Citations sur Les illuminations - Une saison en enfer (56)
Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.
"Et depuis ce jour-là, nous sommes comme fous...
Le flot des ouvriers a monté dans la rue
Et ces maudits s'en vont, foule toujours accrue,
Comme des revenants, aux portes des richards !...
Moi, je cours avec eux assommer les mouchards,
Et je vais dans Paris le marteau sur l'épaule,
Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle,
Et, si tu me riais au nez, je te tuerais !...
(Poésies - Le forgeron)
Ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice.
Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux.
− Et je l'ai trouvée amère.
− Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
( Une saison en enfer)
Quand le monde sera réduit en un seul bois noir pour nos quatre yeux étonnés,
— en une plage pour deux enfants fidèles,
— en une maison musicale pour notre claire sympathie,
— je vous trouverai.
Qu’il n’y ait ici–bas qu’un vieillard seul, calme et beau, entouré d’un « luxe inouï »,
— et je suis à vos genoux.
Que j’aie réalisé tous vos souvenirs,
— que je sois celle qui sait vous garrotter,
— je vous étoufferai.
(Les illuminations - Phrases)
Délires
II
Alchimie du Verbe
( Extrait)
La vieilleries poétiques avait une bonne part dans mon alchimie du Verbe,
Je m'habituai à l'hallucination
Simple : Je voyais très-franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges,
Des calèches sur les roquettes du ciel,
Un salon au fond d'un lac ; les monstres,
Un titre de Vaudeville dressait des épouvantes devant moi.
Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des
mots !
Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit.
J'étais oisif, en proie à une lourde fièvre :
J'enviais la félicitè des bêtes,
Les chenilles, qui représentent
L'innocence des limbes, les taupes,
Le sommeil de la virginité.
Les chars d'argent et de cuivre -
Les proues d'acier et d'agent -
Battent l'écume, -
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt, -
Vers les fûts de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.
Vers de jeunesse
Ta vertu frappe au coeur les oiseaux,
Ô Déesse, leur bande aérienne annonce
Ta saison ; le sauvage troupeau bondit
Dans l'herbe épaisse et fend à la nage,
Et tout être vivant
À ta grâce enchaîné, brûle en te poursuivant.
C'est toi qui par les mers, les torrents les montagnes,
Les bois peuplés de nids et les vertes campagne,
Plantant au coeur de tous
L'amour cher et puissant,
Les pousses d'âge en âge
À propager leur sang !
Sully- Prudhomme.
Extrait : De la Nature des Choses.
( 1869. )
Les Illuminations
A une Raison
Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commerce la nouvelle harmonie.
Un pas de toi c'est la levée des nouveaux hommes et leur en marche.
Ta tête se détourne : Le nouvel amour !
Ta tête se retourne, le nouvel amour !
Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps, te chantent ces enfants.
Élève n'importe où la Substance de nos fortunes et de nos voeux.
On t'en prie.
Arrivée de toujours, qui t'en iras partout.
Les Illuminations
( Départ )
Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs !