- Les fins sont souvent tristes, c’est un truc d’écrivain…
- Les débuts sont toujours plus excitants…
Un soir, son père lui avait dit « Dans les moments merdiques, on a toujours besoin d'une cigarette... Dans des moments merdiques comme dans les bons, quand on veut suspendre dans nos volutes un bon souvenir. Alors, à quoi bon fumer si ça nous sert dans les deux sens ? ».
Abraham était bien conscient que son fils n'était pas encore prêt à prendre sa relève. Il ressassait comme une certaine culpabilité. À force de chausser le même cuir, il n'avait laissé aucune place à l'enfant pour que ce dernier imprime ses propres pas.
Il s'aperçut qu'il renouait au plaisir de l'aube, à cette ambiance fragile, quand la fraicheur de la nuit s'éclipse lentement sur une promesse de grande chaleur.
Pourtant, cette lumière, il la connaissait bien.
Au fil du temps, lorsqu'il se couchait, l'aube avait pris l'habitude de poindre, chargée de mauvaise conscience, de frustration et de poumons enfumés.
Je suis en panne sur mon prochain livre, j'habite dans sa maison, dans ses meubles et je repense à ce qu'il a déjà construit à mon âge... Et surtout à ce que je n'ai pas encore fait ou réalisé. Trop d'histoires, trop de fantômes.
Ce qui brûla ce soir-là. Ce n'était pas que du bois. Ce n'était pas que de la terre, ni de la chair ni même des os. Oui ce n'était pas.
Si tu gouvernes le requin en toi, tu seras un ange ; car tous les anges, c'est rien de plus que des requins bien gouvernés.
Il progressait seul pour la toute première fois de sa vie et, comme la boue qui retenait les semellles de ses bottines dans un bruit de succion grasse, la peur s'agrippait à lui au fur et à mesure de son ascension.
Chaque dessinateur, lorsqu'il travaille, a sa propre musique en tête. Ce sont ces notes qui résonnent. Ellles accompagnent un geste, un mouvement, accentuent une émotion, une expression. Ce sont des bruits, des sons, des accords que l'on s'invente, c'est ce que l'on ne voit pas mais qui est pourtant bien dessiné.
Il s'était passé quelque chose dans la foret le soir du grand incendie. Mais jamais Samuel ne parla de ce qu'il avait vu, de ce qu'il avait vu, de ce qui l'avait accompagné durant ce fameux été.