Un lieu plus noir encore que les ténèbres. Puis le temps découpé, retiré de l'histoire. Puis son esprit n'est plus là, ses souvenirs sont partis. Elle est entraînée au fond de l'eau. Ils prennent son corps, son souffle. Ils la plient, la brisent et l'utilisent jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un souvenir dont personne ne se souvient.
Grace se demande combien de temps dans sa vie elle a gâché à attendre que les choses viennent à elle, trop effrayée pour prendre un risque, trop timide pour s'exprimer et faire connaître ses désirs.
Profiter de quelqu’un qui a bu, c’est malsain et cruel. C’EST DU VIOL.
Faire boire une fille pour coucher avec elle, ce n’est pas « la détendre un peu ». C’est du VIOL.
Coucher avec quelqu’un qui n’est pas en mesure de consentir ne fait pas d’un mec un veinard, ça fait de lui un VIOLEUR.
Mais nos voix, elles, sont plus fortes que nous ne l'imaginons. Même nos chuchotements peuvent créer des vaguelettes qui se propageront plus loin que nous ne pouvons le concevoir.
Ce qu'elle sait, en tout cas, c'est que, quoi qu'on fasse, les gens trouvent un moyen de vous coller une étiquette. Nous sommes ainsi programmés. Notre mode par défaut est la paresse. Nous classons les choses pour qu'elles nous paraissent plus facile à comprendre.
« Parce qu’on n’arrête pas les filles. Elles sont une force. Elles ne forment qu’un seul corps. »
J'aime mieux voir mon corps comme une fête foraine que comme un temple. Moins de sacré, plus de fun.
Or c'est un type comme les autres [...]. Rien dans son apparence, ne crie "violeur !". Il n'a rien de particulièrement intimidant [...] Rien qui évoque le mal. Il pourrait être n'importe qui.
Je n’ai jamais subi d’attouchements ni de viol. Et pourtant, je me sens en danger, comme menacée en permanence. J’ai quand même l’impression que mon corps ne m’appartient pas. Comme si c’était ça, être une fille.
Rosina n'a jamais adressé la parole à Lucy, la fille dont elle avait supposément assez à foutre pour la défendre en crachant au visage de quelqu'un. Mais Erin sait qu'il y a une différence entre les idées et les personnes, et que c'est bien plus simple de se soucier d'une chose qui ne respire pas. Les idées n'ont pas de besoins. Elles n'exigent rien d'autre que de brèves pensées. Elles ne souffrent pas, ne ressentent pas la douleur.