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Acteur, réalisateur, scénariste et…romancier ! le Chilien Boris Quercia a plus d'une corde à son arc et c'est peu de le dire !
Davantage connu pour ses récits policiers — notamment avec grâce à sa trilogie Santiago Quiñones récompensée par le Grand Prix de Littérature policière en 2016, excusez du peu — Boris Quercia nous revient aux éditions Asphalte avec un roman de science-fiction quelque part entre Blade Runner et I,Robot dans un univers dystopique qui fait froid dans le dos.
Les rêves qui nous restent, traduit par la regrettée Isabel Siklodi et par son compagnon Gilles Marie, risque bien de faire parler de lui pour cette rentrée littéraire…

La City et le reste du monde
Dans un futur indéterminé, Natalio, un flic de classe 5 (un « sale clébard » qui fait le sale boulot pour museler les dissidents s'attaquant au pouvoir) se retrouve mêlé à une sombre histoire d'usurpation d'identité au sein d'une des méga-corporations de la City, cette ville gargantuesque où réside l'élite et ceux qui les protègent bien à l'abri de la vieille ville au-dehors et de sa misère.
Durement marqué par les évènements d'Oslo qui ont laissé une trace indélébile dans la société ultra-technologique de la City, Natalio se balade avec un « électroquant », sorte d'androïde de compagnie censé ressembler à son propriétaire et l'aider dans la vie de tous les jours. Un assistant de vie 3.0 en somme qui se met à agir bizarrement alors que Natalio s'enfonce dans les rouages grippés d'une société inégalitaire et devenue dépendante de la technologie. Pendant ce temps, la colère gronde dans la vieille ville et le peuple menace de se soulever une nouvelle fois…
On retrouve dans Les rêves qui nous restent pas mal d'éléments classiques des futurs dystopiques de la science-fiction classique avec un gouvernement totalitaire, l'oppression des clases aisées à l'encontre des travailleurs pauvres et démunis, des méga-corporations toutes puissantes et, bien sûr, un vent de révolte.
Roman social autant que politique, Les rêves qui nous restent vaut d'abord pour sa description tout en nuances de gris d'une société où chacun joue son rôle, où le syndicaliste crache sur le corporatiste mais se satisfait pleinement de la situation, où les forces en présence utilisent l'autre à leur guise pour accaparer le pouvoir. Boris Quercia se révèle particulièrement lucide, ne donne le beau rôle à aucun parti et s'interroge sur l'éternel recommencement de l'oppression, où l'opprimé d'hier devient vite le dictateur de demain.
Pour autant, le roman n'a pas que cette carte à jouer.

Votre santé de demain
Alors que le recueil Demain, la Santé échouait totalement à imaginer une médecine de demain avec des enjeux scientifiques pourtant évidents, Boris Quercia nous livre une vision terrifiante de notre santé à l'ère de la technologie de pointe. Les maladies sont résolues à partir de votre code génétique et les médicaments fabriqués sur mesure par des ordinateurs quantiques ultraperfectionnés. Seulement voilà, qu'arrive-t-il si l'un de ces ordinateurs déraille et transforme une partie de la population en psychopathes paranoïaques ? Boris Quercia parle non seulement de l'évolution de le technologie médicale mais aussi de l'influence des organismes privés sur la prise en charge de malades ordinairement délaissées : les patients psychiatriques. Médecine à deux vitesses, difficulté de vivre près d'un proche qui a perdu les pédales, acceptation sociale de la pathologie psychiatrique, le Chilien surprend et donne ainsi de l'épaisseur à son personnage principal, archétype du flic blasé qui n'a plus foi en rien. Natalio reprend un visage humain à travers ses blessures passées et l'histoire tragique de sa femme, Uma. L'autre élément important de cette société science-fictive, c'est le rôle des automates appelés électroquants, employés à tout va dans le soin de la personne âgé démente victime de la solitude ou des patients psychiatriques lourds mis au ban de la société (un peu dans la même idée que le texte Aujourd'hui je suis Paul de Martin L. Shoemaker). Rapidement, on comprend que le roman n'est qu'un prétexte pour parler des démons intimes de son héros, Natalio, et que l'enquête va rapidement dévier sur l'émergence d'une véritable conscience au sein des machines et son influence sur la société.

La machine consciente
L'électroquant de Natalio va finir par avoir ses propres chapitres et à s'exprimer par lui-même, devenant au fil des pages un individu à part entière par un concours de circonstances influencé directement par l'état social de la City. Même si, en soi, l'émergence d'une conscience chez un être artificiel est un thème archi-rebattu de la science-fiction, Boris Quercia s'en tire plutôt bien en tissant un véritable lien intime et émouvant entre Natalio et son électroquant, assumant le rôle de double artificiel qui subit lui aussi les affres du doute dans une société broyant l'individu et sa capacité à rêver, à espérer.
Plus précisément, c'est notre dépendance à la technologie et son rôle central dans nos sociétés qu'étudie Boris Quercia, comment l'omniprésence de la robotique, du quantique et du reste va finalement devenir un paramètre vital pour la pérennité d'une société humaine.
Comment cette technologie et l'avènement d'une conscience artificielle va-t-elle influer sur les rapports de force sociaux ? Une société meilleure n'est-elle pas une société plus humaine ? Pas forcément pour le Chilien qui semble ici condamner l'attitude humaine bassement égoïste d'un monde où le gratuit devient le cheval de Troie de la manipulation et de l'extorsion, où l'on fuit la réalité au sein d'une société appelée « Rêves Différents » qui vampirise nos rêves pour en faire profiter des ultra-riches obsédés par la vie éternelle et se fichent bien des pauvres compilateurs crevant à l'extérieur dans la misère.
Une société meilleure ne serait-elle pas finalement moins humaine ?
Voilà toute la question posée par ce roman court et addictif qui, s'il ne révolutionne nullement le genre, offre d'intéressantes réflexions sur nos sociétés rongées par le capitalisme et dépendantes d'une technologie de plus en plus envahissante.

Le mélange policier/science-fictif du roman de Boris Quercia ne peut faire oublier le message finalement très actuel et la réflexion sur nos sociétés fracturées entre pauvres et riches où les affrontements semblent souvent bien superficiels politiquement parlant. Les rêves qui nous restent ne se fait aucune illusion sur l'être humain et suit les différentes chutes de Natalio pour mieux se relever dans un monde en pleine mutation, convoquant des larmes dans la pluie et des espoirs fragiles d'un même geste rageur et salvateur.
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🦾Chronique🦾

« J'ai envie de me débrancher comme mon tronquo et de fermer les yeux jusqu'à la fin de l'orage. Jusqu'à la fin de tous les orages. »

Il pleut. Je pourrai fermer les yeux, mais la douleur est là. Peut-être que si j'étais dans la City, ils me soulageraient mais je tiens trop à mes rêves. J'en suis là, au coeur de l'orage, à réfléchir à ce qui fait notre humanité et ce qui nous tient debout, quand d'autres décident un repos artificiel. Je pense à tous ceux qui profitent de la détresse des gens pour s'enrichir et aux pièges ardents de la gratuité. Je doute des avancées technologiques et de l'espoir à venir…
Parce que si j'étais dans la City, il est fort probable que je me verrai aux côtés de la militante Adeline, car il me paraît révoltant de se faire voler ses rêves aussi insidieusement…
J'imagine que Natalio ne serait pas mon ami dans cet espace post-apocalyptique sombre et inquiétant, puisqu'il nettoie la ville des dissidents, et pourtant, dans cette enquête, force est de constater qu'il se révèle un flic redoutable quand il se met en chasse de la vérité…Et il y a Alexio. Son electroquant aux anomalies étranges, qui lui apporte une aide précieuse. Quoique...Je me suis attachée à ce duo singulier humain/machine, parce qu'ils sont tous les deux, à leurs manières, en marge. Défaillants mais bienveillants. Rejetés mais utiles. Et ensemble, ils forment une synergie qui nous donne à réfléchir sur nos identités, nos souvenirs, nos doutes et nos douleurs, les actions qui en résultent et leurs conséquences…
En deux cents pages, on plonge dans un autre monde terrifiant. Les rêves qui nous restent ne sont plus seulement monnayables mais dilués dans le ventre d'une machine toujours plus affamée…Les rêves qui nous restent sont si dérisoires quand on y perd la santé mentale. Les rêves qui nous restent seront-ils assez puissants pour contrer la résignation?
De quoi sont fait nos rêves et quels sont ceux qui nous restent en plein chaos?
Je peux ouvrir les yeux, le cauchemar est terminé et la douleur, toujours là. Je débranche avec le réseau, après avoir laissé ce fichier, et vais de ce pas, reconquérir ce qu'il reste de mes rêves!
J'ai lu et adoré ce roman de science-fiction!
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Il y a parfois des livres qui arrivent pas hasard dans nos mains et donnent des instants de lectures forts. "Les rêves qui nous restent" fait partie de ces lectures particulières et je remercie chaleureusement @asphalte.editions pour cela et aussi @ariane.au.carre pour leur avoir glissé mon nom !

Polar SF dystopique, la société dépeinte est terrifiante par son réalisme et sa simplicité. Une civilisation au bord du gouffre, contrôlée par les méga-corporations gargarisées par la colère et dépressions du peuple. Un monde meurtrie, à l'image de son personnage principal.

Si l'enquête n'est pas d'une grande complexité (à raison), elle est surtout l'occasion de suivre le cheminement majeur pour Natalio et son robot. À l'image des polars hard boiled, la narration à la première personne du détective n'enjolive rien et développe l'univers petit à petit. Si de son point de vu il n'y a pas d'évolution de style, c'est dans les quelques moments dans la tête de son "tronquo" que l'on remarque les vrais tournants stylistiques et narratifs. Les pensées de l'acolyte mécanique sont l'occasion pour l'auteur d'explorer les grands thèmes du "moi robotique".

"Les rêves qui nous restent" est un court roman très immersif, riche par ce qu'il aborde et pertinent dans ses réponses. Certes pas une lecture joyeuse mais un récit très fort !
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les rêves qui nous restent est un court roman, d'un peu plus de deux cents pages, écrit par Boris Quercia, qui sortira aux éditions Asphalte début octobre. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur chilien, également acteur, scénariste, réalisateur et producteur. Et donc romancier, connu pour sa trilogie policière Santiago Quiñones également publiée chez Asphalte.

Boris Quercia avec les rêves qui nous restent nous offre un polar-SF dans un futur indéterminé mais largement dystopique et inspiré entre autres des écrits de Philip K. Dick.

Dans la City, Natalio, un flic de classe 5 (ceux qui font le sale boulot, aussi haïs que méprisés) est chargé d'éliminer discrètement les dissidents. Pour sa basse besogne il est accompagné d'un électroquant, un androïde d'apparence plus ou moins humaine qui l'aide, le supplée voire le remplace à longueur de journée. A la suite d'un accident, son tronquo est devenu "inactif", il doit en trouver un autre. Sans un sou, il se retourne sur un modèle d'occasion bas de gamme dont le comportement présente rapidement des anomalies. Mais Natalio n'a pas le temps de se pencher sur le problème, une nouvelle affaire lui est confiée et des résultats rapides lui sont demandés.

Boris Quercia fait son entrée dans les sphères de l'imaginaire avec un thème très classique et assez "casse gueule" : les androïdes et leur évolution. Les références et comparaisons sont nombreuses et il est difficile d'être novateur dans le sujet. Mais l'auteur évite les écueils et les facilités en nous offrant une intrigue de haute volée et en développant un background de qualité. Il nous dépeint un futur sombre où les inégalités croissantes atteignent leur paroxysme, une civilisation au bord du chaos où l'intelligence artificielle est la pierre angulaire indispensable au bon fonctionnement de la société.

Le récit fluide, rythmé, ne laisse aucun temps mort. le binôme homme/androïde fonctionne à merveille, l'auteur apportant une bonne dose d'humour à leurs échanges. le flic dépravé au grand coeur est croqué avec justesse pendant que son pendant est dépeint avec minutie. L'évolution croisée de l'un et de l'autre est assez cocasse. Boris Quercia en profite pour nous questionner sur la conscience grâce à un parallèle homme/machine astucieux.

Plusieurs pans de l'histoire auraient mérité d'être plus développés. Les usines à rêves où se passe une partie de l'histoire nous laissent un goût d'inachevé, on aurait aimé en savoir un peu plus, tout comme sur les antagonismes entre la City et les bas-fonds de la vieille ville.

Pour conclure, les rêves qui nous restent, ne révolutionne pas le genre mais permet de passer un très bon moment. le mix polar/SF dystopique fonctionne très bien, avec comme atout principal le binôme homme/machine, sans oublier un background de qualité. Simple, efficace et diablement intelligent, ce court roman ne peut que plaire à un très large public.


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Dans la City à la fois triomphante et déglinguée, entre toujours davantage de marchandisation du vivant et de dépendance risquée aux machines, un polar science-fictif bien noir et extrêmement stimulant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/11/24/note-de-lecture-les-reves-qui-nous-restent-boris-quercia/

Natalio est un enquêteur classe 5, tout en bas de la hiérarchie de la police uberisée de la City. Vivant au jour le jour, complétant les trop rares missions officielles dont dépend son salaire quotidien par quelques affaires officieuses mieux rémunérées mais souvent louches et dangereuses, il parcourt la ville en compagnie de son assistant robotisé, d'aussi basse extraction que lui, finances déficientes obligent, entre chasse aux dissidents dont les attentats terroristes nuisent décidément au bien-être commun, pression des exclus de la City dont l'abondante présence tout juste tolérée pour maintenir discrètement la pression sur les salaires, bas-fonds interlopes où s'entrecroisent tous les trafics imaginables et même d'autres, et entreprises ultra-high-tech en quête d'ultimes territoires à marchandiser au profit des happy few et de leurs affiliés. Conduire une véritable enquête dans ces conditions hautement dégradées n'est pas de tout repos, mais Natalio, sous ses aspects peu engageants, est un redoutable limier, expérimenté et intelligent (ses quelques souvenirs de sa vie d'avant les événements d'Oslo, ce jour maudit il y a quelques années lors duquel les machines, prises de folie du fait d'un vice caché généralisé de leur programmation, se révélèrent brutalement dans toute leur tragique létalité, avant d'être arrêtées et à nouveau contrôlées, en attesteront au fil du récit) : peut-être va-t-il découvrir quelques faits et corrélations qu'il n'était censé ni découvrir ni établir…

Avec ce « Les rêves qui nous restent » publié en octobre 2021 aux éditions Asphalte (l'édition « originale » chilienne ne verra le jour qu'en 2022), traduit par Isabel Siklodi et Gilles Marie, le romancier et cinéaste Boris Quercia réussit un véritable tour de force, en transposant sa science pointue des atmosphères et des rythmes du roman noir bien poisseux, parfaitement rodé dans sa trilogie Santiago Quiñones (« Les rues de Santiago » en 2010, « Tant de chiens » en 2015 et « La légende de Santiago » en 2018), dans un univers de futur proche dystopique en diable, jouant de motifs distordus faussement familiers, à la « Blade Runner » ou à la « Brazil », pour mettre en scène un ordo-libéralisme totalement déglingué, dont le stade terminal de déréliction demeure animé de soubresauts dévastateurs. Comme si le monde avait plus que prévu muté doucement en société d'intérim et de combine, sous les bannières clinquantes d'un progrès technologique désormais handicapé, s'incarnant en avatars tels que Buda, empereur du crime organisé aux allures de prophète, déjà, de l'après, Boris Quercia mixe avec un extrême brio des motifs filmiques que l'on croit bien connus, des boucles d'avidité irrépressible et toujours conquérante (on songera peut-être au Norman Spinrad du « Temps du rêve« , par exemple), des protocoles d'émancipation involontaire qui télescopent ceux des « Machines insurrectionnelles« de Dominique Lestel ou des « Robopoïèses« d'André Ourednik, et une étrange poésie sombre nourrie d'infra-ordinaire anticipé, pour nous offrir certainement l'une des plus stimulantes dystopies littéraires de ces dernières années, alliant à merveille le charme vénéneux des meilleurs romans noirs urbains et l'apparence du désabusement et du cynisme qui provoquent paradoxalement la vraie réflexion.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Mégapole tentaculaire avec des masses opprimées par une élite technocapitaliste ? Oui. Difficulté de faire la différence entre le monde virtuel et le monde réel ? Oui. Interrogation autour de l'émancipation des intelligences artificielles ? Oui. Pas de doute, Les rêves qui nous restent de Boris Quercia coche toutes les cases du cyberpunk. Il pourrait même un cliché du genre s'il avait tiré en longueur. Mais le fait qu'il soit court – 208 pages dans la version de poche – en fait un condensé très digeste et passionnant. Autre nuance, ce livre n'est pas écrit par un auteur anglo-saxon, ni nippon, mais chilien. La façon d'appréhender les relations sociales, et de camper les différents personnages, change. C'est cette différence, ce ton plus noir, mais également plus émotionnel qui fait tout l'intérêt du film.
Les rêves qui nous restent nous raconte l'histoire de Natalio, un flic de classe 5 affecté aux sales besognes, et de son nouvel électroquant avec toutes ses défaillances. Réduit au plus bas niveau ou presque dans la City, il se retrouve à devoir enquêter pour un consortium exploitant les rêves des dormeurs pour leur voler leur vie, alors que la révolte gronde : entre la City et la vieille ville, entre les androïdes, les intelligences artificielles et les êtres organiques ; entre les souvenirs et la réalité du quotidien. Dès le départ, il est évident que Natalio n'est pas Rick Deckard, le protagoniste de Blade Runner, et que la fin de son histoire ne sera pas heureuse. Et pourtant, la chronique de cette déchéance fascine et le livre se termine sur une note d'espoir, mais pas pour lui…


Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Bien que peu original dans le genre du cyberpunk, Les rêves qui nous restent est un court roman efficace qui parvient à nous offrir une intrigue sous tension et une construction d'univers efficace. Proposant la chute d'une société en toile de fond, ainsi qu'une réflexion sur ce qui fait une existence en développant le rapport machine et conscience, c'est un roman intéressant qui propose, malgré sa petite taille, une belle richesse de lecture.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Boris Quercia change de registre après avoir fait bourlingué pendant plusieurs romans noirs son personnage marquant et taciturne Santiago Quiñones, flic à Santiago au Chili. Dans "Les rêves qui nous restent", l'auteur emmène son lecteur dans une société futuriste. Il construit un monde autour d'une population privilégiée qui vit dans la City et qui est séparée par une frontière avec le monde extérieur, hostile et où les lois n'ont plus cours. La City fonctionne grâce aux travailleurs pauvres qui traversent tous les matins la frontière et qui font tourner l'économie. Des robots, les "électroquants", plus ou moins évolués selon les richesses de leurs propriétaires, accompagnent les hommes pour les aider dans leurs tâches au quotidien et une partie de la vie est régit par les relations avec ces machines. Les relations avec les "électroquants" ne se sont d'ailleurs pas toujours passées sereinement comme vous le découvrirez. Dans cet univers singulier, le lecteur fait connaissance avec un nouveau flic, Natalio. Un classe 5, autrement dit un flic relégué à des tâches plutôt ingrates et qui est obligé de compléter son petit salaire avec des missions officieuses. Il se retrouve sur une affaire où une grande entreprise cherche à cacher des choses. Il met alors le nez dans un maelstrom qui va l'amener à croiser des syndicalistes ambiguës, des trafiquants ou encore de riches personnages hors sols.

On retrouve la patte des polars de Boris Quercia dans ce roman, qui transpose à merveille dans un univers de science fiction l'ambiance sombre et l'atmosphère pesante caractéristiques de l'auteur. de la politique à la santé mentale en passant par les questions que posent les avancés technologiques, ce quatrième roman de l'auteur est passionnant. Les robots peuvent-ils devenir autonomes ? Pour quelles conséquences ? Comment les populations sont manipulées dans cette société ? Quel rôle joue la psychiatrie ? Quelles matières premières deviennent précieuses dans ce contexte ? Autant de questions qui se posent au fil du récit tout en tenant en haleine le lecteur lorsque les évènements s'accélèrent pour Natalio. le progrès a parfois un coût exorbitant que ce soit financier ou humain. "Les rêves qui nous restent" nous le montre très bien. Si vous ne connaissez pas la plume de cet auteur c'est une très belle occasion de la rencontrer. Un roman qui happe, qui ne rassure pas et qui fait réfléchir. Un vrai coup de coeur.

Traduit par Gilles Marie et Isabel Siklodi.
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Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en commençant ce roman mais j'ai été agréablement surprise ! Nous faisons donc la connaissance de Natalio, un policier du grade le plus bas, payé pour faire son travail qui ne l'aide qu'à survivre, il effectue également des petits boulots d'enquêtes a côté pour gagner un peu plus de quoi vivre décemment. Sa dernière enquête en date va lui réserver son lot de surprises…

J'ai beaucoup aimé ce personnage à la fois torturé et pourtant très droit. Abîmé par la vie, il va pourtant rester quelqu'un de très loyal, très honnête. On apprend son passé au fil du roman et l'on découvre les horreurs qu'il a vécu. Il a également un compagnon qui est à ses côtés tout au long de l'histoire. Il s'agit d'un robot et pas n'importe lequel, un ancien modèle avec des particularités qui en font un personnage à part entière auquel on s'attache facilement.

Le style de l'auteur est à la fois extrêmement fluide et entraînant. Dès les premières pages, il nous entraîne aux côtés de Natalio et nous fait vivre l'histoire. Pas de temps mort ou d'ennui dans ce roman, à la fois sombre et pessimiste, on nous présente une ville scindée en deux où les puissants et les riches dirigent et vivent d'un côté tandis que les pauvres sont de l'autre. Ici c'est un monde qui fonctionne en grande partie grâce à des robots qui vont même jusqu'à remplacer les humains dans une mécanique presque parfaite. Les humains pauvres sont quant à eux libres de s'échapper de leur vie morose par le biais de l'usine a rêves ou de travailler pour survivre. Évidemment il fallait s'attendre à un soulèvement que ce soit du côté des humains et de l'injustice qui règne ici ou encore du côté des robots. J'ai vraiment apprécié tout de ce roman, le mélange de roman policier et science fiction, conflits politiques, dans une société tellement fracturé qu'elle pourrait presque faire écho à la nôtre.

Pour conclure, ce roman mêle a la fois science fiction et roman policier pour nous livrer une histoire prenante qui ne laisse pas indifférent avec des personnages auxquels on s'attache et pour lesquels on tremble, on s'énerve et on se surprend à espérer. Je ne peux que vous le recommander.
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Artiste disposant de plusieurs cordes à son arc, Boris Quercia s'était jusqu'à présent fait remarquer dans le champ littéraire en signant des romans policiers. Avec Les rêves qui nous restent, il signe son entrée dans le monde de l'anticipation, sans renier pour autant ses vieilles amours, car c'est un polar à la sauce SF qui nous est proposé.

Futur indéterminé mais proche. Une société ultra-segmentée. Spatialement d'abord, entre la City et la vieille ville, séparées par une frontière devant rester étanche et contrôlée – les petites mains journalières sont tolérées. Socialement, aussi : Natalio, le personnage principal du roman, en est l'un des symboles. Il est un « classe 5 », un flic chargé du sale boulot, d'éliminer les « dissidents », chien de garde de l'ordre social. « Classe 5 », la catégorie méprisée par toutes les autres.

Boris Quercia nous plonge au coeur de l'action, avec ce héros désabusé qui ne déparerait a priori pas dans un hard-boiled classique. Sauf qu'ici, un « Électroquant » le suit en permanence – un robot, en fait, l'auteur démontrant d'ailleurs toute sa finesse dans la création des divers diminutifs ou surnoms que la population leur donne. Réappropriation et transformation par l'usage, le peuple n'a pas dit son dernier mot.

L'une des caractéristiques principales – et marquantes – de ce monde, c'est la disparition des rêves. Littéralement. En parallèle, un événement mystérieux mais majeur s'est produit dans la ville d'Oslo. En bon auteur de polar, Boris Quercia sait distiller au compte-gouttes les pièces du puzzle, et l'attente des explications vaut le coup. Surtout que d'attente il ne sera que peu question, tant les pages défilent vite – au fil de chapitres courts, l'histoire s'avère prenante. Sans pour autant être révolutionnaire, la narration alternée entre Natalio et son électroquant fonctionne bien. Boris Quercia arrive à cocher tout un tas de cases, interrogeant l'humanité par le regard d'un électroquant, sans jamais tomber dans le cliché et en apportant constamment une touche de fraîcheur.

Un mot sur la traduction… Ce livre a d'abord été publié dans sa version française. Il est dédié à la traductrice Isabel Siklodi, déjà à l'oeuvre sur deux précédents livres de l'auteur, et décédée le 6 mai 2020, après avoir participé à la première version de la traduction des Rêves qui nous restent.

Un roman qui se lit d'une traite, extrêmement plaisant et parfaitement exécuté, qui pourra séduire au-delà des frontières de chacun des genres auxquels il emprunte.

Critique parue dans le Bifrost 106
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