AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Opus 77 (145)

Une fois sa réputation internationale acquise, il est aussi de bon ton que le chef s’investisse pour la paix dans le monde. Ainsi va-t-il jusqu’à financer et accueillir à Genève un orchestre formé de jeunes musiciens israéliens et palestiniens. C’est ce qui s’appelle l’ironie du sort. Tandis qu’il peaufine son statut de Nobel potentiel, Claessens délaisse sa femme, artiste lyrique formée à Tel-Aviv, vieillie avant l’heure, en panne de contrats, en panne de voix, en panne d’amour.
Commenter  J’apprécie          00
Hypothèse de départ, hypothèse de colère : tu n’existes qu’à travers ton conflit au père. Si l’on t’enlève cette colonne vertébrale, tu t’effondres comme une poupée de chiffon. Sans cette opposition frontale, consciente ou non, née d’une course enfantine sur la scène du Victoria Hall, tu n’es qu’un petit bourgeois paumé, un gosse de riche foncièrement transparent.
Cette plaie, purulente depuis tant d’années, comme tu aimes la gratter, l’entretenir, la soigner pour mieux la rouvrir. Tu as beau jeu de te poser en victime de Claessens ; le grand rival, le père soi-disant castrateur, assoiffé de pouvoir, obsédé par l’astiquage de sa statue du Commandeur ; comme tu l’aimes, cette statue, comme tu la vénères ; tu as grandi dans son ombre, tu t’y es adossé si souvent, même si parfois tu as aussi pissé dessus ; toi, le Fils, prodige ou prodigue, à la fin on ne sait plus, tu t’en entiché de ton propre malheur. Il n’y a qu’à voir ce que tu nous as fait en finale à Bruxelles. Désormais, tu cultives ta singularité dans tes hauteurs valaisannes, supérieur, complaisant, méprisant. Et lorsque la statue finit par s’effondrer, rongée par la rouille, bouffée de l’intérieur, tu ne trouves rien d’autre à faire que de m’envoyer des petites cassettes du temps passé.
Commenter  J’apprécie          00
Très vite, tu as voulu vibrer. C’était le timbre de notre mère que tu cherchais à imiter. Ce timbre si particulier, que nous avions tant entendu dans notre petite enfance, et puis qui s’était tu. Ce timbre-là que tu essayais jour et nuit de reproduire, de mémoire. Pour que ton son se rapproche du sien, il te fallait expérimenter cette technique si particulière, ce mouvement conjugué du poignet et de l’avant-bras transmis au gras du doigt, entraînant une oscillation du son autour de la note jouée. Le vibrato, ce qui fait d’un violoniste ce qu’il est, ce qui le rend immédiatement reconnaissable à l’oreille de tous.
Commenter  J’apprécie          00
Tu n’aimes pas parler juste après avoir joué. (C’est, entre multiples choses, ce qui nous rapproche, le grand frère et la petite sœur, cette attitude quasi mutique, pendant bien une demi-heure, dont personne n’arrive à nous tirer.) Notre silence fait de nous des complices, depuis l’enfance, depuis la nuit des temps. La ville entière peut-être mise à sac, à feu et à sang, les deux Claessens auront toujours ce reflexe partagé, ce temps de latence avant de commencer, ce temps de résonance après avoir fini de jouer, qui met le monde à distance, qui fait de notre fratrie une cité à part entière, aux frontières étroitement contrôlées, aux accès difficiles. Entre ces deux silences, à l’intérieur, nous bâtissons une forteresse de notes, infranchissables, imprenable, pourtant si belle à écouter de l’extérieur.
Commenter  J’apprécie          00
Sous le capot de ma Porsche de 1977 il y a une petite bombe de trois litres et six cylindres à plat délivrant cent quatre-vingt-quinze chevaux. Mais aucun système de sécurité. Pas de correcteur de trajectoire. Sous la pluie cette automobile est une vraie savonnette. Ni airbag, ni capteur anti-retournement. Rien de rien. Quant à la ceinture de sécurité, j’oublie toujours de la boucler. Même les gendarmes ne m’y font pas penser.
En pleine nuit, après le concert, surtout quand la route est sinueuse et mouillée, j’adore conduire à tombeau ouvert.
Commenter  J’apprécie          00
La haine n'empêche pas la soumission bien au contraire.
Commenter  J’apprécie          00
Le violoniste et son violon sont censés ne faire qu'un, et le prestige de l'un déteint assurément sur l'autre. A tel point que l'on se demande parfois si ce n'est pas l'instrument qui fait le champion.
Commenter  J’apprécie          00
Le piano, c'est ma vie. Si je ne joue pas, je me désaccorde, je deviens cacophonie.
Commenter  J’apprécie          00
Dans la vie, il faut profiter du moindre atome d'oxygène, du moindre pouce de liberté, du moindre centimètre d'archet. C'est la leçon du jour.
Commenter  J’apprécie          00
La main est un drôle d'animal. Elle prend, touche, pince, caresse ou frappe. Elle appuie sur la partie du corps qui fait mal - ventre, poitrine, tête. Elle ausculte, elle apaise. C'est elle aussi qui serre la main de l'autre, perçoit sa chaleur ou sa nervosité. Une porte vers le monde extérieur, voilà ce qu'est la main. C'est elle encore qui vient se poser sur l'être aimé, l'homme, la femme, l'enfant. La solitude absolue est celle du toucher. Vous aurez beau jouir d'une vie sociale et professionnelle frénétique, si vous ne touchez jamais personne alors vous serez plus seul qu'une pierre. Et les pianistes, alors ? Pour eux, c'est encore pire. C'est une question de vie ou de mort. La main est leur unique moyen d'expression. La courroie de transmission qui permet d'exprimer sa sensibilité, ses sentiments, son trop-plein ou son vide abyssal, tout ce qui se passe à l'intérieur. Quand la main du pianiste est en souffrance, alors c'est le monde entier qu'il faut repeindre en noir.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (661) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Arts et littérature ...

    Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

    Charlotte Brontë
    Anne Brontë
    Emily Brontë

    16 questions
    1101 lecteurs ont répondu
    Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}