Pas de doute: le lecteur déguste.
Ma deuxième lecture de Queffelec (Yann), après La menace voici quelques années, me laisse une impression poisseuse et un bouquet de vin menteur.
L'histoire se passe au début des années 70, dans les souvenirs encore présents de l'occupation allemande.
Victime passée et victime future, mère et fille (!!!) sont les deux faces de la sinistre pièce lancée par ce Michel lâche et louchement enrichi. Celui-ci se la joue "affranchi" et lucide, en étant toujours captif d'un passé à demi assumé.
La carte postale est trop chatoyante, comme la côte d'azur que le voyageur regarde de la fenêtre du train. Ce bleu, ces ocres et ces vignes, qui masquent le sordide, les tromperies les magouilles... Et que le vin, si racé soit-il, n'effacera jamais.
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Un lourd secret pèse sur le passé de Bernard Tangor qui n'est peut-être pas l'homme qu'il prétend être, et le lecteur comprend vite que les allégations de Maud, la mère de Muriel qu'il épouse en ce 2 avril 1973, ne sont pas totalement infondées. Un lien fort le lie au nazisme, ses souvenirs sur cette période sombre de sa vie le perturbent régulièrement, mais le lecteur n'ose croire à sa culpabilité réelle dans l'arrestation par les nazis de la grand-mère de son épouse. Muriel découvre rapidement que son mari cache bien des secrets qu'il ne partage pas avec elle. le vigneron talentueux qu'il est l'aide à se perfectionner dans ce domaine si particulier de l'oenologie : tout comme lui, Muriel possède un « nez » remarquable et elle arrive à point nommé car des soucis de santé viennent compliquer sa tâche car il ne doit plus boire une seule goutte de vin.
On ne reste pas indifférent au charme de l'ambigu et inquiétant Bernard Tango aux multiples facettes : mari amoureux, patron quelque peu tyrannique, personnage aux activités troubles pendant la guerre. Roman plutôt sombre et dont l'intérêt est maintenu jusqu'à la dernière page.
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