AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Oeuvres complètes (211)

Delahaye a rapporté les conversations qu’il eut alors avec son ami. Il y ajoute cette précision qu’elles datent des dernières semaines de 1870. Rimbaud, dit-il, lui parla alors d’une poétique nouvelle dont, pour le moment, il ne faisait qu’entrevoir le but et les moyens. Delahaye, pour résumer cette poétique, emploie une intéressante formule. « Il tendait, écrit-il, vers la notation pure et simple. » Il expliquait à Delahaye que nous avons seulement à ouvrir nos sens à la sensation, puis à fixer avec des mots ce qu’ils ont reçu. Notre unique soin, ajoutait-il, doit être de voir, d’entendre et de noter. Et cela, sans choix, sans intervention de l’intelligence. Le poète doit écouter et noter « quoi que ce soit. »

(Antoine Adam, Introduction)
Commenter  J’apprécie          33
Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles :
Comme lui je me consume.

Les salades, les fruits
N'attendent que la cueillette ;
Mais l'araignée de la haie
Ne mange que des violettes.

Que je dorme ! que je bouille
Aux autels de Salomon.
Le bouillon court sur la rouille,
Et se mêle au Cédron.
Commenter  J’apprécie          130
À lire la plupart des critiques, on aurait l’impression qu’il existe une essence de la poésie rimbaldienne, une fois pour toutes fixée, et qui se trouve définie par Rimbaud lui-même dans la lettre du Voyant. […] Cette interprétation de la poésie de Rimbaud en fausse entièrement les perspectives. Elle méconnaît ce qui est sans doute le trait le plus étonnant de son effort, cette volonté continue de se dépasser, de se donner des objectifs et des moyens d’expression nouveaux. La poésie de Rimbaud est une révolution continue.

(Antoine Adam, Introduction)
Commenter  J’apprécie          10
.

L'homme juste

Le Juste restait droit sur ses hanches solides
Un rayon lui dorait l’épaule, des sueurs
Me prirent : Tu veux voir rutiler les bolides ?
Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
D’astres lactés, et les essaims d’astéroïdes ?"

"Par des farces de nuit ton front est épié,
Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
La bouche dans ton drap doucement expié ;
Et si quelque égaré choque ton ostiaire,
Dis : Frère, va plus loin, je suis estropié !"

Et le juste restait debout, dans l’épouvante
Bleuâtre des gazons après le soleil mort :
"Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente,
Ô Vieillard ? Pèlerin sacré ! Barde d’Armor !
Pleureur des Oliviers ! Main que la pitié gante !"

"Barbe de la famille et poing de la cité,
Croyant très doux : ô coeur tombé dans les calices,
Majestés et vertus, amour et cécité,
Juste ! Plus bête et plus dégoûtant que les lices !
Je suis celui qui souffre et qui s’est révolté !"

"Et ça me fait pleurer sur mon ventre, ô stupide,
Et bien rire, l’espoir fameux de ton pardon !
Je suis maudit, tu sais ! Je suis soûl, fou, livide,
Ce que tu veux ! Mais va te coucher, voyons donc,
Juste ! Je ne veux rien à ton cerveau torpide".

"C’est toi le Juste, enfin, le Juste ! C’est assez !
C’est vrai que ta tendresse et ta raison sereines
Reniflent dans la nuit comme des cétacés,
Que tu te fais proscrire et dégoises des thrènes
Sur d’effroyables becs de cane fracassés !"

"Et c’est toi l’oeil de Dieu ! Le lâche ! Quand les plantes
Froides des pieds divins passeraient sur mon cou,
Tu es lâche ! Ô ton front qui fourmille de lentes !
Socrates et Jésus, Saints et Justes, dégoût !
Respectez le Maudit suprême aux nuits sanglantes !"

J’avais crié cela sur la terre, et la nuit
Calme et blanche occupait les cieux pendant ma fièvre.
Je relevai mon front : le fantôme avait fui,
Emportant l’ironie atroce de ma lèvre…
– Vents nocturnes, venez au Maudit ! Parlez-lui !

Cependant que silencieux sous les pilastres
D’azur, allongeant les comètes et les noeuds
D’univers, remuement énorme sans désastres,
L’ordre, éternel veilleur, rame aux cieux lumineux
Et de sa drague en feu laisse filer les astres !

Ah ! Qu’il s’en aille, lui, la gorge cravatée
De honte, ruminant toujours mon ennui, doux
Comme le sucre sur la denture gâtée.
– Tel que la chienne après l’assaut des fiers toutous,
Léchant son flanc d’où pend une entraille emportée.

Qu’il dise charités crasseuses et progrès…
– Ô J’exècre tous ces yeux de Chinois ou daines,
Puis qui chante : nana, comme un tas d’enfants près
De mourir, idiots doux aux chansons soudaines :
Ô Justes, nous chierons dans vos ventres de grès !

Poésies 1870 - 1871
Commenter  J’apprécie          72
Sire, ce serait vraiment méfait de pendre ces gentils clercs : ces poètes-là, voyez-vous, ne sont pas d'ici-bas : laissez-les vivre leur vie étrange ; laissez-les avoir froid et faim, laissez-les courir, aimer et chanter : ils sont aussi riches que Jacques Cœur, tous ces fols enfants, car ils ont des rimes plein l'âme, des rimes qui rient et qui pleurent, qui nous font rire ou pleurer : Laissez-les vivre : Dieu bénit tous les miséricords, et le monde bénit les poètes.

("Charles d'Orléans à Louis XI")
Commenter  J’apprécie          30
Les femmes et les hommes croyaient aux prophètes. Maintenant on croit à l'homme d'état.

(Proses évangéliques)
Commenter  J’apprécie          40
Antique (Illuminations)

Gracieux fils de Pan ! Autour de ton front couronné de fleurettes et de baies tes yeux, des boules précieuses, remuent. Tachées de lies brunes, tes joues se creusent. Tes crocs luisent. Ta poitrine ressemble à une cithare, des tintements circulent dans tes bras blonds. Ton cœur bat dans ce ventre où dort le double sexe. Promène-toi, la nuit, en mouvant doucement cette cuisse, cette seconde cuisse et cette jambe de gauche.
Commenter  J’apprécie          40
MYSTIQUE

Sur la pente du talus les anges tournent leurs robes
de laine dans les herbages d'acier et d'émeraude.
Des prés de flammes bondissent jusqu'au sommet du
mamelon. A gauche le terreau de l'arête est piétiné par
tous les homicides et toutes les batailles, et tous les
bruits désastreux filent leur courbe. Derrière l'arête de
droite la ligne des orients, des progrès.
Et tandis que la bande en haut du tableau est formée
de la rumeur tournante et bondissante des conques des
mers et des nuits humaines,
La douceur fleurie des étoiles et du ciel et du reste
descend en face du talus, comme un panier, contre
notre face, et fait l'abîme fleurant et bleu là-dessous.
Commenter  J’apprécie          80
FLEURS

D'un gradin d'or, - parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, - je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes d'argent, d'yeux et de chevelures.
Des pièces d'or jaune semées sur l'agate, des piliers d'acajou supportant un dôme d'émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d'eau.
Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.
Commenter  J’apprécie          30
(proses diverses)

12 mai ...
Ne devinez-vous pas pourquoi je meurs d'amour ?
La fleur me dit : salut : l'oiseau me dit bonjour :
Salut ; c'est le printemps ! c'est l'ange de la tendresse !
Ne devinez-vous pas pourquoi je bouts d'ivresse ?
Ange de ma grand'mère, ange de mon berceau,
Ne devinez-vous pas que je deviens oiseau,
Que ma lyre frissonne et que je bats de l'aile
Comme hirondelle ? ...
Commenter  J’apprécie          20







    Lecteurs (2845) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Rimbaud

    Quel est son prénom ?

    Charles
    Arthur
    Paul
    Alphonse

    10 questions
    384 lecteurs ont répondu
    Thème : Arthur RimbaudCréer un quiz sur ce livre

    {* *}