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Henri Queffélec, c'est l'assurance de lire un livre sur la Bretagne. Ecrivain régionaliste mais qui a su se faire connaître au-delà de ses étroites frontières, comme le montre ce roman qui a obtenu le Grand Prix du roman de l'Académie Française en 1958. C'était une bonne lecture en perspective donc, un moment simple de détente iodée espérais-je. Mais j'ai été bien déçue. J'ai trouvé une histoire sans intérêt et bien pensante, un style plat qui ne m'a pas emportée, qui ne m'a pas fait me sentir sur le pont d'un bateau ni à la criée de Douarnenez. J'ai même été étonnée par le vocabulaire, ne reconnaissant pas les noms des poissons, ni même celui du type de bateau qu'est le Gamineur, un cordier, alors que je n'ai jamais entendu parler que de palangrier. de même, j'ai été embêtée par la course au tonnage et à la négation de la baisse des ressources halieutiques, qui était pourtant déjà signalée à l'époque, mais peut-être suis-je ici un peu anachronique. Un roman dont ni le fond ni la forme ne m'ont accrochée est pour moi un coup d'épée dans l'eau, et c'est bien le sentiment qu'il m'est resté quand j'ai eu refermé ce livre. ------------ Deuxième note de lecture (juin 2019) ------------ Je pensais, en lisant ce livre, pouvoir réduire d’une unité le nombre de livres qui dorment depuis trop longtemps sur les étagères sans que je les aie jamais ouverts. Mais les premières pages m’ont semblé bien familières, puis il y a eu l’épisode des radis et là, je me suis dit qu’il y avait anguille sous roche (ou julienne au fond de la mer). Je me suis donc aperçue, en venant farfouiller sur ce précieux site qui recense toutes mes lectures depuis bientôt dix ans que j’avais déjà lu ce livre, en 2013, cela ne nous rajeunit pas ma bonne dame… Et ma note de lecture était plutôt acerbe à l’époque. Je crois que je vais être plus clémente aujourd’hui, j’ai été plus sensible aux tiraillements entre la fierté de pêcher, de ramener le plus de poissons possible et les inquiétudes face à la raréfaction des ressources. Il n’est pas facile de changer ses pratiques, de savoir placer sa fierté ailleurs que là où on l’a toujours mise, et où nos pères ont mis la leur avant nous. Par contre, je suis toujours aussi agacée par les tensions conjugales qui font la trame narrative de ce livre. Trop mélodramatique pour moi, tout à fait dispensable. Est-ce un poncif des romans de mer de dépeindre ainsi le brave, fier et valeureux capitaine comme un homme malheureux en amour ? Roger Vercel utilise la même trame dans le célèbre Remorques ou le moins célèbre Jean Villemeur, et cela devient lassant. Certes, c’est un peu l’Albatros de Baudelaire (toutes proportions gardées !), l’intrépide homme de mer que ses ailes de géant empêchent de marcher dès qu’il rejoint le plancher des vaches, mais au bout de quelques livres, cela devient un marronnier, et j’attends mieux d’un roman maritime. + Lire la suite |
Émission complète : http://www.web-tv-culture.com/naissance-d-un-goncourt-de-yann-queffelec-1317.html
Il est né à Paris mais ses racines sont belles et bien bretonnes. Yann Queffelec a toujours revendiqué cet attachement, il l?a prouvé dans plusieurs de ses ouvrages comme son « Dictionnaire amoureux de la Bretagne ». Plus jeune, il se rêvait aventurier sur les mers, prenant la plume au gré de ses escales. Car si la voile était sa passion, l?envie d?écriture était déjà présente, encouragée par une mère aimante et affectueuse. En revanche, côté paternel, ces velléités n?étaient pas bien vues. Pas facile pour le grand romancier de la mer que fut Henri Queffelec, grand prix de l?académie française en 1958 avec son « Royaume sous la mer » d?imaginer son fils marcher dans son sillon. Ce conflit père-fils qui perdura jusqu?à la mort d?Henri Queffelec a profondément marqué son fils Yann qui en a fait un livre « L?homme de ma vie ». Au-delà de ces souvenirs personnels, Yann Queffelec a aussi bien sûr écrit de nombreuses fictions mais toujours les relations familiales et le mal-amour se répondent en écho. Avec près d?une quarantaine d?ouvrages alternant romans, récits, essais ou poésie, le parcours d?auteur de Yann Queffelec est bien sûr marqué par le prix Goncourt, en 1985, avec « Les noces barbares ». Ce titre reste associé à la rencontre entre Yann Queffelec et l?éditrice parisienne Françoise Verny, une rencontre improbable, un soir d?hiver sur le quai d?un port de Bretagne, quand Françoise Verny eut cette phrase à destination du futur romancier « Toi, chéri, t?as une gueule d?écrivain ». On imagine la scène? Avec humour, tendresse et émotion, Yann Queffelec nous raconte les mois qui vont de cette rencontre portuaire inattendue à l?obtention du Goncourt, cette relation quasi filiale entre ce jeune auteur en devenir et cette éditrice, faiseuse de talents, à la personnalité bien trempée. Dans ce livre où le lecteur est pris à témoin par l?auteur, Yann Queffelec se dévoile, avec ses bons et ses mauvais côtés, il nous parle d?une époque peut-être révolue ou auteur et éditeur ne faisaient qu?un et il lève le voile sur le monde secret de l?édition parisienne. Tout cela avec une écriture pleine d?originalité, de sonorité et de poésie. « Naissance d?un Goncourt » de Yann Queffelec est publié chez Calmann-Lévy.