Si l'on peut admettre relativement aisément que des loi similaires règlent l'infiniment petit et l'infiniment grand, que ces deux mondes ne sont qu'un et se ressemblent plus qu'ils ne se différencient, j'ai été autrement surpris par les concordances dans les conclusions entre approche scientifique et pure méditation. Evidemment nous sommes tous à la fois composés d'atomes, de particules élémentaires et de poussières d'étoiles, mais delà à imaginer que sans aucun support scientifique, sans vérification d'expérience, sans ordinateurs par la seule force de l'esprit grâce à la méditation il soit possible de découvrir le big-bang je suis abasourdi.
Un magnifique dialogue entre deux grands esprits, beaucoup de respect mutuel, un même émerveillement vis-à-vis de la beauté du monde. A lire aussi pour combattre l'effet de certains obscurantismes par la propagations d'idées et d'ondes positives.
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"La «réalité» est-elle à jamais soustraite à notre connaissance? Oui, si nous persistons à vouloir faire émerger du monde phénoménal des «choses» qui existent en elles-mêmes. Non si nous nous attachons à connaitre leur nature ultime, leur vide d'existence propre."
Rien ne nous empêche de penser que tous les humains possèdent une conscience hologramme leur permettant de voir la même chose au même instant.
Telle la vision d'un arc en ciel manifestant sa présence par des phénomènes inconsistants que chacun d'entre nous matérialise de la même manière par des perceptions sensitives.
Nous nous évertuons à tout nommer alors qu'a l'origine tout n'est que vacuité et le restera pour toujours.
Sauf si nous acceptons de nous délocaliser de l'emprise perpétuelle de toutes les choses sensibles qui nous entourent et que nous prenons plaisir à définir afin d'en fortifier les différentes matrices émotionnelles dont dépendent nos determinations thématiques.
Notre monde dépendant de son énergie le forçant à se réaliser sans cesse dans le contexte historique de son époque ne peut s'empêcher de fonctionner sans concepts sensoriels.
Tout un monde thématisé revisité et entretenu continuellement par les ressources temporelles de sa propre substance dans l'incapacité de dérouler sa phénoménologie dans un vide sans devenir.
Un vide pourtant fédérateur d'un confort intuitif novateur transportant quelques audacieux vers un nouveau monde. Un silence dont il ne faut pas prononcer le nom afin de l'empêcher de se découvrir un sens détériorant à jamais sa chose en soi.
La sauvegarde impérative d'une nudité cérébrale ayant conquis son apaisement en se réfugiant dans la conscience de son inconscience.
Le délice intense de ne plus avoir l'apparence d'une enveloppe charnelle devant toujours lutter pour exister.
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Au terme de ces entretiens, je dois dire mon admiration accrue pour la manière dont la pensée bouddhique analyse le monde des phénomènes. J'avoue que j'étais pourtant plein d'appréhension au début de notre entreprise. Je connaissais et appréciais surtout l'aspect pratique du bouddhisme qui aide à acquérir la connaissance de soi, à progresser spirituellement, à devenir un être humain meilleur. En d'autres termes, pour moi le bouddhisme était avant tout une voie vers l'Éveil, une voie contemplative au regard principalement tourné vers l'intérieur.
Je savais que la science et le bouddhisme utilisent des méthodes d'investigation du réel totalement différentes. En science, ce sont l'intellect et la raison qui tiennent le rôle principal. Divisant, catégorisant, analysant, comparant et mesurant, le scientifique exprime les lois de la nature dans le langage hautement élaboré des mathématiques. L'intuition n'est pas absente en science, mais elle n'est utile que si elle peut être formulée dans une structure mathématique cohérente. Par contre, l'intuition – l'expérience intérieure – joue le premier rôle dans la démarche contemplative. Elle n'essaie pas de fragmenter la réalité, mais tente de l'appréhender dans sa totalité. Le bouddhisme ne fait pas appel aux instruments de mesure et aux observations sophistiquées qui fournissent la base expérimentale de la science. Ses énoncés sont de nature plus qualitative que quantitative.
Je n'étais donc pas du tou: sûr qu'une démarche consistant à confronter la science et le bouddhisme puisse avoir un sens. Je redoutais que le bouddhisme n'ait que peu à dire sur la nature du monde phénoménal, car ce n'est pas sa préoccupation principale, alors que c'est fondamentalement celle de la science. Si cela avait été le cas, nous aurions couru le risque de tenir deux discours parallèles, sans jamais nous rencontrer sur un terrain commun.
À mesure que nos conversations se sont poursuivies. je me suis rendu compte que mes craintes n'étaient pas fondées : non seulement le bouddhisme a réfléchi sur la nature du monde, mais il l'a fait de façon profonde et originale. Il l'a fait non pas pour la connaissance du monde phénoménal en soi, ce qui est le propos de la démarche scientifique, mais parce qu'en comprenant la vraie nature du monde physique – la vacuité, l'interdépendance – il peut dissiper les brumes de l'ignorance et ouvrir le chemin vers l'Éveil. Notre discussion a été mutuellement enrichissante. Elle a suscité de nouvelles interrogations, des points de vue inédits, des synthèses inattendues qui demandaient et demandent encore approfondissement et clarification.
Ces entretiens s'inscrivent dans la lignée des dialogues précédents entre la science et le bouddhisme.
L'enseignement principal que j'en ai retiré est qu'il existe une convergence et une résonance certaines entre les deux visions, bouddhiste et scientifique, du réel. Certains énoncés du bouddhisme à propos du monde des phénomènes évoquent de manière étonnante telles ou telles idées sous-jacentes de la physique moderne, en particulier des deux grandes théories qui en constituent les piliers : la mécanique quantique –physique de l'infiniment petit –, et la relativité – physique de l'infiniment grand. Bien que radicalement différentes, les manières respectives d'envisager le réel dans le bouddhisme et dans la science n'ont pas débouché sur une opposition irréductible, mais, au contraire, sur une harmonieuse complémentarité. Et cela, parce qu'ils représentent l'un comme l'autre une quête de la vérité, dont les critères sont l'authenticité, la rigueur et la logique.
Examinons, par exemple, le concept d'« interdépendance des phénomènes », idée fondamentale du bouddhisme. Rien n'existe en soi ni n'est sa propre cause. Une chose ne peut être définie que par rapport à d'autres. L'interdépendance est nécessaire à la manifestation des phénomènes. Sans elle, le monde ne pourrait pas fonctionner. Un phénomène quel qu'il soit ne peut donc survenir que s'il est relié et connecté aux autres. La réalité ne peut pas être localisée et fragmentée, mais doit être considérée comme holistique et globale.
Cette globalité du réel, plusieurs expériences en physique nous l'imposent. Dans le monde atomique et subatomique, les expériences de type EPR nous disent que la réalité est « non séparable », que deux grains de lumière qui ont interagi continuent à faire partie d'une seule et même réalité. Quelle que soit la distance qui les sépare, leurs comportements sont instantanément corrélés, sans aucune transmission d'information. Quant au monde macroscopique, sa globalité nous est démontrée par le pendule de Foucault dont le comportement s'accorde non pas à son environnement local, mais à l'univers tout entier. Ce qui se trame sur notre minuscule Terre se décide dans l'immensité cosmique.
Le concept d'interdépendance dit que les choses ne peuvent se définir de manière absolue, mais seulement relativement à d'autres. C'est, en substance, la même idée qui définit le principe de la relativité du mouvement en physique, énoncé pour la première fois par Galilée, puis repris et développé au plus haut point par Einstein. « Le mouvement est comme rien », disait Galilée. Il voulait dire par là que le mouvement d'un objet ne peut être défini de façon absolue, mais seulement par rapport au mouvement d'un autre objet. Aucune expérience ou mesure faite par un passager dans un wagon de chemin de fer qui se déplace à une vitesse constante et dont toutes les fenêtres sont fermées ne lui permettra de dire si le wagon est immobile ou en mouvement. C'est seulement en ouvrant une fenêtre et en regardant le paysage défiler que le passager s'en rendra compte. Tant qu'aucune référence n'est faite à l'extérieur, le mouvement est équivalent au non-mouvement. Les choses n'ont pas d'existence en elles-mêmes, mais seulement par rapport à d'autres événements, dit le bouddhisme. Le mouvement n'a de réalité que par rapport au paysage qui passe, dit le principe de la relativité.
Le temps et l'espace ont aussi perdu le caractère absolu que leur avait conféré Newton. Einstein nous dit qu'ils ne peuvent se définir que relativement au mouvement de l'observateur et à l'intensité du champ de gravité dans lequel il se trouve. Aux abords d'un « trou noir », singularité dans l'espace où la gravité est si intense que même la lumière ne peut plus en sortir, une seconde peut prendre des airs d'éternité. Comme le bouddhisme, la relativité dit que le passage du temps, avec un passé déjà révolu et un futur encore à venir, n'est qu'illusion, car mon futur peut être le passé d'un autre et le présent d'un troisième : tout dépend de nos mouvements relatifs. Le temps ne passe pas, il est simplement là.
Découlant directement de la notion d'interdépendance il y a celle de la vacuité qui ne signifie pas le néant, mais l'absence d'existence propre. Puisque tout est interdépendant, rien ne peut se définir et exister par soi-même, La notion de propriétés intrinsèques existant en elles-mêmes et par elles-mêmes n'est plus de mise. De nouveau la physique quantique nous tient un langage étonnamment similaire. D'après Bohr et Heisenberg, nous ne pouvons plus parler d'atomes ou d'électrons en termes d'entités réelles possédant des propriétés bien définies, comme la vitesse ou la position. Nous devons les considérer comme formant un monde non plus de choses et de faits, mais de potentialités. La nature même de la matière et de la lumière devient un jeu de relations interdépendantes : elle n'est plus intrinsèque, mais peut changer par l'interaction entre l'observateur et l'objet observé. Cette nature n'est plus unique, mais duelle et complémentaire. Le phénomène que nous appelons « particule » prend la forme d'ondes quand on ne l'observe pas. Dès qu'il y a mesure ou observation, il reprend son habit de particule. Parler d'une réalité intrinsèque pour une particule, d'une réalité existant sans qu'on l'observe, n'a pas de sens car on ne peut jamais l'appréhender. Rejoignant le concept bouddhique de samskara, qui veut dire « événement », la mécanique quantique relativise radicalement la notion d'objet en la subordonnant à celle de mesure, c'est-à-dire à celle d'un événement. De plus, le flou quantique impose une limite fondamentale à la précision de la mesure de cette réalité. Il existera toujours une certaine incertitude soit dans la position, soit dans la vitesse d'une particule. La matière a perdu sa substance.
Ils ne faut pas vouloir les bloquer, mais remonter à leur source et regarder leur nature première. On s’aperçoit alors que les pensées n’ont pas le pouvoir d’aliénation qu’on leur prête. Si on les examine, on découvre qu’elles s’évanouissent au fur et à mesure qu’on les scrute. Elles viennent de nulle part et n’ont nulle part où aller lorsqu’elles disparaissent. Leur apparente solidité s’évanouit comme la gelée matinale fond sous les rayons du soleil. Ensuite, on peut demeurer dans la simplicité primordiale de l’esprit, la clarté naturelle de l’instant présent, la sérénité immuable de la transparence ultime de l’esprit, sans évoquer le passé ni imaginer l’avenir, sans espoir ni crainte. Cet exercice n’aurait aucun intérêt en soi si, maintes fois répété, il ne conduisait à reconnaître le caractère insaisissable des pensées. Cette reconnaissance de leur vacuité nous libère de leur emprise. Les pensées perturbatrices perdent peu à peu leur pouvoir de soulever en nous des tempêtes intérieures et de nous rendre négatifs envers les autres. Au fil du temps, on devient expert dans ce processus de libération et, lorsque les pensées surviennent, on les regarde aller et venir comme un vieil homme tranquille regarde des enfants jouer.
Notre façon de décrire le monde est conditionnée par le fait que notre expérience quotidienne ne nous permet de l'observer qu'à l'échelle macroscopique, laquelle jouit d'une plus grande stabilité. Il est fort probable que si nous avions constamment le monde miscrocopique sous les yeux, nous n'attibuerions aucune solidité au monde extérieur. La perception que nous avons de ce monde dépend entiérement du point de vue selon lequel on se place (...) L'observateur ne fait qu'isoler un certain spectre d'aspects qui n'ont d'autre réalité que celle d'une interaction particulière entre l'observation et la globalisation, c'est-à-dire entre une conscience et l'ensemble dont elle fait partie. Ce qui nous appelons réalité n'est donc qu'un certain "regard" de la conscience.
Du point de vue du bouddhisme, comment la notion d'un continuum de conscience s'intègre-t-elle à notre vision de l'univers? Quels changements d'état ce continuum peut-il connaître? Comment l'amener à l'Éveil - l'état de Bouddha - et quels sont les facteurs mentaux qui font obstacle à la réalisation de cet Éveil?
THUAN: Selon le bouddhisme, la conscience aurait-elle existé dès les premières fractions de seconde du big bang dans la soupe primordiale des particules élémentaires?
Matthieu : Sur un plan ultime, ni l'univers ni la conscience n'ont d'existence propre, et donc de début, mais, sur le plan de la vérité relative, ils coexistent depuis toujours. La conscience n'est pas inscrite physiquement dans le brasier du big bang et, comme je l'ai mentionné, il n'est pas indispensable qu'elle ait à tout moment un support physique. Le fait que, pendant des milliards d'années, notre univers ait été dénué de vie ne signifie pas que le continuum de conscience ait été interrompu. Selon le bouddhisme, la conscience peut se manifester sur d'autres plans et dans d'autres univers. Du point de vue de la science, ce postulat peut sembler aussi arbitraire que celui d'un principe créateur, mais il paraît plus économique d'envisager l'existence d'un continuum de conscience parallèlement au continuum de la masse-énergie, que de faire intervenir une entité créatrice dont on ne voit pas très bien d'où elle viendrait, ni quel serait son rôle et ses qualités, ou encore d'imaginer que la conscience puisse naître de l'inconscient...
95 % des armes mondiales sont fabriquées et vendues par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies !
Augustin Trapenard recevait Matthieu Ricard sur le plateau de la Grande Librairie pour la publication de son livre "Plaidoyer pour le vivant", à paraître aux éditions Bouquins le 9 mars 2023. Ce volume rassemble deux livres majeurs de l'auteur à savoir “Plaidoyer pour l'altruisme" et “Plaidoyer pour les animaux”.
Il ouvre son ouvrage avec une préface inédite dans laquelle il pose la question de l'avenir de la société sur la capacité à être altruiste : “Nous n'imaginons pas la force de la bienveillance, le pouvoir qu'une attitude altruiste peut avoir sur nos vies et sur la société tout entière”. Pour y répondre, Matthieu Ricard, moine bouddhiste qui vit dans l'Himalaya depuis plus de 50 ans se sert de son expérience personnelle pour répondre à cette question. Il démontre avec force et passion que l'altruisme est loin d'être une utopie, mais qui peut en réalité, être la réponse a beaucoup de problématiques. C'est la raison pour laquelle avec ces pages, Matthieu Ricard invite le lecteur à étendre sa bienveillance à l'ensemble des êtres, aussi bien aux animaux, qu'aux hommes.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/?gclid=CjwKCAiAr4GgBhBFEiwAgwORrW7peUlzClObF61f0KsQsSd2-c9xlOelCvqND0piaAwn-rNW-Cf27hoCj5cQAvD_BwE#season-france-5-la-grande-librairie-la-grande-librairie-saison-15
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