Élisa. Trois Maris. Vous avez travaillé pour nous, si j'ose dire!
Julienne. Le jour de mes dix-huit ans, une voyante extralucide m'a prédit le couvent. Je n'étais pas une beauté mais tout de même! Alors je me suis lancée, en quelque sorte, dans une contre-offensive...
C'est exactement ça écrire, aller quelque part ou on ne va pas...et quoi qu'on fasse déjà, sur la page vide déjà, il y a le retour et la fin de l'aventure...
Elisa (très vite). Nathan, je crois qu'on ne se reverra plus jamais, il y a une chose que je dois te dire... Durant ces années, je n'ai pensé qu'à une seule chose, te revoir, je n'ai eu qu'une obsession, te revoir, te voir, entendre ta voix... J'ai vécu hantée par toi, incapable d'aimer qui que ce soit...
Tu sais ce qu'il me disait toujours, constamment ! Outre sa frénésie à m'envoyer au quai Conti, "Il faut que tu te stabilises." C'était son maître mot : stabiliser... Comment peut-on envisager une vie qui ressemble à ce mot ?
Alex. Il faudrait tondre ce potager, il est bourré d'orties. (À Edith). Il y a un sécateur?
Édith. Tu veux tondre le potager avec un sécateur?!
Nous sommes tous des gens civilisés, nous souffrons avec des règles, chacun retient son souffle, pas de tragédie...pourquoi au fond ?
C'est exactement ça écrire, aller quelque part où on ne va pas... Et quoi qu'on fasse déjà, sur la page vide déjà, il y a le retour et la fin de l'aventure... A vingt ans, j'imaginais mon œuvre, sept volumes en papier bible, un monde de titans, fracassants, soulevés par la houle, happés par je ne sais quelle frénésie...