L'OVNI sous vide.
L'histoire la plus barrée, récréative, sombre, belle, littéraire, drôle, intelligente et engagée de mes dernières semaines de lecture.
« Quand on aime les poulets, on aime tout d'eux. La gentillesse qu'on leur donne, ils nous la rendent en sortant du four. »
Avec une 4ème de couverture comme celle-ci, il est clair que l'autrice ne va pas tourner autour du pot bien longtemps . Ça va parler poulet rôti , plumes, bouffe, amour, cruauté, tendresse.
Ça va picorer du grain, déterrer du mots, piquer du ver, gratter où ça fait mal.
Alors installez vous confortablement car avec ce roman , vous allez mettre les deux pieds dans le plat.
Une jeune femme végétarienne, mal dans sa peau, revient à la ferme familiale pour accompagner sa mère dans ses derniers moments. Elle décide de s'occuper un temps de l élevage de poulets.
Elle passe ses journées au milieu des volatiles, les observe, les aime, les tue, et leur écrit des biographies pour les vendre au marché. Un jour un client, fervent admirateur de ses biographies, lui propose d'augmenter ses ventes sans trahir ni ses principes ni le lien profond qu'elle entretient avec ses bêtes à plumes.
Faire la connaissance de Paule et de ses poulets, c'est un peu comme fleurter avec un surréalisme à la
Monty Python.
Je me suis délectée de cette allégorie cynique et drôle de notre société de consommation et de la déshumanisation de nos relations.
Pour ne rien gâcher , cette histoire est écrite d'une plume (de poulet évidemment ) astucieuse et soignée. Et que vous dire des biographies...des virgules de poésie qui ponctuent ce texte totalement décalé et totalement touchant.
GERVAISE
Née de l'hiver, bancale de naissance, la cuisse droite était déviée et amaigrie, reproduction héréditaire des brutalités que sa mère avait endurées dans une heure de lutte furieuse. Grande fluette, hoquetant parfois comme une ivrogne, avec une jolie petite face ronde ; son infirmité était presque une grâce.
Ce roman se goûte du début jusqu'à la toute fin.