Ainsi les lumières, les trop nombreuses lumières artificielles, ont fait la nuit de l'âme.
En Frise
Je pouvais voir aussi les nids cachés dans des trous bas parmi les herbes, ou flottants, dans lesquels les femelles avaient commencé à couver : le mâle voletait au-dessus peut-être encore non satisfait. C'était un chatoiement de lumières, d'air vif que des ailes agitaient, d'appels sur la couleur brune de la terre à peine arrachée à la mer : stupeur de la vie à l'arrivée du printemps.
L'important est de survivre, et cet instinct primitif ne peut être compris que de ceux qui l'ont éprouvé.
Le 25 décembre, à Athènes, Metaxas écrivait dans son journal personnel: "Comme ils doivent souffrir mes pauvres soldats! " A Rome, le même jour; Mussolini, au chaud dans son bureau du Palazzo Venezia, disait à Ciano: "Ce froid et cette neige sont parfaits, ça va nous débarrasser des mollassons, et cette race italienne médiocre y gagnera..." p.85
La conduite de la guerre se fit en dépit du bon sens et c'est une des principales causes des échecs de cette campagne.
Mais "l'affaire" fut vraiment une sale guerre, non pas à cause des soldats, mais de ceux qui, de loin, voulaient commander. p. 82
L'armistice fut signé à 18 h 40 le 3 novembre, entrant en vigueur à 15 h le jour suivant. Pour nous et pour l'Autriche-Hongrie la Grande Guerre était finie, mais là où elle était passée, il ne restait que désolation et mort.
L'important c'est de survivre, et cet instinct primitif ne peut être compris que de ceux qui l'ont éprouvé.
Beaucoup d'Occidentaux ne comprennent pas encore ces gens qui aiment s'arrêter devant les tombes des poètes, les couvrir de fleurs fraîches, déclamer, émus, leurs vers, voire discuter de leur interprétation, comme il m'est arrivé d'observer un dimanche matin. La tombe de Vladimir Vissotski — acteur, compositeur de ses propres chansons, mort il y a huit ans — était entourée de plusieurs dizaines de garçons et de filles qui apportaient des fleurs et qui restaient là en silence, ou qui jouaient de la guitare devant le monument funèbre, tandis que de petites grand-mères débarrassaient le marbre de la cire qui coulait des chandelles, et disposaient les bouquets tout autour jusqu'à couvrir le passage.
Un cimetière militaire en Belarus
Là, sous cette herbe et sous ces arbres, il y a nos morts, presque tous des alpini tombés pendant la période où nous sommes restés sur le Don. Au-dessus d'eux une enfant fort gracieuse, et légère comme une libellule, danse en agitant en rythme un long ruban d'un bleu céleste. Un nœud me serre la gorge et je dois m'éloigner de notre groupe pour ne pas montrer mon émotion. À mes lèvres affleurent les noms d'amis fraternels et généreux avec lesquels j'ai chanté et souffert, ainsi que leurs visages, leurs paroles, leurs espérances.