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3,43

sur 148 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Atiq Rahimi, couronné en 2008 par le Prix Goncourt pour Synghé Sabour. Pierre de patience, un roman très fort, nous en offre un nouveau en ce début 2019, intitulé Les Porteurs d'eau.
C'est le récit de deux destins. Ils sont Afghans. L'un, Tom, vit à Paris avec Rina, Afghane elle aussi, et leur fille Lola. L'autre, Yûsef, est à Kaboul, en charge de protéger sa belle-soeur, Shirine. Tom a, semble-t-il, tout abandonné en partant de Kaboul, jusqu'à son prénom d'origine, Tamim. Un matin, il part pour Amsterdam pour tenter de couper avec ses racines et retrouver Nuria, une jeune femme qu'il a rencontrée à plusieurs reprises et c'est sous un vrai déluge qu'il va quitter Paris.
Quant à Yûsef, il est porteur d'eau à Kaboul et tente de repousser au fin fond de son esprit, l'amour qu'il porte à Shirine. C'est en sortant de la grotte avec son outre pleine d'eau que deux jeunes talibans lui apprennent que les deux Bouddhas de Bâmiyân ont été détruits.
C'est donc ce 11 mars 2001, jour de destruction des Bouddhas, que la vie de ces deux hommes bascule. Cette destruction est la trame du roman durant lequel se succèdent les pensées de Tom/Tamim et Yûsef.
Atiq Rahimi, écrivain franco-afghan qui a quitté l'Afghanistan en 1984, plonge dans les racines de son pays, décrit la violence des Talibans et leur entreprise folle pour éradiquer une histoire qui les a précédés.
Ce roman sur la liberté, l'amour, l'exil, nous interroge sur plusieurs points. Quels sont les effets de l'exil ? Comment vivre avec ses racines dans un nouveau monde ? Quel rôle joue la langue ? Comment se construit le récit d'une vie d'exilé ?
L'auteur parle d'ailleurs de : «… l'infernal vertige de l'abîme que creuse l'exil entre les mots et la pensée. »
C'est un roman magnifique où la poésie l'emporte face à l'intégrisme, à l'intolérance, à la mort. Grâce aux récits alternés de ces deux protagonistes, Atiq Rahimi réussit un tour de force en nous obligeant à réfléchir à ces questions si importantes avec un récit captivant, plein de suspense, du début à la fin.
Un roman puissant qui interpelle !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Les événements se passent six mois avant le 11 septembre 2001. Les talibans détruisent les deux Bouddahs de Bâmiyân, en Afghanistan où l'on va suivre le destin de deux hommes et de leur famille. L'un est resté, l'autre s'est exilé. On va suivre leur devenir et leur ressenti. L'un a des sentiments pour la femme de son frère et l'autre en exil a du mal à s'acclimater, même s'il veut oublier son pays d'origine. Il va fuir Paris et sa femme pour Amsterdam où l'attend une autre femme, une autre vie.
Chaque chapitre alterne avec le destin de l'un puis de l'autre. Peut-on oublier ses origines ? Peut-on tomber amoureux dans ces circonstances et avancer ?
Des sujets forts apparaissent dans cette histoire : La quête d'identité, l'exil, les cruautés sous toutes ses formes, le don de soi, les sentiments amoureux et l'intolérance. Une fois de plus, la belle écriture de Atiq Rahimi m'a séduite comme dans son prix Goncourt et Syngué Sabour : La pierre de patience.
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Deux histoires parallèles d'afghans se déroulant le 11 mars 2001, jour de la destruction de deux Boudhas de Bamyan par les talibans nous sont contées. Celle de Tom, émigré en France depuis un vingtaine d'année, mari de Rina et père de Lola et en Afghanistan, celle de Yüsef, porteur d'eau, chargé de la protection de Shirine, épouse de Souleyman son frère disparu. Tom se rend à Amsterdam, où il compte vivre avec Nuria rencontrée lors d'un voyage précédent et cela ne se passe pas comme prévu ! Yüsef peine à assumer sa charge de porteur d'eau et à comprendre le désarroi permanent de sa belle soeur dans l'environnement rigoriste des talibans. Dans les deux lieux distincts et distants, les histoires dérivent avec un changement de rythme narratif et des délires chargés d'émotion où sont convoqués, l'histoire, la religion, l'exil et l'identité. Ces passages sont les moments forts du récit où l'auteur déploie tout son talent poétique de conteur.
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Deux récits entrecroisés autour des mêmes thèmes : l'identité, le couple, l'exil, la guerre. Deux personnages masculins, Yusef et Tom, tous les deux rebaptisés et en quête de leur identité religieuse, culturelle, intime mêlent leurs voix.
Tom est français d'origine afghane. Il a quitté son pays à l'arrivée des soviétiques et a parfaitement intégré Paris, sa langue, sa culture, son train de vie. Il s'apprête pourtant à quitter une nouvelle fois sa vie, sa femme, sa fille pour Nuria, belle catalane rencontrée à Amsterdam ville d'illusion et de troubles. Yusef vit en Afghanistan avec sa belle soeur, l'hypnotique Shirine. Porteur d'eau, il subit brimades et injures, dans son métier de labeur essentiel à la vie de la communauté et regarde fiévreux et lointain le régime taliban muselé son pays et son entourage.
Perdus dans leurs ressentiments, leurs vies intérieures, les deux personnages se noient dans ce qu'ils pensent vivre ou ont déjà vécu. Un roman sur la paramnésie due à la déchirure provoquée aux gens en exil.
Encore un beau roman offert par Atiq Rahimi.
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Deux destins parallèles, deux hommes, une poesie, la beauté du texte, un excellent moment de lecture.
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Auteur découvert dans l'émission "La Grande Librairie", Atiq Rahimi avait attisé ma curiosité avec son dernier roman "Les porteurs d'eau"...abordant notamment la destruction des Grands bouddhas de Bamiyan en Afghanistan par les Talibans en 2001. Événement qui avait marqué le monde entier et moi avec, les images des statues détruites à grands coups d'explosifs étaient sidérantes!
Mr Rahimi traite donc de ce sujet ici, mais par voie détournée purement fictive, deux personnages , deux hommes...afghans bien entendu, un extrait de leur vie. L'un vit en France et décide de partir rejoindre sa maîtresse en Hollande , abandonnant femme et enfant; l'autre est porteur d'eau en Afghanistan, métier transmit de père en fils, dur, abrutissant et ingrat, et il a également le devoir de prendre soin de sa belle-soeur en l'absence de son frère parti à la guerre.
Deux histoires finalement bien distinctes , au contraste évident occident/orient, mais aussi par la description des sentiments de ces deux hommes envers les femmes qui leur sont proches. L'un la quitte , l'autre va l'aimer.
L'écriture est belle, poétique, les mots afghans ne sont pas traduits et cela rend d'autant plus immersives ces deux histoires....chacune aura sa fin tout en délicatesse.
Un roman touchant et atypique , tout comme son auteur que j'ai eu la chance de rencontrer dans un salon littéraire récemment.....
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C'est bien écrit, certes, mais pour expliquer le 'certes' il faut s'appuyer sur ce que fait dire l'auteur à l'un de ses personnages : "ce français que tu pratiques garde profondément les empreintes rhétoriques de tes origines".
J'avais mis 3 étoiles, et au final j'en mets 4 car il y a de belles pépites et une certaine philosophie de la vie à en tirer.
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De l'eau, il en pleut sur l'autoroute Paris Amsterdam qu'emprunte Tom le 11 mars 2001. Il quitte sa femme Rina pour sa jeune maîtresse Nuria.
De l'eau, il en porte Yusef, c'est son métier, il porte de l'eau de la source aux maisons des riches et puissants habitants de son quartier à Kaboul ce 11 mars 2001.
Ce jour est celui de la destruction des bouddhas de Bamyian par les Talibans.
Une date qui sera fatale aux statues mais aussi à ces deux hommes qui verront leurs vies leur échapper.
Une magnifique première partie composée à chapitres égaux des récits de la vie de chacun de ces hommes, en parallèle exactement.
Une deuxième partie, plus onirique à laquelle on s'attache.. ou non, proche du conte ou du récit initiatique qu'il est agréable de découvrir.
Un livre brillant et fouillé, rédigé par un Afghan de naissance, directement en langue française : un exploit me semble t-il .
L'auteur en profite d'ailleurs pour exposer ses idées sur l'exil et les répercussions infimes dans le détail du cerveau de l'exilé : la langue d'origine, la langue de l'exil, laquelle utiliser et quand ?
C'est un roman à plusieurs facettes, on accroche ou pas, on lache parfois pour reprendre le fil !
En tous cas, un bon moment de réflexion.
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J'avais beaucoup aimé Syngué Sabour, et depuis, je recherchais d'autres livres de cet auteur. 

C'est chose faite avec "Les porteurs d'eau", roman qui s'il ne fixe pas l'unité de lieu - le roman se déroule simultanément en Afghanistan et sur l'autoroute qui relie Paris à Amsterdam - mais une unité de temps, le 13 mars 2001, deux jours après que les Talibans eurent détruit les deux Bouddha de Bâmiyân.

Tom a fui l'Afghanistan deux fois, une première fois seul, puis avec Rina son épouse. Ils vivent à Paris avec leur fille. Mais Tom, lors d'un déplacement à Amsterdam, a rencontré Nuria avec qui il envisage de refaire sa vie ... 

Yusef, est porteur d'eau à Kaboul. Son père lui a enseigné le chemin jusqu'à la source qui donne de l'eau même par temps de grande sécheresse. Chaque matin, il apporte de l'eau à la mosquée pour les premières ablutions avant de livrer ses nombreux clients impatients. Il a recueilli Shirine, veuve de son frère. 

La vie des deux hommes est narrée au fil de chapitres passant de l'un à l'autre au fur et à mesure que la journée puis la nuit se déroulent.

Une journée qui les verra ultimement liés.

Un roman que j'ai beaucoup apprécié.   
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Me voilà perplexe en refermant le livre de Atiq Rahimi. Est-ce que j'ai aimé ce roman ? Incapable de répondre... En tout cas, cette histoire en miroir ne me laisse pas indifférente. Tom est un exilé afghan en France. Un matin, las de sa vie rangée avec Rina, il décide de tout plaquer pour rejoindre Nuria, sa maitresse à Amsterdam. Embrasser l'amour qui le brûle, fuir sa vie, fuir son identité, fuir ses origines.... Vraiment ? Pas si sûr... de l'autre côté, à Kaboul, Yûsef, le porteur d'eau, brûle d'amour pour Shirine, la femme de son frère. Ce dernier a fui l'Afghanistan, laissant sa femme derrière lui. Mais Yûsef n'a jamais connu l'amour. Selon la tradition, si son frère était mort, il pourrait prendre Shirine pour épouse... Mais son frère n'est pas mort, il est en exil, elle attend son retour. le voilà condamné à vivre son amour en silence, à rêver sa vie avec Shirine... Rêver sa vie ? Pas vraiment...
Les destin de ces deux hommes sont racontés à tour de rôle. Pour chacun, l'auteur adopte un style d'écriture différent, un point de vue différent. Pour Tom, il emploi le pronom personnel 'tu". On a l'impression que l'écrivain lui raconte son histoire. le lecteur devient le témoin d'une conversation entre l'auteur et son personnage. Pour Yûsef, le point de vue est plus traditionnel, le ton est plus proche de celui d'un conte.
En utilisant le prétexte de l'amour, l'auteur nous amène dans une réflexion plus profonde sur l'exil, l'identité et les origines. Il nous plonge également dans la situation en Afghanistan, la violence des talibans, l'outrage faite aux femmes et aux hommes sur fond d'obligation religieuse. La destruction des Bouddhas ne prend son sens peut-être que comme un déclencheur de cataclysme chez les protagonistes. En enlevant les Bouddhas, les talibans ont arraché à l'Afghanistan, son symbole. Cela permet aussi à l'auteur de dénoncer l'indifférence internationale face au massacre du peuple afghan par les talibans. On s'insurge pour des pierres mais pas pour des hommes. Il pose également la question de ce qu'il reste de nous, de l'homme, de la création. La poésie transcende-t-elle l'homme ? Permet-elle de sortir de la réalité crue et dure de la vie quotidienne ?
En écrivant ces lignes, certaines pages prennent sens... A lire.
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