Citations sur Flic de papier (14)
L'avis de recherche est maintenant étendu à tout le territoire.
L'absence, l'évaporation, la disparition, on l'appelle comme on veut, de Pierre est maintenant inquiétante, mais cela ne change rien à la donne.
- Les clapotis de l’endroit sont synonymes d’anchois, prévient le gars, un local buriné, blanc de barbe et de cheveux, et s’il y a des chasses ici, il doit y avoir du bar dans le nord, poursuit-il en opinant du bonnet.
- Des chasses ?
- Oui, ah, vous n’êtes pas du coin, on appelle ça des chasses, quand les mouettes piquent dans l’eau pour se nourrir et quand il y a anchois, il y a bar et loubines si vous voulez…Les pêcheurs sont à l’affut e ces chasses et vont pêcher à proximité, surtout dans la passe nord. Ceux qui ont des bateaux rapides sont avantagés bien sûr.
Heureusement, Lilly ne sait pas encore que l'imagination et la fantaisie spontanées sont l'apanage des gosses. Une fois que l'adulte a trouvé son costume, il ne le quitte plus. La plupart du temps, il est sombre, strict et le comble, c'est qu'il en est content.
Nous sommes le mercredi 4 mai 1988, je n’ai pas encore trente-six ans et la routine est en train de déposer sa rouille sur mes illusions.
Mes doutes ont bien grandi. Malgré cela, ma carrière est toujours guidée par une éthique, mais une éthique aménageable dorénavant. Je veux encore croire en l’homme.
Une espèce d’autiste de l’affectif, ne pouvant exprimer mes sentiments tellement ils sont nombreux à se bousculer dans mes pensées. Je suis obligé de me faire violence pour exercer mon métier. Mon souci de justice et d’équité m’a fait choisir cette voie.
Les enfants sont étonnants, ils savent être égoïstes et ingénieux…
Au boulot, les collègues m'appellent Columbo, uniquement pour mon gabarit, pas pour mon imperméable ni pour ma perspicacité.
Tant pis, je suis inspecteur de police.
Je ne suis ni grand ni costaud, un mètre soixante-cinq pour cinquante-six kilos, attaches fines, mains de pianiste, une vraie brute ! Alors, le trampoline naturel de la mousse entre chênes et pins menant à la clairière me confère des airs de passe muraille. D'ailleurs, au boulot, les collègues m'appellent Columbo, uniquement pour mon gabarit, pas pour mon imperméable ni pour ma perspicacité. Tant pis, je suis inspecteur de police.
Je reste encore un court moment devant la sépulture improvisée, vaste pour un si petit corps, mais déjà bien fréquentée, à l’opposé de nos tombes traditionnelles, visitées une fois au mois de novembre, dans le meilleur des cas. Vous me direz que c’est un lieu de promenade qui en vaut un autre en cette morne saison d’après cèpes. Un camaïeu de gris. Dommage pour moi, car c’est en quelque sorte mon fonds de commerce, mais la mort ne fait plus recette. En plus, elle ne fait même pas peur à l’enfant qui croit pouvoir agir à tout moment sur le destin d’un être disparu. En fait, Lily ne pleure pas devant la stèle de son chat, elle veut juste servir de passerelle entre son désir d’aventure et l’avenir céleste de son greffier. La petite vient plusieurs fois par jour ici et je suppose qu’elle fait vivre à Tomy de nouvelles aventures...