Au-delà des digues, l’eau, le ciel et la pluie se confondent en une sublime muraille de brume qui repousse dans un autre monde les rivages disparus. L’univers daourneniste se réduit à une grande flaque chargée de barques vaines et où un goéland fané par la pluie dérive lentement.
Qu'est-ce que peut vouloir comme cadeau, par exemple, une veuve Abaléa ? Un beau peigne d'écaille à la manière espagnole ? Mais de quoi elle aurait l'air avec ? Un bouquet de fleurs ? Quelles fleurs ? Des grandes comme dans les églises ou des petites comme dans les champs ? Non, pas de fleurs, une langouste, une grosse, une monstrueuse, dans les cinq six kilos. Oui c'est ça, une fraîche, une vivante, une qui cause quand on la remue, grrriiii, grrriiii, on trouvera bien un camarade pour vous dénicher la bête.
Après la dictée où il est questions de vaches "magnifiques, orgueil du maître, avec leurs larges flancs bruns, beaux et pleins de reflets comme des tapisseries", vient la traite du soir, assurée par Maria, de petites bêtes maigrichonnes et sales.
Le ciel avait viré en une coulée de suie boueuse qui rendait le paysage fantomatique - un cauchemar de bruits et de formes dans une âme souffrante.