Ah! Prince, jurez-lui que toujours trop fidèle,
Gémissant dans ma cour, et plus exilé qu'elle,
Portant jusqu'au tombeau le nom de son amant,
Mon règne ne sera qu'on long bannissement,
Si le ciel, non content de me l'avoir ravie,
Veut encor m'affliger par une longue vie.
Enfin tout ce qu'Amour a de nœuds plus puissants,
Doux reproches, transports sans cesse renaissants,
Soin de plaire sans art, crainte toujours nouvelle,
Beauté, gloire, vertu, je trouve tout en elle.
Elle passe ses jours, Paulin, sans rien prétendre
Que quelque heure à me voir, et le reste à m'attendre.
Titus, pour mon malheur, vint, vous vit, et vous plut
Enfin je me dérobe à la joie importune
De tant d'amis nouveaux que me fait la fortune;
Je fuis de leurs respects l'inutile longueur,
Pour chercher un ami qui me parle du cœur.
Quoi ? déjà de Titus épouse en espérance,
Ce rang entre elle et vous met-il tant de distance ?
Je demeurai longtemps errant dans Césarée
Antiochus
Si titus est jaloux, Titus est amoureux.
Titus n'a point encore expliquée sa pensée.
Rome vous voit, Madame, avec des yeux jaloux;
La rigueur de ses lois 'épouvante pour vous.
L'hymen chez les Romains n'admet qu'une romaine
Rome hait tous les rois, et Bérénice est reine.
Vous êtes Empereur, Seigneur, et vous pleurez !