous êtes venu, j’ai bien compris que vous ne vous sentiez pas très à l’aise dans cet endroit, au milieu de vos congénères, et que vous étiez là comme un étranger. Pourtant, j’ai remarqué l’attention que vous avez portée à mes propos et je savais que vous reviendriez. Voyez-vous, je ne me suis pas trompé. J’avais mis ce livre de côté, à votre intention. C’est tout ce qu’il me reste ! On peut dire que le thème de ce roman tourne autour de l’absurde et on ne saurait mieux illustrer ces instants, conclut-il en lui tendant un volume de l’édition originale de L’Étranger.
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Plongé dans la tourmente avec ses compatriotes pieds-noirs, le jeune homme avait acclamé le général de Gaulle sur la place du Forum, lorsqu’il avait lancé son « Je vous ai compris ! » depuis le balcon du Gouvernement général d’Alger. Puis, incapable d’accepter que le vent de l’Histoire souffle dans le sens de la décolonisation, Ernest se jeta à corps perdu dans les bras de l’Organisation armée secrète, l’OAS, pour laquelle il exécuta des missions aveugles durant les quinze derniers mois de la présence française en Algérie.
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Tonneliers originaires de Sète chassés de métropole par le phylloxéra, les aïeux d’Ernest Bourbaki émigrèrent en Algérie en 1882, et y firent souche.

Farouche Algérois de Bab-el-Oued, Ernest y fêta ses vingt ans en 1960.

Il vécut sa prime adolescence au sein de la société multiraciale qui coexistait encore en bonne entente à cette période. Lui et ses copains musulmans ou juifs, espagnols, italiens ou maltais, arpentaient les ruelles riantes et bigarrées qui constituaient leur aire de jeu. Avant même qu’il eût quinze ans, ces mêmes ruelles allaient devenir le terrain d’autres jeux, inhumains et cruels.
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Des années plus tard, je reste persuadé que la visite de Melinda n’était pas fortuite, mais qu’elle avait été téléguidée, à son insu en quelque sorte, par Ernest. Une façon subtile pour lui de procéder, afin de reprendre contact avec moi.
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Malgré la différence d’âge flagrante qui le séparait de la jeunette, Umberto Eco continua son aimable marivaudage.

— Fréquentez-vous cette tanière pour les mêmes raisons que moi ?

— C’est la première fois que j’entre ici. Je viens m’enquérir de la valeur de deux livres que je possède, ou plus exactement qui sortent de la bibliothèque de mon père. C’est lui qui m’a donné les coordonnées de cette librairie et qui m’a chargé de cette mission.

La jeune fille me tendit les deux volumes. J’en posai un sur mon bureau et commençai à examiner l’autre. Illico, mon sixième sens m’alerta : je tenais une rareté entre les mains.

— Me permettez-vous de montrer ces livres à M. Eco ? Il est plus savant que moi dans certains domaines pointus de la bibliophilie. Le hasard a de ces espiègleries ! Voilà l’homme de l’art qui tombe à pic !

Umberto me gratifia d’un regard qui semblait signifier : « Tu n’exagères pas un peu ? » Il inspecta minutieusement le premier volume en silence, puis le second, tout aussi longuement, sans un mot. Enfin il s’adressa à moi tout en scrutant la jeune fille.

— À mon avis, c’est du lourd, du très lourd. Et toi Oresté, qu’en penses-tu ?

— L’un est un livre d’alchimie très ancien qui reste à identifier, et l’autre, rédigé en grec ou en araméen, mérite un examen approfondi. Je crois que ces deux ouvrages sont d’une insigne rareté. Ils pourraient même, si Mlle Bourbaki veut bien s’en séparer, devenir deux des fleurons de ta collection, qui en comporte déjà beaucoup, Umberto. J’aurai besoin d’un peu de temps pour m’en assurer. Et si tu me faisais l’amitié de m’aider dans ces recherches ? Enfin, si tu restes suffisamment longtemps à Paris, bien sûr !
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Mais c’est aussi un microcosme où l’on rencontre de moins honorables spécimens : grugeurs, faussaires, receleurs, mystificateurs, voleurs, escrocs…
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Paris, mai 2009



Excepté quelques normaliens de la rue d’Ulm, curieux et captivés par les livres anciens dont je fais étalage à deux pas de leur école, ma clientèle est d’un autre âge et d’une autre époque. Les bibliophiles sont, en majorité, des hommes mûrs dont les us et coutumes surprennent le non-initié. Ils évoluent dans un univers qui s’étire entre le doux dingue et le fou furieux. De fait, ce monde est aussi le mien.

Dans ce métier, je suis une espèce d’homme-orchestre : expert, acheteur, courtier, vendeur, conseiller… Je rencontre et côtoie de singuliers individus de toute espèce. Avant tout, des passionnés pour qui le livre fait l’objet d’un culte. De fabuleux érudits qui vous enivrent avec l’histoire de la typographie ou des signes de ponctuation ; j’en sais d’autres pour qui le livre exerce une fascination irrépressible et qui l’ont hissé sur un piédestal inaccessible ; je connais des fétichistes qui caressent l’ouvrage ayant appartenu à tel ou tel écrivain ; d’autres qui ont frisé la correctionnelle pour obtenir le volume portant une mention manuscrite de leur auteur vénéré sur la page de garde ; certains ont sacrifié leur couple, leurs amis, leur vie de famille et une partie de leur existence pour la quête de ce Graal. Il en est d’exaltants, de captivants, et ô combien émouvants !
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