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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782877304405
156 pages
Editions Picquier (25/06/1999)
3.59/5   93 notes
Résumé :
À cet instant précis, une gigantesque corolle dorée troua nettement le velours noir du ciel, et le jardin fleuri, la source chaude, les deux corps enchevêtrés furent noyés sous une cascade de poussière d'or. Le visage blafard de Chiyoko, avec son filet de sang aussi brillant que la laque rouge, était désormais empreint d'une beauté tranquille. Pour réaliser un rêve fabuleux, un étudiant, passionné par les oeuvres d'Edgar Poe, entreprend la construction d'une île idé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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L’utopie pervertie d’Edogawa Ranpo.

Après le retour à la vie du chef de la famille Komoda, décédé des suites d’une crise d’épilepsie et étrangement ressuscité, son caractère semble avoir changé du tout au tout ; il se comporte de façon incohérente, semblant pris de folie, et entreprend des travaux mystérieux pour transformer une île appartenant à sa famille, engloutissant toute sa fortune dans des travaux somptuaires.

«Au bout de trois ou quatre mois, un étrange mur de terre ressemblant à la grande muraille de Chine, entourait toute l’île, enfermant à l’intérieur des lacs, des rivières, des collines, et en son milieu, un énorme bâtiment aux formes curieuses, fait de béton et de poutrelles métalliques.
Je pense avoir l’occasion de vous expliquer plus tard ce que ce paysage avait d’extraordinaire et de magnifique. Je n’en parlerai donc pas maintenant, mais je vous laisse le soin d’imaginer ce que la réalisation complète du projet aurait pu avoir de fantastique. Malheureusement, un événement imprévisible vint interrompre ces gigantesques travaux au moment où ils allaient être sur le point d’aboutir.»

Dans ce court roman inspiré par «Le domaine d’Arnheim» et «L’enterrement prématuré» d’Edgar Allan Poe, la création d’un paradis artificiel d’une beauté absolue, délire d’une «réalité augmentée» fomenté par un étudiant obsessionnel, qui entrevoit avec le décès de Komoda la possibilité de réaliser son utopie en vampirisant son identité, va se transformer en cauchemar maléfique.

«Cette forêt illimitée avait la forme d’un nuage s’élevant à l’horizon, avec ses branches entremêlées et ses feuilles tassées les unes sur les autres qui avaient des reflets jaunes au soleil et qui, à l’ombre, prenaient un aspect trouble, noirâtre, comme la mer en profondeur. Ce qui était effrayant dans cette forêt, c’était le sentiment particulier qu’elle faisait naître progressivement dans le cœur de celui qui, debout sur la pelouse, l’observait dans son ensemble. Ce qui éveillait ce sentiment, c’était sans doute l’importance de cette forêt qui semblait supporter un ciel lourd et pesant. Ou bien, le parfum sauvage et entêtant qui se dégageait des feuilles. Mais en dehors de cela, un observateur attentif aurait certainement décelé la présence de quelque artifice diabolique. La forme générale de cette vaste forêt évoquait la silhouette d’une énorme créature fantastique. Les traces de ces artifices avaient été soigneusement effacées, et la peur qu’on éprouvait était d’autant plus grande et plus profonde qu’on ne faisait, justement, que deviner leur présence.»

Ce roman policier «déviant» publié en 1926, traduit en 1991 par Rose-Marie Fayolle pour les éditions Philippe Picquier, superbement adapté en manga en 2008 par Maruo Suehiro (disponible en France aux éditions Casterman), glisse du réalisme vers le macabre et l’érotisme mâtinés de grotesque, et la distance y est mince de la magie à l’horreur, du sublime à l’écœurement, de la beauté ultime façonnée par l’homme à l’abomination de la cascade de chair, fantasme qu’on retrouvera, amplifié, dans «La bête aveugle».

À «L’île panorama» répond en miroir le fascinant «Démon de l’île solitaire», où l’homme rêve de façonner non pas la nature mais les corps, sur une île encore plus inquiétante.

Une soirée consacrée à l’œuvre d’Edogawa Ranpo aura lieu le 17 septembre prochain chez Charybde, à l’occasion de la parution en français du «Démon de l’île solitaire», en compagnie de sa traductrice Miyako Slocombe et de Stéphane du Mesnildot, écrivain, critique aux Cahiers du cinéma et grand lecteur d’Edogawa Ranpo.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/09/14/note-de-lecture-lile-panorama-edogawa-ranpo/
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Je me permets d'ajouter une critique que j'avais rédigée pour un cours universitaire.
Attention, contient des spoilers.

Qui n'a jamais adulé Edgar Allan Poe, tout ivrogne qu'il pouvait être ? Car pour se noyer dans la bile noire, il faut déjà que cette dernière soit bien profonde. Taro Hirai n'échappe pas à cette adoration obscure pour l'artiste. Son pseudonyme traduit cette obsession viscérale littéraire par la transcription phonétique du nom du poète en japonais. Ce qui me fascine c'est le fait que j'admire Edogawa Ranpo tout comme il admire Edgar Allan Poe. Un lecteur-fan se retrouve dans l'encre d'un auteur-fan. Les références intertextuelles, rédigées noir sur blanc ou plus diluées, sont de véritable témoins de la passion de la citation que l'auteur partage avec son lecteur. Il est lui-même invité à écumer attentivement l'oeuvre afin d'en décanter les oeillades. Ces petits regards en coin ostentatoires nous préviennent que nous entrons dans un établissement fantastique. Comme un critique culinaire, le lecteur doit avoir égard du mérite d'un chef ayant sélectionné ses fournisseurs de mots et d'images avec soin pour servir le plus sombre des bouillons. le goût de cette entrée en matière réside en partie dans la mise en abyme de l'hommage infini d'écrivains à d'autres.

Sur son île perdue dans l'océan Pacifique, Edogawa lit et s'inspire également de Thomas More qu'il cite dans L'Île Panorama. le roman va porter en lui une question métapoétique : une réflexion sur l'art et sa place dans la construction d'une utopie ou encore l'organisation d'une utopie motivée par l'art. Un sujet lourd et d'apparence rassasiante puisque c'est par une approche artistique et esthétique qu'Hitomi Hirosuke dessine mentalement son île parfaite. Ce plat de résistance nourrit la question de comment et pourquoi écrire et rêver quand ses contemporains peuvent à peine se vêtir et manger ? le Japon des années 20 est détruit, il faut le rebâtir, ainsi, beaucoup veulent le faire selon leur propre personnalité. Cette entreprise relève de la création et comme le projet d'Hitomi, les hommes rivalisent avec leurs dieux. L'art et la technique éloigne l'homme de sa nature, ce n'est pas une idée nouvelle bien que l'art soit capable d'élever un individu, Edogawa montre que cela peut causer sa perte. L'idée que l'art nous rend meilleur est difficile à avaler car elle est tellement servie qu'elle devient fade et pâteuse. L'art doit aussi se révéler immangeable afin de montrer aux humains leurs propres failles mais aussi de s'insurger face à leur condition qui demeure un fait difficile à déglutir. Les matériaux essentiels à la construction de L'Île Panorama sont les miroirs, fabriqués par les hommes pour les hommes. Ce support n'a rien de naturel, tout comme le calculateur Hitomi Hirosuke et son projet artistique de créer un monde aux paysages variés à l'aide de toiles peintes puis de leurs réflexions sur les miroirs. Par ailleurs, c'est cette construction qui fait le lien avec l'inspiration d'Edgar Allan Poe et de son romantisme par l'exaltation du mystère, le désir d'évasion, le contraste du morbide et du sublime. La nature n'est alors qu'un prétexte à l'homme pour se développer, se fondre dans ses songes.

Ce goût pour l'onirisme répugnant se loge dans les papilles d'une langue qui retient toute les saveurs que l'auteur lui présente. Et ce sont des entremets vivement colorés qui sont apportés sur le bureau du lecteur qui peut se délecter d'une esthétique qui le marquera à vie. Les descriptions d'Edogawa donnent un avant-goût de paradis et laissent un arrière-goût maudit. le contraste s'avère toujours subtile : si nous sommes fascinés, cette fascination reste malsaine. Nous voulons connaître les frontières du rêve d'Hitomi, les limites de sa folie. Nous nous empiffrons des détails qui laissent toujours planer un sentiment malsain sans prendre le temps de mastiquer l'invraisemblance ainsi que le bizarre de la chose. L'ambiance est sinistrement ténébreuse pourtant, ma mémoire s'est imprégnée d'images euphoriquement merveilleuses. L'écrivain japonaise graisse la patte de son lecteur avec la beauté d'un rêve pour mieux le faire sombrer dans une forme d'hypnose. Ce voile qu'il pose sur notre jugement, il nous le retire violemment à la fin du repas comme pour nous indiquer qu'il est temps de quitter l'établissement car l'heure de rejoindre le réel sonne. Les illusions volent en éclats et je ne peux que tomber des nues de mon envoûtement pervers. Edogawa exulte nos sens pour mieux les brouiller et c'est ce que je veux dans un livre : me perdre entre les mets et les mots, qu'ils me mentent ou non.

La longueur du roman est parfaite, un banquet de qualité qui ne s'éternise pas et laisse place à un débat entre les habitués de l'auteur japonais ou du genre policier. Pour beaucoup L'Île Panorama est loin d'être un de ses meilleurs plats. C'est armée du premier couvert qui me vient que je défends gosier et phalanges cette oeuvre. Inscrit dans la mouvance de l'érotisme grotesque, l'Ero Guro, Taro Hirai nous offre un ouvrage qui sublime le macabre de la condition humaine sans pour autant la pervertir davantage. Lors de l'écriture de ce court roman, le territoire nippon subit un séisme ravageur qui tue plus de cent cinquante mille habitants. L'écrivain est ancré dans son époque, il ne va pas dresser des assiettes de corps beaux sublimés mais l'ensevelissement, la recherche des cadavres et la reconstruction des édifices. L'Île Panorama est déterminé par l'hédonisme qui suit cette période comme pour fuir l'horreur. Pourtant, l'auteur mélange la recherche des plaisirs de la vie avec tout ce qu'elle peut garder de plus pestilentiel en elle. Cette mixture a pour finalité de nous montrer les limites du rêve, ainsi, là où Edogawa récolte toute ma sympathie c'est qu'il ne fait directement la leçon ni à ses personnages ni à ses lecteurs. En effet, comme tout bon écrivain de romans policiers, il crée sa figure de détective : Kogoro Akechi. Il ne nous intoxique pas avec l'exposition du génie de sa réflexion comme peut le faire Hercule Poirot, présent du début à la fin, tout en cuisinant le coupable. Kogoro Akechi n'est pas le héros, il n'est mentionné que brièvement à plusieurs reprises, avant son apparition dans le roman, pour exprimer qu'une enquête est en cours, que l'humanité persiste. Lorsqu'il prend place vers la fin du roman, il ne fait pas de procès moral aux personnages, mais par sa seule présence, il incarne une forme d'autorité, de pouvoir redonné au réel. En découle la constatation de ses crimes par le coupable qui finit par se punir lui-même. Par effet de miroir et d'identification, le lecteur expulse les vices qu'il a en commun avec le fautif.

Si je décide de m'enliser dans la fange de mes songes chronophages qui ne s'abaisseront jamais à empuantir ma réalité, qui fera de mes songes un paradis tangible ? C'est au contact d'un personnage à peine neurasthénique que je prends conscience de mes propres failles, de mes vices cachés quelques peu lâches et égoïstes : rêver sans agir et se diriger vers la solution qui nécessite le moins d'efforts. Coule dans les veines d'Hitomi Hirosuke du sang de navet. Ce fainéant, qui survie de rêveries, ne cherche pas à les réaliser puisqu'il n'a pas l'intention de vivre ou du moins, de fournir de l'huile de coudes pour réussir. Il rêve et espère que tout lui tombera cru dans le bec. Si seulement l'invraisemblable se produisait... Et comme nous sommes dans une fiction : l'invraisemblable se produit, le non-sens de l'Ero Guro intervient. Son vieil ami et dopplegänger meurt en laissant derrière lui quelques milliards de yens. Hitomi va s'empresser de tirer les marrons du feu et va sortir le cadavre de la boue dans laquelle il est enterré pour prendre sa place. Si usurper et profiter l'identité d'un mort en putréfaction à des fins financières peut sembler pervers pour n'importe quel organisme vivant (qui a, malgré tout, hésité pendant une seconde inavouable), il s'en réjouit car il peut donner vie à ses noires rêveries sans s'épuiser. Pourtant, le Paradis est aux portes de l'Enfer pour celui qui n'en déterre pas ses habitants. Les mensonges s'acculent dans le conduit des méfaits et finiront pas faire imploser tout ce système de plomberie intra-spirituel comme intra-corporel. Hitomi Hirosuke se punit pour son appétit monstrueux ou peut-être pour ne pas voir la destruction de ses rêves devenus réalités de façon sordide. Finalement, c'est au dessus de la fosse réunissant ses restes déchiquetés que j'ajoute un corbeaux croassant que jamais plus il ne rêvera. Nervermore.
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L'ile panorama est le premier roman que je lis du célèbre auteur de polars Edogawa Ranpo. Je n'ai peut-être pas commencé par le meilleur, hélas.
Sans aller jusqu'à le déclarer totalement inintéressant, j'en ai trouvé la lecture assez fastidieuse. Eût-il été plus gros, j'aurais certainement abandonné avant la fin.

Le style m'a paru lourd et emprunté. le personnage principal, Hitomi Hirosuke, ne recule devant rien pour réaliser son rêve aussi fou que pharaonique. Les intrusions dans sa mentalité font froid dans le dos. Mais ça ne va guère plus loin. Quelques scènes rehaussent l'intrigue sans pour autant m'avoir captivée.

Un roman, à mes yeux, dont on peut aisément se dispenser. Tant pis, on n'a pas une bonne pioche à chaque livre.
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Je poursuis ma découverte des auteurs japonais personnifiés dans le manga Bungô Stray Dogs avec Edogawa Ranpo. Dans la série, il s'agit du seul véritable détective de l'Agence des Détectives Armés, doué d'une capacité de déduction hors du commun. Dans la réalité, cet auteur est considéré comme l'un des fondateurs du roman policier japonais, notamment grâce aux enquêtes de Kogoro Akechi, jeune Sherlock Holmes tokyoïte. Son nom de plume est d'ailleurs un habile jeu de mots constituant une transcription du nom d'Edgar Allan Poe en japonais (si si, essayez donc) !
J'ai choisi de découvrir son oeuvre par l'Ile panorama, publié au Japon en 1926, attiré par son thème et sa mystérieuse couverture… Et quelle étrange lecture ce fut, en effet ! 

Hitomi Hirosuke, âgé de trente ans, est un écrivain sans succès, vivant reclus dans une petite pension pour étudiants. Depuis toujours, il est fasciné par les utopies et a développé un sens de l'esthétisme basé sur un désir de perfectionnement de la nature elle-même par des moyens artificiels. Lorsqu'un jour, il apprend par l'un de ses rares amis le décès suite à une crise d'épilepsie de Komoda Genzaburô, son sosie de l'époque de l'université et richissime héritier d'une grande famille, il voit là une opportunité sans précédent, et conçoit un plan véritablement diabolique.
Grâce à leur étonnante ressemblance physique, il va prendre la place de cet homme pour s'emparer de son identité et de sa fortune, après avoir mis en scène sa résurrection ! Son objectif : concevoir son monde de rêves sur une petite île inhabitée, au large du vaste domaine de la famille Komoda. Mais son comportement étrange et son obsession pour ce projet sèment le doute dans l'esprit de Chiyoko, la jeune épouse de l'homme dont Hitomi a pris la place : s'agit-il vraiment de son mari, revenu de l'au-delà ? 

La première partie de ce très court roman est ainsi consacrée à l'élaboration du plan de Hitomi Hirosuke. On fait connaissance avec un homme totalement obsédé par son rêve d'esthète, quitte à abandonner son identité. En effet, avec une grande minutie, il va commencer par mettre en scène son suicide, avant de se rendre au cimetière où est inhumée la dépouille de Komoda Genzaburô pour profaner sa tombe, s'emparer des effets personnels vêtus par le cadavre de son sosie et cacher son corps dans une tombe voisine. Il va ensuite se présenter au domaine des Komoda, en feignant de manière troublante un état de semi-conscience, convaincant ainsi les proches de la défunte victime de cette usurpation d'identité.
Vous l'aurez compris : le protagoniste de cette histoire est sérieusement dérangé, et ses actions sont dépourvues du moindre sentiment humain. de plus, le style de l'auteur, riche en descriptions glauques et malsaines et collant au plus près de l'action à la manière d'un conteur, renforce l'aversion du lecteur pour cet être ignoble. En tout cas, ça a très bien marché pour moi, et j'ai adoré suivre les différentes étapes du plan dément de Hirosuke ! 

En revanche, j'ai été plutôt déçu de la tournure des événements dans la seconde partie, dans laquelle Hirosuke convainc Chiyoko de le suivre sur l'île qui lui a servi à édifier son paradis personnel, dans le but de l'assassiner de peur que sa supercherie soit révélée au grand jour. L'oeuvre du protagoniste consiste en une succession de paysages artificiels sortis tout droit de ses fantasmes les plus fous, peuplés de jeunes femmes dénudées interprétant des animaux, des objets inanimés ou encore des végétaux, dans des mises en scènes extravagantes exploitant nombre d'artifices visuels, le tout formant un ensemble uniquement visible du sommet d'une immense tour placée en son centre.
Si au début la jeune Chiyoko s'émerveille de ce qu'elle voit (notamment dans le tunnel sous-marin en verre transparent qu'elle et son époux imposteur empruntent à leur arrivée sur l'île), très vite l'angoisse monte devant l'étrangeté de ces mondes irréels, si beaux qu'ils en deviennent cauchemardesques. Encore une fois, Edogawa Ranpo excelle dans ses descriptions pour donner une atmosphère vraiment malsaine à la découverte de ce panorama géant.
Mais le roman est vraiment très court, et bien que cela soit magnifiquement inquiétant, tout s'enchaîne très vite. Quelque part, le lecteur se sent oppressé comme Chiyoko face à ce rythme effréné, mais je m'attendais à davantage de folie dans le résultat de toute cette entreprise, surtout après avoir suivi de près son créateur dans ses délires. 

Au final, j'ai apprécié ma lecture, mais pas autant que je l'aurais voulu. On assiste bien à une montée graduelle de l'angoisse devant l'oeuvre dérangeante de Hirosuke, mais cela bascule un peu trop dans de l'érotisme excessif et malsain… le grand final est un peu convenu à mon goût alors que je m'attendais à être surpris, mais n'oublions pas que cela a été écrit il y a près d'un siècle et à dû inspirer pas mal d'auteurs ou de scénaristes depuis !
Néanmoins, le style de l'auteur et sa manière de décrire les machinations d'un esprit tordu me plaisent assez, et j'aimerais bien lire d'autres de ses oeuvres, comme les fameuses enquêtes de Kogoro Akechi !
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Bon livre, mais pas le meilleur de cet auteur selon moi.

Le début est excellent. Toutefois, le passage de l'île est éreintant à lire. Toute la description de chaque paysage composant l'île m'a lassée...
La fin est assez vite expédiée avec un détective sortant un peu de nulle part.

Je retenterai l'aventure avec cet auteur en 2018 !
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critiques presse (1)
Bedeo
23 janvier 2023
Le transfert d’imagination, l’intertextualité, la connivence littéraire sont des phénomènes presque magiques. C’est le trajet effectué par une idée de Poe, qui s’est retrouvée dans le roman de Rampo, est finalement illustrée par Maruo, qui ne peut s’empêcher de glisser un portrait de l’auteur américain.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quand la peur du crime excède un certain degré, il se passe exactement le même phénomène que lorsqu'on se bouche les oreilles et qu'on n'entend plus rien, c'est-à-dire qu'on devient sourd à sa conscience, tandis que l'intelligence du crime, devenant aussi aiguë qu'une lame de rasoir effilée, se met à agir mécaniquement avec calme et sang-froid, sans négliger aucun détail.
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Le ciel, couleur de lait, s'étendait au-dessus des collines ondulantes qui formaient des vagues impressionnantes, embrassées par les fleurs écarlates qui les recouvraient toutes entières. Cela se faisait sur une si grande échelle, tout était si artificiel, si éloigné de la nature, que ce soit pour la couleur du ciel, la courbe des collines ou la confusion de ces milliers de fleurs, que ceux qui pénétraient dans ce monde ne pouvaient faire autrement que de rester un certain temps debout, complètement stupéfaits.
Ce paysage, qui semblait monotone à première vue, avait quelque chose d'inhumain, de presque diabolique.
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De la même façon que le musicien s'exprime avec des sons, le peintre sur la toile avec des couleurs, le poète avec des mots, il rêvait d'inventer un art nouveau reposant sur la contemplation de la nature dans son immense variété : montagnes, rivières, forêts ou herbes, et dans laquelle il prendrait une pierre, un arbre, une fleur, un oiseau ou un animal sauvage, ou même un insecte, tout ce qui est vivant sur la terre et qui se transforme constamment. Il voulait modifier cette nature oeuvre de Dieu, qu'il trouvait imparfaite, l'embellir à son idée, pour exprimer à travers elle un idéal artistique extravagant. En d'autres termes, son ambition était de recréer la nature à la place de Dieu.
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L'art, selon lui, pouvait être considéré comme une révolte de l'homme contre la nature, et aussi comme l'expression d'un désir de lui imprimer sa propre personnalité, puisqu'elle ne le satisfaisait pas telle qu'elle était.
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Il faut dire que Hitomi Hirosuke ne croyait pas que le travail puisse servir à gagner sa vie. En fait, il en avait déjà assez de ce monde avant même de le connaître.
Cela tenait sans doute à sa constitution maladive, ou alors peut-être à la neurasthénie dont il souffrait depuis l'adolescence. Il avait envie de ne rien faire. Il lui suffisait de vivre en imagination. Rien n'était véritablement《important》. Il se contentait de rêvasser à longueur d'année, vautré dans la chambre d'une pension sordide. Bref, c'était un rêveur solitaire.
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Video de Edogawa Ranpo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edogawa Ranpo
La Chenille de Suehiro MARUO et Edogawa RANPO
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