Les Sept Soeurs, tome 5 : La Soeur de la Lune

Je fermai les yeux, mes pieds frappant eux aussi le sol, la cabane entière vibrant au rythme de la musique. Un rythme que je connaissais aussi bien que moi-même, une pulsation incessante qui me donnait une folle envie de me lever pour danser.
Mes bras se dressèrent au-dessus de ma tête de leur propre initiative et je me levai, mon corps et mon âme répondant naturellement à l'incroyable mélodie de Chilly. Et je me mis à danser - portés par une alchimie étrange, mes pieds et mes mains savaient exactement quoi faire..

Son pied commença à battre le rythme et ses doigts à se mouvoir sur les cordes, de plus en plus vite. Ses mains semblaient libérées de l'arthrite simplement grâce au son joyeux qu'elles produisaient. La petite cabane résonna bientôt des cadences vibrantes d'un genre musical unique : le flamenco.
Puis Chilky se mit à chanter.

Deux mille ans de métissage signifiaient que nous avions tous plusieurs origines.

- Gâchis. Ton pouvoir est là, fit-il en désignant mes mains et mon coeur. Pas là, ajouta-t-il en indiquant ma tête.

Ce n'était pas le moment d'expliquer que ce qui me dérangeait le plus c'était que les veaux soient arrachés à leurs mères que l'on fécondait continuellement pour qu'elles produisent des quantités surnaturelles de lait à destination des hommes.

- Je pense que la science n'exclut pas la spiritualité, répliquai-je. Moi-même j'ai reçu une formation scientifique rigoureuse, mais il y a tant de choses que la science ne parvient pas à expliquer encore.

D’ailleurs, ma plus grande faiblesse était peut-être ma naïveté quand il s’agissait des autres, provenant paradoxalement de ma plus grande qualité : ma foi inébranlable en la bonté de la nature humaine. Les gens levaient les yeux au ciel quand je déclarais que le bien triomphait toujours sur le mal.

Garde les pieds sur le doux tapis de la terre, mais élève ton esprit vers les fenêtres de l’univers.

Cela ne sert à rien de regretter ce que l'on perd, il faut accueillir ce qui nous attend.

Je pense que nous sommes donnés les uns aux autres pour une raison précise, que nous soyons liés par le sang ou non.