Un roman impressionniste, qui procède par petites touches, bien que chronologiquement, pour nous donner une lecture personnelle et sensible de la vie de
Nadejda Mandelstam et
Ossip Mandelstam.
L'amour fou d'une femme qui consent à tout, aussi bien les conquêtes féminines de son époux, que les comportements d'opposition suicidaires au totalitarisme bolchevique puis soviétique d'Ossip, emportée par un amour immense pour un homme dont elle perçoit la grandeur et le génie. Elle se fait même la garante, la conservatrice de l'oeuvre de son mari en apprenant par coeur une bonne partie de son oeuvre et en élaborant des stratagèmes ingénieux pour conserver ces poèmes en dépit de la toute puissante censure soviétique.
Le portrait d'Ossip montre un homme sans cadre, sans structure, qui ne suit que le caprice de son désir et ses idées, sans prudence, souvent sans rationalité, sans égard pour sa femme que pourtant il aime manifestement d'un amour puissant… Il paiera cher ses imprudences par une ultime déportation qui aura raison de sa vie.
Un style superbe, très sensible et intelligent comme souvent chez Elisabeta Rasy. Un roman lent comme l'ennui soviétique, aussi. Un roman infiniment triste, d'une profonde mélancolie qui peut plonger le lecteur dans une grisaille épaisse et glacée. Un roman à la hauteur de la femme dont il parle, celle qui a écrit ses mémoires sous le titre
Contre tout espoir.
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