A défaut de marbre, les sculpteurs allemands peuvent fondre le bronze, tailler la pierre et le bois. Le bronze est réservé presque exclusivement à la sculpture funéraire; la pierre est la matière habituelle des chaires à prêcher et des tabernacles. Mais c'est la sculpture sur bois qui trouve les emplois les plus nombreux et les plus variés : c'est à elle qu'on a recours lorsqu'il s'agit de sculpter des stalles de choeur (Chorgestûhl) et surtout les innombrables retables (Schnitsaltàre) que la piété des donateurs multiplie dans les églises.
Malgré la surabondance des monuments, l'histoire de la sculpture allemande de la fin du moyen âge se heurte à de multiples difficultés. Les œuvres qui nous sont parvenues sont généralement dépourvues d'état civil. Les archives nous ont livré les noms d'un grand nombre de sculpteurs : mais entre les noms d'artistes exhumés des comptes d'archives et les œuvres non signées que conservent églises et musées, il est difficile de faire des rapprochements qui ne soient pas de simples hypothèses.
L'art allemand du quinzième siècle n'a, en effet, rien de commun avec la Renaissance italienne, si l'on entend par là un retour à l'art antique. Veit Stoss, Adam Krafft, Tilmann Riemenschneider et même Peter Vischer, le premier et le seul des grands sculpteurs franconiens qui emprunte quelques motifs de décoration à la manière antique ou welche, sont tous de la lignée des artisans du moyen âge ; ils continuent fidèlement les traditions de l'art médiéval.
A la fin du quinzième siècle comme au treizième siècle, la plastique allemande reste essentiellement religieuse par sa destination et par ses thèmes : l'art n'a d'autre inspiratrice que la pensée chrétienne; son rôle est la décoration des églises.