J'aime bien ce concept, chaque tome de la série raconte une histoire différente, avec comme point commun, une petite ville perdue, entourée d'une immense forêt, dans une région qui n'est pas citée précisément, mais qui fait évidemment penser au Canada, et même plus précisément au Québec, un village où l'on s'adonne à la chasse, et où le bois fut exploité, habité par des bûcherons, des chasseurs, et quelques intellectuels adeptes de l'isolement.
Le graphisme est réaliste, travaillé en aquarelles sombres, ou technique s'apparentant, le travail sur la lumière est prédominant, au risque d'être parfois difficile à déchiffrer, mais cela n'est pas un problème, parce qu'il est en harmonie avec le récit. le style s'attarde sur les matières, les feuillages dans l'ombre, les espaces de lumières se faufilant entre les branches, beaucoup de paysages. le travail sur la matière est très recherché, par la nature du médium, par ses couleurs déposées diluées, en superpositions pour finir par séparer la lumière de l'ombre, comme une lutte entre ses deux antagonismes, et malgré cette brutalité du traitement, les coup de pinceaux n'apparaissent pas, peut-être n'y en a-t-il pas, le rendu est parfois presque photographique.
Saul Miller est un ancien professeur revenu au pays de son enfance, où ses parents tenaient une auberge sur le bord du fleuve, à destination des draveurs, ceux qui faisaient descendre le bois sur le fleuve. Il vit désormais sur les hauteurs à dans une maison isolée, entourée de forêt, dans un petit microcosme, un couple de voisins, une jeune mère et sa fille, dont il joue le rôle de précepteur, et deux étranges chasseurs qu'il redoute.
On ne sait pas trop si le récit va dériver vers le fantastique, le drame social ou le thriller, longtemps l'auteur nous laisse dans le doute, l'intensité et la tension montent subtilement, pour finir pas nous submerger. le récit est à l'image des illustrations, méticuleux et brut à la fois, aux contrastes agressifs, les moments où la lumière surgit, c'est pour nous éblouir, on reste béat, immobile tel le lapin dans les phares de la voiture, et paf, on subit le choc.
C'est fort, intense, et bien prenant.
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Si L'Histoire de Samuel Beauclair parlait de filiation, celle de Saul Miller parle, elle, de vérité et de culpabilité.
Lire la critique sur le site : BullesEtOnomatopees
Atmosphère envoûtante, graphisme totalement immersif et intrigue prenante : il serait dommage de passer à côté de cette saga ambitieuse qui séduit au-delà des frontières du neuvième Art !
Lire la critique sur le site : BDGest
Le lecteur est happé pour un thriller étonnant, aux limites du fantastique, mené de main de maître et remarquablement écrit.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Il observait la marche des insectes, les légions travailleuses, l'ivresse de l'abnégation continue. Il se faisait le témoin discret et bienveillant d'une symphonie modale et répétitive où les cycles des saisons se déguisaient en hasard pour mieux masquer une maîtrise parfaite de la plus complexe des partitions.
Prends bien soin de tes rêves (..) parce ce qu'ils ne s'exaucent qu'une fois. Après, c'est trop tard. C'est le tour d'un autre.
Ce chêne était déjà là avant que les premiers hommes de viennent s'installer sur ces terres! Il pousse depuis des siècles et poussera encore bien après notre mort. Imagine le nombre de générations qu'il a vu défiler sous ses branches!
Nous ne sommes que de passage.
Lui, reste.
Il se levait généralement de bonheur. Il suivait la trace du temps sur l'écorce des arbres. Il observait la marche des insectes, les légions travailleuses, l'ivresse de l'abnégation continue. Il se faisait le témoin discret et bienveillant d'une symphonie modale et répétitive où les cycles des saisons se déguisaient en hasard pour mieux masquer une maîtrise parfaite de la plus complexe des partitions.
Il se faisait le témoin discret et bienveillant d'une symphonie modale et répétitive où les cycles des saisons se déguisaient en hasard pour mieux masquer une maîtrise parfaite de la plus complexe des partitions.
Rencontre live avec Romain Renard en marge du FIBD, le 19 mars 2022.