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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un régal ! Comment expliquer que La proie et l'ombre n'ait pas été publié en France avant les années 90 ? C'est un petit bijou dont les protagonistes sont deux célèbres auteurs de romans policiers (dont l'auteur et narrateur ?) ainsi qu'une très attirante jeune femme. C'est mis en scène comme un témoignage sur une affaire réelle avec des raisonnements impeccables qui s'effondrent soudain comme un château de cartes, des certitudes qui s'écroulent, et une analyse psychologique poussée de chaque personnage. En prime il y a toute une peinture de la société japonaise de l'époque, en particulier sur la condition d'écrivain et sur la condition féminine, sans compter qu'on entrevoit un peu de la vie nocturne dans le Tokyo des années 20. L'auteur joue un jeu subtil avec le narrateur et le lecteur, donne des avis sur le genre du roman policier. le tout est pimenté de voyeurisme et d'un peu de sado-masochisme. On peut aussi supposer tout ce que la relation du narrateur et de la jeune femme avait d'osé et de répréhensible pour l'époque. Et tout cela dans un très court roman d'un peu plus de cent pages !
Dans cette édition ce roman est suivi de la nouvelle le test psychologique qui met en scène le détective Kogoro Akechi (personnage récurent chez Edogawa Ranpo ) qui aide un juge à démasquer un coupable. le lecteur sait dès le début qui est le coupable et assiste à tous ses efforts pour ne pas se faire prendre. le récit est brillant mais somme toute assez classique, un peu comme un bon vieux Colombo.
A découvrir absolument !
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L‘enquête policière d'un écrivain, parsemée d’érotisme latent et de fascinants jeux de miroirs.

Le narrateur de «Inju : La bête dans l’ombre», auteur de romans policiers comme l’auteur, à moins que ce ne soit l'auteur lui-même, se lie d’amitié et tombe sous le charme de Shizuko Oyamada, l’épouse belle et envoûtante d’un riche homme d’affaires. Au fil de leurs échanges, tandis que ses désirs inavouables envers une femme mariée grandissent, elle l’appelle à l’aide, ayant eu dans sa jeunesse une aventure avec un jeune homme qui ne lui a jamais pardonné de l’avoir quitté et qui, l’ayant retrouvée, la maintient dans la terreur avec des menaces de mort.

Son ancien amant est devenu lui aussi un auteur célèbre et énigmatique de roman policiers, dont personne ne connaît l’identité réelle. On comprend néanmoins que cet écrivain misanthrope, qui porte le nom de plume de Shundei Oe, écrit des romans diamétralement opposés à ceux du narrateur, puisqu’il est toujours du côté du criminel.

«Je m’interroge assez souvent sur la nature de mon métier.
Je crois qu’au fond, il existe deux types d’auteurs de romans policiers : ceux qui sont du côté du « criminel » et ceux qui sont du côté de « l’enquêteur ». Les premiers, même s’ils sont capables de mener une intrigue serrée, ne trouvent leur bonheur que dans la description de la cruauté pathologique du criminel, tandis que les seconds au contraire, n’y attachent aucune importance ; seule compte à leurs yeux la finesse de la démarche intellectuelle de l’enquêteur.»

Shizuko reçoit des lettres extrêmement détaillées et menaçantes de Shundei Oe, démontrant que, de façon inexplicable, il surveille et connaît le moindre de ses actes. Tout en succombant au charme pervers de la belle Shizuko, le narrateur utilise sa connaissance des romans de Shundei Oe et ses capacités de déduction pour tenter de démêler les fils de cette intrigue machiavélique.

Publiée en 1928, cette célèbre novella d’Edogawa Ranpo (anagramme rendant hommage à Edgar Allan Poe) déroule, sous la forme d’une confession ultérieure teintée de culpabilité et d’incertitude quant à une complicité involontaire, le fil de cette intrigue policière mêlée d’horreur et d’érotisme, magistralement construite et subtilement complexe.

«C'est avec la fascination et les émotions d'un véritable assassin qu'il réalisait ses phantasmes sanglants au fil des pages. Ses livres laissaient au lecteur un arrière-goût malsain et il y avait quelque chose de diabolique dans ce froissement de soupçons, de secrets et de cruautés. Au détour d'un chapitre, on pouvait par exemple lire l'inquiétant passage que voici :
"Le jour viendrait où il ne pourrait plus se contenter de simples romans. Dégoûté du monde et de sa médiocrité, il avait trouvé dans l’écriture un refuge où déployer les fastes de son imagination. C’est pour cela qu’il était devenu romancier. Mais désormais, même les livres provoquaient en lui un profond ennui : par quel nouveau stimulant échapper au spleen ? Le crime, il ne restait que le crime. Devant ses yeux blasés s’imposa la vision d’un monde où seul restait le frisson suave du crime".»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/06/24/note-de-lecture-inju-la-bete-dans-lombre-ranpo-edogawa/
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Par quelque bout que l'on prenne ce livre, il relève du génie : l'intrigue policière, l'analyse psychologique, la description d'un monde interlope et nocturne, l'écriture quasi hallucinée qui voit se défaire une à une toutes les certitudes du narrateur - et par là du lecteur, la poésie brutale de cette danse absurde d'amour et de mort, le tour de force narratif consistant à décrire ce qui se passe quand on s'amuse à mettre face à face deux miroirs et au milieu des hommes.

Je ne sais pas si les Surréalistes ont eu vent de cette oeuvre publiée en 1925, mais je suis sûr qu'ils se seraient mis à genoux devant Ranpo, tant son roman parvient à sonder les arcanes de l'inconscient, et à donner une forme visible à l'invisible.
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Voilà un véritable petit bijou de perversion.
Ce court roman date de 1928.
Le narrateur, lui-même auteur de romans policiers, va rencontrer une jeune femme, Shizuko Oyamada, lors de la visite d'un musée. Les deux protagonistes vont très vite sympathiser et deviendront des amis inséparables.
Mais un jour, Shizuko se confie à son ami et lui explique son inquiètude face à la persécution de son premier amour de jeunesse, toujours épris d'elle et qui ne cesse de la harceler, la menaçant ainsi que son mari.
Il s'avère que ce persécuteur est également un auteur à succès de romans policiers, romans faisant la part belle au mal.
Va alors commencer une enquête menée par le narrateur pour tenter de trouver ce mystérieux maître-chanteur et mettre fin à ses agissements.
Edogawa Ranpo, un des pères du polar au Japon, cisèle avec subtilité son oeuvre, s'amusant avec le narrateur autant qu'avec le lecteur, réfléchit au passage sur le genre policier et joue avec un érotisme trouble et troublant, comme peignant une estampe, faisant intervenir sado-masochisme, voyeurisme...
On notera que Barbet Schroeder a adapté le livre au cinéma en 2008 dans un film ayant pour titre "Inju".
On trouvera également dans ce livre, une nouvelle, "Le test psychologique", mettant en scène Kogoro Akechi, détective récurrent de Ranpo, qui va devoir démasquer un étudiant coupable du meurtre d'une vieille dame.
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