AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 88 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
"Le journal d'Asta" est certainement le livre qui m'a fait le mieux fait ressentir ce que "coup de foudre" signifie. J'ai eu le coup de foudre pour ce roman. Mais, me suis-je souvent demandé, pourquoi ? Qu'est-ce qui, dans ce livre, a bien pu susciter cela ? Après tout, l'histoire n'est pas spécialement originale, elle repose sur un pitch ténu, des livres à suspense plus complexes sont légion de nos jours... Et puis il est lent. Non, plus exactement, il est exaspérément lent par rapport au désir qu'il suscite de savoir la suite. Donc on ne peut pas le lire : on doit le dévorer. Mais pourtant, qu'est-ce qu'on désire si ardemment savoir... on veut savoir qui était le père biologique d'une vieille dame qui vient de mourir. N'est-ce pas dérisoire ? Comment se fait-il qu'on en ait envie au point d'y passer une nuit blanche ? J'ai toujours eu le sentiment que ce n'était pas uniquement parce que c'était le premier "roman psychologique à suspense" que je lisais, mais qu'il y avait autre chose. Que ce n'était pas uniquement parce qu'il est bien écrit (bien traduit), intelligemment construit, toutes choses qui pourraient tout aussi bien qualifier une rédaction qui mériterait 20/20.

D'abord, on peut – on pouvait, quand je l'ai lu, au 20ème siècle – l'acheter dans une gare. C'est ce que j'ai fait : je n'avais donc pas d'attente particulière par rapport à ce livre. C'est sans doute la meilleure configuration : lire en s'attendant à quelque chose de tiède, de jetable, voire à une légère déception, permet d'être démenti avec d'autant plus de force. Mais si ce n'était que cela, alors en vingt ans, il aurait été enseveli dans mon souvenir par tous les Harlan Coben que j'ai lus – que j'ai consommés, devrais-je dire ! Je n'aurais pas eu envie de le relire plusieurs fois, alors même que pour moi, il n'y a plus aucun suspense sur le dénouement ! Or, Harlan Coben m'a laissé le souvenir de nuits blanches, certes, mais rien sur le contenu de ses romans : je les ai oubliés, je ne les ai jamais relus, ou pire, je les ai peut-être relus sans même m'en rendre compte. Donc il y a autre chose.

On lit en parallèle l'histoire de trois générations : Asta, la mère venue du Danemark un siècle plus tôt, Swanny, la fille dont le père est inconnu, Ann, la petite-fille qui veut comprendre ses origines. Leurs émotions sont mêlées, le livre leur confère à toutes la même actualité, en les faisant toutes ressentir par une seule et même personne, la petite-fille : tout cela donne au lecteur une illusion d'immortalité, le temps de la lecture. Ce livre repousse les limites du temps imparti à une existence humaine. N'est-ce pas l'essence même de la littérature ?

Mais alors, de qui "Le journal d'Asta" est-il l'histoire ? Ruth Rendell a choisi un titre centré sur la mère, Asta. C'est la dernière ruse de son roman. Car ce n'est pas elle, l'héroïne : elle n'est plus de ce monde. C'est l'histoire de sa petite-fille, qui lit le journal de sa grand-mère et cherche des témoignages. Mais qu'est-ce que l'histoire d'une petite-fille... sinon la sienne propre, doublée de celle de ses ancêtres, triplée des non-dits familiaux, épaissie du monde fantasmatique de toutes celles et ceux qui l'ont fait naître et grandir. Mais alors... On croit lire un livre, et on pénètre en douce au coeur d'une métaphore de la manière dont nous sommes tous structurés à notre insu : des hommes, des femmes, nous ont précédés, nous les avons connus, ou pas, et nous sommes tous héritiers de ce qu'ils ont vécu, aimé, espéré, souffert, occulté. Surtout de ce qu'ils ont occulté, qui resurgit chez nous sous forme de question sans réponse, sous forme de souffrance sans forme. "Le journal d'Asta" est une histoire particulière, unique, simple, qui prend la forme de nos structures élémentaires et rejoint par là l'universel. Peut-il y avoir réalisation plus aboutie en littérature ?
Commenter  J’apprécie          213


Lecteurs (219) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Promenons-nous dans les bois" de Ruth Rendell

Comment s'appelle la femme qui devait garder les deux enfant du couple Dade ?

Paula
Joanna
Tania

10 questions
9 lecteurs ont répondu
Thème : Promenons-nous dans les bois de Ruth RendellCréer un quiz sur ce livre

{* *}