AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,43

sur 149 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel bonheur de retrouver la plume sensible d'Atiq Rahimi.

Tout commence ainsi :

" 11 mars 2001 : les Talibans détruisent les deux Bouddhas de Bâmiyan, en Afghanistan."

En cette même journée le destin de deux hommes va aussi être bousculé. L'un, Tom, exilé Afghan, vit à Paris et quitte sa femme et sa fille pour une autre femme, sa maîtresse Nuria, qu'il connaît si peu finalement et qu'il va découvrir autrement par une rencontre inattendue ... L'autre Yussef, à Kaboul, est porteur d'eau et il veille sur sa belle soeur Shirine, car son frère est parti il ne sait où. Et cette femme, il se rend compte combien il l'aime mais n'ose lui dire.

C'est un récit touchant qui entremêle la fable et la réalité des choses. Histoire d'exil, d'identité, de combat et d'amour. Tout cela donné, offert sous une plume délicate, sensuelle et libre.
Commenter  J’apprécie          240
Dans les deux jours qui suivent la destruction des deux Bouddhas de Bâmiyân par les Talibans en Afghanistan (2001), se déroulent en parallèle les dénouements tragiques de la vie de deux hommes : Tom – alias Tamim – réfugié afghan en France et Yûsef, porteur d'eau à Kaboul. D'emblée et tout au long du double récit, dans des chapitres qui s'alternent rigoureusement, l'auteur construit les similitudes structurelles entre les deux histoires, qui se manifestent d'autant plus nombreuses que l'on approfondit l'analyse, cependant qu'à Tamim il s'adresse à la seconde personne (mais pas dans les passages concernant plutôt Tom...), alors que celle de Yûsef est narrée classiquement à la troisième.
Il s'agit de deux histoires d'amours inatteignables ; de deux poursuites de la femme aimée soudain disparue ; de deux parcours de maturation personnelle par la mise en question de sa propre identité profonde et de ses propres croyances ; grâce à l'accompagnement intellectuel et spirituel d'une tierce personne (outre les protagonistes et les femmes), en guise de guide ou de maître venant d'une tradition à la fois autre et proche de la leur, qui leur révèlent, à travers les arcanes de l'amour, des messages plus essentiels et cachés sur eux-mêmes et sur leurs cultures : respectivement la philosophe juive Rospinoza et le boutiquier hindou Lâla Bahâri. Les deux protagonistes décèdent, bien que la fin de Yûsef soit ouverte sur un double épilogue, et les trois derniers chapitres pairs constituent, de l'un d'eux, une version plus onirique qui pourrait presque former une nouvelle indépendante à part entière.
L'histoire d'amour échoué entre Tom et sa maîtresse Nuria creuse la problématique de l'acculturation du migrant et du refoulement de la part originaire de son identité ; il est question aussi de la part de l'autre dans la relation amoureuse ; accessoirement, il est aussi question du sentiment de déjà-vu et de la sulfureuse ville d'Amsterdam. L'histoire d'amour échoué entre Yûsef et sa belle-soeur Shirine creuse la problématique de l'amour et de l'honneur (sexuel : le nâmous) en islam ; il est question aussi de la part de bouddhisme sous-jacente et refoulée dans la culture afghane ; accessoirement, il est aussi question de la vie quotidienne des petites gens à Kaboul sous les Talibans.
De nombreux thèmes de la littérature migrante qui me tiennent à coeur sont présents dans ce roman. Comme toujours, j'apprécie énormément la finesse de Rahimi à trouver un ton et un rythme adaptés à sa matière : ici, il est remarquable à quel point le style des chapitres impairs (sur Tom-Tamim) diffère de celui des chapitres pairs (Yûsef). La construction est également très réussie. En considérant chronologiquement l'évolution de son oeuvre, que j'ai lue presque dans son intégralité, je peux constater une maturation qui consiste à dépasser l'expérimentation stylistique foudroyante des premiers romans (y compris de Syngué Sabour, 2008, qui est sans doute le plus connu pour avoir obtenu le prix Goncourt et avoir été merveilleusement adapté au cinéma), dépaysante en littérature française mais peut-être issue de la tradition littéraire persane, tout en substituant progressivement le témoignage à davantage d'introspection auto-fictionnelle.
Commenter  J’apprécie          110
Et voici encore un auteur découvert par hasard, en cherchant un titre de livre comportant un des 4 éléments pour le défi autour du monde. Mais quelle belle surprise! J'ai été envoutée par la poésie de l'auteur. Ce récit à plusieurs voix, l'une à la 3ème personne, l'autre à la 2ème m'a bouleversé, transporté. J'ai été transporté en Afghanistan avec Yussef ce porteur d'eau, croulant sous le poids des traditions, j'ai été avec ce réfugié déraciné Tom, à la fois à des milliers de km de homologue, mais si proche dans son humanité. J'ai été touchée différemment par les ces deux trajectoires, et l'auteur a tellement su me toucher en plein coeur, qu'il restera incontestablement dans mon top 5 de cette année.
Commenter  J’apprécie          50
Une plume qui dessine dans mon imagination une histoire vivante et riche d'émotions. Dans Les Porteurs d'Eau, Atiq Rahimi ne déroge pas à cette règle.
Commenter  J’apprécie          40


Lecteurs (327) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5274 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}