Silencieux comme un voleur dans la nuit, Philippe de Fontainebleau fròlait les pierres des fondations de la tour gauche de Notre-Dame. C' était le dernier endroit Sur terre où ceux qui le connaissaient auraient pensé le trouver: lui qui avait reçu de la vie le don de l'ironie, se sentait chez lui dans le labyrinthe de tunnels qui serpentaient sous la grande église. Il était le roi des souterrains de Notre-Dame, même si son règne allait bien au-delà du quartier de la cathédrale, bien au delà de Paris même.
Le supplicié était suspendu à un crochet qui lui traversait le menton, comme une pauvre bête aux abattoirs. En passant à ses côtés, Nogaret pria pour qu'il fût déjà mort. Ses mains avaient été réduites à l'état de bouillie sanguinolente par la férocité des tortionnaires. Ses jambes n'étaient plus que deux moignons brûlés par les chabons ardents. L'odeur de putréfaction planait autour de ce macabre fardeau et des corbeaux faméliques volaient en cercle au-dessus de lui, impatients de se repaître des chairs molles de ses yeux.
Les deux choses pourraient être liées. La dissidence politique et le spectre d'un fléau divin. En clair, les rebelles pourraient essayer de déclencher la guerre civile en répandant avec un soin diabolique une terrible épidémie.
Le garçon inspira profondément. Puis il franchit la porte , et la muraille des Templiers se referma derrière lui. Pour toujours.
Il arrivait soudainement, il frappait et disparaissait. La nuit l'avait mis au monde comme une mère prostituée, et le pavé de Paris avait été son berceau. Peut-être avait-il trouvé le moyen de se cacher dans le labyrinthe de trouées sur lesquelles s'élève Notre-Dame. Des passages étroits creusés dans la roche-mère par les bâtisseurs eux-mêmes, des galeries clandestines construites pour des raisons inconnues du reste du monde. Les gens disaient que, dans ces souterrains, il se passait des choses qu'on ne pouvait pas faire à la lumière du soleil.
[...] d'autres, en revanche, préfèrent confier leurs biens aux Templiers. Qui protègent la confidentialité des clients en couvrant leur identité sous un nom fictif. Ou un nombre.
[...]
- Et si par hasard j'étais un grand seigneur, disons même un baron vassal du roi de France, chaque pièce que j'enverrais au Temple serait immédiatement cachée aux yeux du fisc royal...
- Le roi ne pourrait jamais savoir que cet argent est à vous, avoua frère Pierre. L'Ordre n'est en aucun cas tenu d'informer le souverain au sujet de ses créanciers ; et il ne le fait pas.
Philippe n'aimait personne, disait-on, pas même ses propres enfants. Il n'avait ni cœur ni passions ; chacun de ses sentiments était réservé au gouvernement de la France, un devoir qu'il interprétait la plupart du temps, dans le domaine militaire. C'était pour cela qu'on le surnommait "le Roi de marbre et de fer".
Noblesse de France :
Ils sont riches en terres et forment l'armée du royaume. Paresseux, arrogants, indisciplinés au pouvoir du monarque. Chacun veut gouverner seul et fait ce qu'il peut pour éviter de payer des impôts.
J'ai voyagé pendant des mois en défiant les pillards et le risque de naufrage, n'ayant que Dieu devant mes yeux, et tout ça pour donner à Sa Majesté la bonne nouvelle que la croisade est enfin possible. Et qu'est-ce que je trouve ? Un souverain à l'écoute des manipulateurs d'argent. Qui pensent d'abord à la monnaie ! Quel déclin par rapport à l'époque de Saint Louis ! Lui qui est mort pour racheter le sépulcre du Christ. Pour vous, seul importe l'or, la bouse du diable !
Crescenzio commanda des lasagnes au beurre, fromage et cannelle, puis une tourte tricolore d'oeufs, carottes et épinards. Pour la suite, de l'agneau en bouillon et les mortadelli à la manière de l'empereur Frédéric II, de délicieuses paupiettes de foie de porc cuit avec du fenouil sauvage et du laurier, haché, roulé en boule et rôti dans la crépine. Et pour finir, un cappuccio du moine, une crêpe frite farcie de miel, écorces d'orange confites et éclats d'amandes.