Des estivants, installés au camping de Barfleur, auraient déposé une pétition à la mairie afin de faire supprimer la corne de brume au large du port.
Elle gênerait le repos du campeur.
Ha, ils n'ont pas fini de nous faire rigoler ces "faillis horsains" !
Mais, plus sérieusement, peut-on être quelque part aussi bien qu'allongé sous un pommier au soleil tiède de Normandie ?
Pas si sûr.
Ce livre est étonnant et original.
Il est une belle découverte.
"1000 ans sous les pommiers" n'est pas un livre d'Histoire, même s'il effleure sans cesse le genre.
Remontant le temps, ou le redescendant sans aucune suite logique, il serait plutôt une suite d'instantanés pris dans la longue et riche histoire normande.
Il est composé de 32 textes assez courts, et très différents.
Il s'appuie sur une riche bibliographie.
Il s'ouvre sur l'étonnante rencontre de Mathilde et de Guillaume.
L'amour courtois l'est-il toujours d'abord ?
Et se referme sur la tragédie de Barfleur, le naufrage de la Blanche Nef, où un roi malheureux se transforme soudain en un arbre sec et stérile.
Entre les deux, il sera question de vikings, d'une dernière partie de soule, de villages dortoirs et de résidences secondaires, de fraude dans le bocage, de chouannerie normande, de retour à la nature, de folklore ou de culture, de l'origine des armoiries normandes, de dentelle au fuseau, de création musicale et de quelques autres petites choses ...
Les textes sont courts mais suffisent à attiser l'intérêt.
La nouvelle courte est un exercice difficile.
Bruno Robert y excelle.
Il fait le tour de son propos sans jamais léser son lecteur.
Ce livre est un superbe défilé de personnages, un album de portraits.
Tel Thopile à qui le pape propose "eune p'tite goutte, un lermeau, de la belle iaô de vie couleurée comme du vin" ...
Tel John le Feuvre qui, criant Haro à Jersey, invoque une tradition vieille de dix siècles pour se placer sous la protection de son duc ...
Tel Isidore Gautier qui se souvient d'Aumebecq lorsque la cloche de son église rythmait le temps ...
Tel François Vatry à bord du "Soleil Royal" qui attend l'anglais au large de Barfleur ...
L'auteur du livre semble y avoir fait sien ce vieux dicton normand :
"Plus le pommier a de pommes
Plus s'incline vers les hommes"
Et nous offre 1000 ans d'une histoire délicieusement picorée et finement contée ...
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Votre patois, Normands, vos pères sont morts pour le répandre en Angleterre, en Sicile, en Judée ; à Londres, à Naples et jusque sur le tombeau du Christ !
Car ils savent que perdre sa langue, c'est perdre sa nationalité et qu'en apportant leur idiome, ils portaient en eux la patrie.
Oui, votre patois est vénérable, car le premier poète qui l'a parlé a été le premier des poètes français ...
(Victor Hugo)
Rousaée dauns la valaèe
Biâo temps pouo la journaèe ...