Ces montagnes étaient jadis fort redoutées : les voyageurs évitaient la Suisse à cause de l'âpreté de ses gorges et de la difficulté de ses chemins; la plupart des routes commerciales faisaient de grands détours pour n'avoir pas à traverser les hauts massifs des Alpes. Maintenant, au contraire, les étrangers se portent en foule vers la Suisse pour contempler ses glaciers, ses escarpements, ses cascades ; de tous les pays du monde, c'est précisément celui dont on s'écartait le plus autrefois qui de nos jours est le plus visité.
La république suisse, dont le nom est emprunté à Schwitz, l'un de ses plus petits cantons, occupe elle-même un territoire bien peu étendu on comparaison de celui des nations environnantes. Elle ne couvre pas même un espace égal à la deux-centième partie de l'Europe, au douze-millième de la surface terrestre : dans un immense empire comme la Russie ou le Brésil, un district de dimensions pareilles semblerait sans importance aucune ; sur la plupart des caries, il ne serait pas même honoré d'un nom.