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Nathalie RHEIMS « Laisser les Cendres s'envoler » Editions Leo Scheer 2012, 254 pages
Le petit garçon ou la petite fille, qui encore sommeille en nous, rêve de ce conte de fée qui l'aurait vu naître dans un beau château avec des princes pour parents et une cour étincelante et joyeuse. L'héroïne du dernier roman de Nathalie Rheims est une sorte de Cendrillon sauf que son illustrissime famille de banquiers juifs l'abandonne au coin d'une monumentale cheminée, aux cendres froides et féodales. Elle n'aura pas accès à ce qui brille et réchauffe dans ce décor fascinant peuplé de prestigieuses silhouettes. Elle restera une Cendrillon isolée et mal aimée, entourée de l'absence de parents égoïstes et inconscients, d'un parâtre séducteur, opportuniste et beau-parleur, de grands-anciens dont la tendre indifférence achève de la désillusionner. « Je prenais conscience qu'entre la gentillesse et la lâcheté se glissait une feuille pas plus épaisse qu'un papier à cigarette. » Page 196
Ce roman, qui est l'histoire vraie de la jeunesse de l'auteur, offre une prise de conscience pudique et pertinente du puzzle de sa caste et de la place qu'on lui assigne. Et plutôt que d'élever le chant de la victimisation, l'écriture tend ici à élucider les rouages d'un univers puissant et mystérieux dont, contradiction suprême pour une âme qui n'y est ni accueillie et assimilée, elle observe avoir hérité les règles et les principes. C'est une héritière tragique qui met en scène avec force et recul le rejet de son monde mais aussi la fin d'un monde.
Réduite à être spectatrice de la propre pièce des maîtres de sa vie, la plume de Nathalie Rheims restitue pourtant avec tact et clairvoyance ce qui apparaît et disparaît sur son théâtre existentiel, lequel –ce qui fait réfléchir le lecteur- se révèle traverser le nôtre aussi. Un travail d'initiation donc, de mise à jour des autres et d'elle-même, maturité qui se gagne et se dessine par petites touches. le lecteur profite pleinement de ce parcours de Nathalie Reims qui se retourne sur sa jeunesse et sur une certaine société qui perdure sous d'autres formes.
« Souvent, ceux qui détiennent la fortune et la gloire, comme autrefois les monarques, finissent par n'avoir plus qu'une obsession, un seul objectif : vaincre le temps ! Ils désirent laisser une trace indélébile. L'art est ce qui leur permet d'espérer. Devenir le mécène d'un artiste dont on se dit qu'il accédera à la postérité est un moyen de triompher de la mort.
Pour y parvenir, les puissants consacrent une partie de leur vie à rechercher, à collectionner, essayent de comprendre, d'apprendre, de deviner les artistes qui traverseront les siècles. Vaincre le temps, ce rêve était bien plus abordable lorsque l'art n'obéissait pas encore aux mêmes règles que la Bourse.
Aujourd'hui, c'est devenu un marché à court terme. Acheter et vendre dans un temps record, faire des plus-values sans se soucier du sens et de la surie d'une oeuvre. » Nathalie RHEIMS «Laisser les Cendres s'envoler», Editions Leo Scheer, 2012, Page 247
Patricia JARNIER 13 Octobre 2012 Tous droits réservés
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Tout au long du récit j'attendais le coup de pied dans la fourmilière, le pétage de plombs, l'hystérie salvatrice.Mais il ne c'est rien passé NADA ! Dommage.
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L'écriture de Nathalie Rheims est franche, directe, sèche, nerveuse et assez rapide
'aime cette écriture. Pas de fioriture. Droit au but. Nathalie Rheims veut tout dire sur la relation -ou l'absence de relation- avec sa mère et plus largement avec sa famille avant la fin, sa propre fin. Sans doute le décès récent de son compagnon n'est-il pas étranger à son besoin de se libérer de cette enfance solitaire (je ne suis pas un adepte des ragots, des feuilles à sensation, mais j'ai su fortuitement -ce n'est pas un secret d'état non plus- que N. Rheims était la compagne de Claude Berri). Madame Yv qui travaille avec des gens en fin de vie me dit régulièrement que lorsqu'on approche de la mort, on recueille ce que l'on a semé. Si l'on n'a pas pu faire le point, le bilan de sa vie et la paix avec ceux qui nous entourent, notamment assainir les relations plus ou moins orageuses, eh bien tout cela ressort à la fin. Mme Rheims, soyons clairs, je n'insinue point insidieusement que vous seriez en mauvaise santé ou âgée, parce que Madame Yv, encore elle, ajoute, que se faire une fin de vie paisible nécessite d'y travailler toute sa vie durant !Malgré mon entrée en matière, je suis un peu hésitant quant à mon avis sur ce livre : j'ai aimé beaucoup de passages, touchants, durs, mais d'autres m'ont laissé dubitatif voire indifférent. J'avais été touché et j'avais aimé le chemin des sortilèges de la même auteure, malgré des critiques çà ou là sévères (dans la presse et sur certains blogs : j'avais lu à l'époque, par exemple, que N. Rheims écrivait avec ses pieds ; ceci étant peut-être vaut-il mieux avoir de jolis pieds que des mains calleuses ?), l'écriture qui oscillait entre rêve et réalité pouvait provoquer des émotions. Là, moins. Peut-être un peu trop de répétitions ou de longueurs. Loin de moi cependant l'idée de dire que c'est un mauvais livre. C'est juste que cette fois-ci, à certains moments, l'écriture de l'auteure ne me provoque pas d'émotion particulière, je me suis fait parfois l'effet de me voir lire sans vraiment "entrer" dans les pages. Ce n'est pas le thème qui me gêne, au contraire : cette histoire de petite fille riche qui se sent et se sait rejetée par sa mère, parce que Nathalie Rheims évacue très vite la question
La détresse de l'absence de lien maternel ou affectif est aussi terrible dans les familles riches que dans les familles pauvres. D'ailleurs la jeune narratrice s'affranchira très tôt de sa famille en vivant des rôles qu'elle joue au théâtre.

Je m'aperçois en faisant ce billet que sans doute je suis passé à côté de certaines pages, car en tentant de retranscrire ce que je pense et ce que j'ai ressenti avec cette lecture, je m'emballe et j'en arrive à me dire qu'il faut que je le relise un peu plus tard. de fait, avant d'écrire un article, en général, j'en sais la teneur, eh bien, là, non. Hésitant au départ, je deviens de plus en plus peut-être pas totalement enthousiaste mais au moins positif. Probablement la marque d'un bon livre qui donne le meilleur de lui-même après coup, un de ceux qui restent en mémoire ?
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Dans ce roman de Nathalie Rheims, on voyage dans l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte aux côtés d'une petite fille, adolescente et femme meurtrie dans sa relation avec sa mère. Je trouve l'écriture fluide, précise, piquante parfois, on découvre une vie qui est jalonnée par des déceptions, des abandons, des trahisons. Une famille extrêmement riche et influente et une culture du secret et du "tais-toi" permanent. J'ai refermé ce livre empreinte d'une lourdeur qui se dégageait des pages. Bravo à Nathalie Rheims d'avoir su écrire son histoire, ce qui a peut être contribué à apaiser son coeur.
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Livre sans aucun intérêt, sans style; apitoiement sur elle-même d'une pauvre petite fille riche qui trouve dans l'abandon maternel matière à déballage impudique.
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On s'y laisse prendre même s'il y'a quelques longueurs... Beaucoup moins prenant que de vigan
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Bon ben voilà , avalé en une journée ! punaise moi qui ne me considère pas comme une grande lectrice (par le rythme de lecture, je n'ai jamais beaucoup lu, toujours par période et assez espacée), je ne sais pas ce qu'il m'arrive, depuis que j'ai découvert Babelio par "superginie" je n'arrête pas de lire !

Voilà ce livre que j'ai découvert en nouveauté dans ma bibliothèque de quartier, je me rappelle avoir vu Nathalie Rheims dans une émission tv parlant de son livre. du coup, allez pourquoi pas. Et je dois dire qu'arrivée au milieu du livre, je m'ennuyais un peu des descriptions redondantes de ses émotions, de son manque d'amour maternelle, de sa transparence familiale..... Et puis j'ai persévéré et ai appris certaines choses sur les Rothschild, quelques bribes seulement car là n'était pas le sujet non plus, mais fort intéressant de voir comment une famille si riche et reconnue s'est construite. On y découvre les relations froides, superficielles de la dynastie faite de mariages co-sanguins , les nounous, les techniques boursières-banquières pour s'enrichir plus et cela depuis fort longtemps.. Une partie de la vie de "cette famille", celle de l'auteur ! Triste quand même , j'imagine que tout le monde n'a pas le même ressenti dans ce gotha mais tout de même.......une telle tromperie, corruption des sentiments est affligeante.

En tout cas, sa façon d'exprimer son ressenti est finalement assez touchante.
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Comment amortir le choc consécutif au départ d'une mère du foyer familial lorsque l'on est âgée de 13 ans, et que l'on appartient à l'une des familles les plus prestigieuses d'Europe, les Rothschild, dont on découvre sans peine l'identité dans le récit de Nathalie Rheims « Laisser les cendres s'envoler », sans qu'elle mentionne leur nom dans l'ouvrage.

Le titre aurait pu être libellé à l'impératif, c'est l'infinitif du verbe qui est retenu, pour une raison simple : ce travail de deuil de la disparition de sa mère a été long, douloureux, source de recherches sur sa famille, sur les pratiques de cette dernière, sur ses ascendants. Il s'impose comme un constat à la fin du livre, et non comme un impératif.
Ainsi, Nathalie Rheims nous suggère-t-elle que sa mère, enfant elle –même issue du remariage de son grand-père, aurait été fragilisée dans l'atteinte de son propre équilibre affectif. Ce dernier , sa mère semble l'atteindre en tombant amoureuse d'un peintre prétendument avant-gardiste dont Nathalie Rheims tourne en dérision les prétentions, l'arrogance intellectuelle , et surtout la place qu'il prend dans la vie de sa mère , excessive à ses yeux , car provoquant son exclusion affective de la famille .

Il y a dans le récit de Nathalie Rheims toute une description des moeurs, pratiques et jugements engendrés par l'appartenance à ce milieu, celui de la haute bourgeoise financière, ainsi, de l'utilisation du silence en lieu et place de l'échange : « Ce qui était important était mis sous embargo et plus les événements méritaient que l'on en discute moins on en discutait. Parler n'était qu'un signe de faiblesse, la pratique d'un monde qui n'était pas le nôtre. »

L'auteur évoque également une autre source de souffrances personnelles, celle de la corruption des sentiments, après avoir appris qu'elle était déshéritée : « Non, ce n'était pas l'aspect matériel qui me hantait, cette tromperie-là me semblait dérisoire et mesquine, ce qui me blessait, c'était la fraude des sentiments. »
Nathalie Rheims traverse de multiples épreuves pour surmonter cet abandon : une vie matérielle précaire, une découverte de l'amour tourmentée et douloureuse, l'atteinte de l'anorexie corporelle. Elle énonce que l'éloignement de son milieu d'origine l'a délivrée d'une dette et du sentiment de culpabilité, étape peut-être décisive pour qu'elle fasse son deuil de cet abandon maternel. Il y a, dans les dernières pages du livre d'intéressants réflexions sur les comportements des grands financiers: « Devenir le mécène d'un artiste, dont on se dit qu'il accédera à la postérité est un moyen de triompher de la mort. »

Autre constat amer : le pari sur la survenance du pire qu'entretiendraient, selon l'auteure, les financiers : « L'art de prévoir le pire, tel était le savoir-faire à transmettre pour fabriquer ces princes de la finance, et que leur règne se perpétue de père en fils .Le pire, il fallait l'envisager en permanence et ne jamais le perdre de vue. Trouver des moyens pour le voir venir avant les autres. »
Le récit de Nathalie Rheims est empreint de cruauté, de drôlerie parfois, d'amertume, d'une juste distanciation vis-à-vis de ce contentieux familial à la résorption duquel elle nous convie avec délicatesse et justesse. La plume est acérée, les observations pertinentes mais non exemptes d'ironie.
La phrase finale du livre sonne comme un verdict. Evoquant les conséquences du décès de sa mère sur les relations familiales, l'auteure conclut ainsi : « Les uns et les autres se repliaient sue leurs secrets .Tandis qu'elle emportait le sien dans le néant, j'étais devant la tombe de ma mère inconnue. ».
Peut-on être plus clair ?
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J'ai lu cet été "Rien ne s'oppose à la nuit", autre roman sur la relation mère/fille. Ici le propos est différent, autant l'autre livre est un livre d'amour, de pardon, d'admiration et de compréhension pour sa mère , autant celui-ci est un exutoire pour faire le deuil d'une mère qui a délaissé sa fille pour son amant puis son mari. J'espère que ce livre a fait du bien à l'auteur en l'écrivant mais pour moi il n' a eu aucun intérêt particulier.
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Voici deux histoires en parallèle : celle de Buster : enfant de cirque et acteur de cinéma muet et celle de Henri un enfant "différent"; j'avoue que bien que comprenant la comparaison j'aurai préféré deux histoires ; celle de Henri nous est plus proche , plus émouvante .
Par contre comment comprendre que l'on puisse jeter un enfant de 5 ans pour un spectacle ; on lui mettra une poignée dans le dos qu'il gardera toute sa vie .
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