En septembre 1963 à Loctudy, les derniers touristes quittent la station balnéaire. Albert, Francis et Edouard, trois fils de bonne famille, profitent de la fin de l'été avant d'entamer leurs études supérieures et d'embrasser une prestigieuse destinée toute tracée. En l'absence des parents, ils ont pour programme de profiter de la plage et de leurs caves paternelles respectives. Leur rencontre avec Odette, une jeune femme libre, va les pousser à sortir de leur carcan. Mais échappe-t-on vraiment aux traditions de familles bourgeoises et patriarcales ?
Dans cet album,
Pascal Rabaté saisit avec finesse la jeunesse d'une époque, celle des privilégiés mais aussi celle des laissés pour compte. Entre le titre, référence explicite au fameux slogan de Mai 68, et le besoin d'envoyer valser les carcans bourgeois et patriarcaux, c'est le vent de révolte en germe au début de cette décennie que l'auteur nous fait vivre.
Avec un trait très épuré, des couleurs douces et un traitement léger au dessin, il rend aussi à merveille la sensibilité et l'érotisme de la relation entre deux personnages. On sent la douceur d'une fin d'été, un passage à l'âge adulte et ses conséquences. C'est un besoin de se construire, de s'affirmer en tant que jeune adulte. Mais quel choix faire : perpétuer les traditions bourgeoises de son environnement privilégié ou bien tout envoyer valser et s'affirmer selon ses propres valeurs ?
Le scénario évoque aussi plusieurs évènements historiques dont l'importance en ce début des années 60 est considérable, comme la Seconde guerre mondiale ou la colonisation. C'est avec intelligence que
Pascal Rabaté les intègre à son récit. Il évite les écueils d'une évocation caricaturale mais au contraire s'en sert pour donner du corps à la réalité d'une époque.
Une bd au dessin doux et léger, un scénario bien pensé aux airs de fin d'été, de liberté et de révolte face à l'ordre bourgeois établi qui évite la caricature en même temps, la photographie d'une époque et d'un mouvement social en germe. Une très bonne lecture, à découvrir aux éditions Rue de Sèvres.