Voilà qu'un soir un voisin croise Nasredin marchant dans la rue, une grosse lanterne à la main.
L'occasion de le confondre est trop belle :
- Eh bien alors, Nasredin, je croyais que tu voyais dans le noir. Pourquoi as-tu besoin d'une lanterne maintenant ?
- Ah, mais ce n'est pas pour moi ! C'est juste pour éviter que les gens qui ne me voient pas dans le noir ne me bousculent.
Ne pas se prendre au sérieux, ne pas s'attacher de manière rigide à des points de vue qui reflètent souvent une vision étriquée de notre identité représente déjà une étape importante sur le chemin de la sagesse.
Nasreddin est en train de tourner autour de sa maison avec un grand bâton en faisant des moulinets dans tous les sens. Au bout d'un certain temps, les voisins s'approchent de lui, un peu intrigués :
- Qu'est-ce que tu fais, Nasreddin ?
- Je chasse les tigres.
- Mais enfin, il n' y a pas de tigres dans la région !
- Ah, vous voyez, ça marche !
Par leur caractère inclassable, les contes nous éduquent à une forme de pensée particulière et nourrissent l'esprit, tout en élargissant notre champ de compréhension et en aiguisant notre capacité de perception et de pensée critique. Ils permettent de libérer une parole, celle du sage, de l'insoumis, du clairvoyant, du laissé-pour-compte, et rassemblent autour d'eux des hommes et des femmes en quête de sagesse et de liberté.