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Citations sur La Madone de Notre-Dame (29)

Gérard poussait son diable surchargé de cartons, s’arrêtant devant chaque chapelle latérale. D’un geste machinal, il découpait chaque boîte autour de sa base puis soulevait le couvercle, dévoilant un empilement de bougies à l’effigie de la Sainte Vierge qu’il rangeait aussitôt dans des présentoirs sur mesure. Au-dessus du distributeur de cierges était inscrit en lettres lumineuses et en diverses langues : Servez-vous, offrande à votre discrétion, montant conseillé : 5 euros. Puis, d’un geste tout aussi las, le sacristain vidait les racks métalliques voisins sur lesquels, la veille, plusieurs centaines de bougies s’étaient consumées au fil des heures, faisant de la place pour un nouvel alignement de veilleuses, de prières et de paroles d’espoir adressées à Marie. Un peu plus tard, un autre employé viendrait vider les troncs remplis de pièces et de billets à l’aide de sacs en toile sécurisés. Des présentoirs à bougies similaires, il y en avait dans toute la cathédrale, disséminés aux endroits stratégiques, au pied des statues, sous les christs en croix, dans les chapelles dédiées au recueillement. La matinée s’annonçait longue, et les quinze ans le séparant de la retraite un long chemin pavé de cartons par dizaines de milliers, chacun rempli de cierges à l’effigie de la Vierge Marie. Gérard soupira avant de reprendre sa tournée. Comme tous les jours depuis des années, madame Pipi, invariablement installée sur la même chaise près de la Vierge au pilier, coiffée de son invariable chapeau de paille piqué de fleurs en plastique rouge, lui lança un invariable regard affolé et ouvrit la bouche pour lui adresser la parole. Comme tous les jours depuis des années, invariablement, madame Pipi se ravisa et fi t en guise de seule conversation un signe de croix. Avec un peu de chance, elle laisserait à Gérard la matinée pour achever sa tournée. Puis, invariablement, la vieille folle finirait par s’endormir, laissant échapper sous elle un fi let d’urine qu’il faudrait ensuite venir nettoyer à la serpillière. Un peu plus loin, il salua deux femmes de ménage qui achevaient de balayer le transept nord, imposa le silence à un groupe de Chinois dont les caquètements résonnaient dans la cathédrale par ailleurs encore calme à cette heure, puis il s’engagea, poussant son diable devant lui, sur le carrelage noir et blanc du déambulatoire. C’est alors qu’il se rappela son collègue surveillant.
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– Écoute, tu me les brises, je t’assure. Trente ans que je bosse ici ; chaque année c’est la même chose, tous les 15 août il faut qu’ils me mettent un foutoir pas possible dans la sacristie. Et moi le lendemain je retrouve plus rien. Je passe deux heures à tout ranger. C’est pourtant pas compliqué. Ils viennent, ils mettent leurs chasubles, ils font leur procession et leur messe à côté, ils reviennent, ils enlèvent leurs chasubles et ciao à l’année prochaine… Qu’est-ce qu’ils ont besoin d’aller farfouiller dans les placards ?
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Gérard poussait son diable surchargé de cartons, s’arrêtant devant chaque chapelle latérale. D’un geste machinal, il découpait chaque boîte autour de sa base puis soulevait le couvercle, dévoilant un empilement de bougies à l’effigie de la Sainte Vierge qu’il rangeait aussitôt dans des présentoirs sur mesure.
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Le surveillant fouilla dans sa poche, introduisit de la monnaie dans la fente du distributeur à café et pressa sur une touche. D’un signe, il salua le sacristain puis, une fois le gobelet fumant en main, amorça son retour vers l’intérieur de la cathédrale. Gérard le rattrapa dans le couloir.
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– On a une alerte à la bombe, Gérard. Dans le déambulatoire. Cette fois c’est du sérieux, du lourd.

Une épaule calée contre le cadre de la porte, son gigantesque trousseau de clés pendu au bout du bras, le surveillant observait le sacristain s’affairer, ouvrir une à une les armoires de la sacristie, en sortir des chiffons, des éponges, des produits d’entretien pour l’argenterie, marmonnant à intervalles réguliers quelques jurons de sa propre composition.

– Tu m’écoutes, Gérard ? Tu devrais aller jeter un coup d’œil, je t’assure. Quinze ans de carrière, jamais vu un truc pareil. Il y a de quoi faire péter la cathédrale tout entière.
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C'est alors que la grosse Américaine se mit à hurler.
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p.100.
Kern se laissa submerger par la douleur. C'était comme si quatre clous d'acier lui avaient transpercé les poignets et les pieds. Il était enfermé lui aussi. Perpétuité. Il ne valait pas mieux que Djibril du fond de sa centrale pénitentiaire, mais les barreaux cette fois étaient ceux de sa souffrance, de son histoire familiale, de sa condition d'homme. Il revivrait sans cesse l'instant de sa condamnation à vie, et le verdict devait lui en être répété encore et encore et encore. Tu as perdu ton frère ; tu l'as abandonné face à la mort ; et ta brûlure ne s'éteindra jamais.
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p.36.
Depuis onze ans qu'il délaissait chaque été sa paroisse de Poissy pour assurer les remplacements du mois d'août à Notre-Dame, le père Kern avait eu le temps de se familiariser avec ces égarés de la cathédrale. Vue sous cet aspect, elle n'avait probablement pas changé depuis le Moyen Âge : ses portes restaient ouvertes à toute heure du jour pour les abîmés de la vie, ceux qui ne trouvaient pas leur place dans un monde brutal et réservé aux forts où le hasard d'une naissance les avait précipités et qui, à la recherche d'une bulle de réconfort ou d'illusion, avaient trouvé refuge dans cette immense église au cœur de l'île de la Cité. Ils étaient quelques-uns, celles et ceux qui, chaque matin dès l'ouverture, pénétraient dans la nef, retrouvaient une chaise abandonnée la veille et restaient là, assis jusqu'au soir, insensibles à l'armée de touriste qui envahissait les allées. Les égarés semblaient flotter entre deux mondes, le regard perdu dans le vide ou bien fixant une Vierge, un christ, une bougie des heures durant.
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La véritable frontière n’est pas entre croyants et non-croyants, pas plus qu’entre chrétiens, juifs ou musulmans. La véritable ligne de front est celle qui sépare les colombes des faucons.
Ceux qui cherchent la paix...
De ceux qui veulent la guerre.
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La Croix n’est pas le but mais le bagage. Un jour ou l’autre il faut se résoudre à le poser à terre.
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