Quatrième de couverture, je vois que
Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au monde. Très bien, il y aura un double effet vérité, d'une part du fait du professionnalisme de l'auteur, d'autre part
la petite menteuse est probablement inspirée d'une ou plusieurs histoires s'étant réellement passées. J'ai d'ailleurs en souvenir de quelques mois ce condamné pour viol sur mineure innocenté x années après par cette même mineure ayant grandi et avoué avoir menti.
J'insiste sur la notion de vérité car quand on touche à la psychologie humaine il est important d'être dans le vrai afin, par delà le particulier, de pouvoir extrapoler de façon générale et constructive. A contrario, soyons loin de ces thrillers bas de gamme où l'on fait faire n'importe quoi à des individus sous prétexte d'une double personnalité.
Gérard a donc pris douze ans pour viol d'une mineure de 15 ans. Il avait les habits du coupable idéal. 5 ans après, s'étant pourvu en appel, un autre procès doit avoir lieu.
Exit Gérard, passons la main à Lisa,
la petite menteuse qui a maintenant 20 ans et sa nouvelle avocate, Alice, 50 ans, la narratrice du livre.
Au quart ou au tiers du livre, Lisa avoue avoir menti, la narration prend alors une autre tournure. Que faire, dire ou taire, réflexion et analyse du mensonge et de sa montée en puissance, réaction des leurrés, fin du procès et début supposé d'un autre.
Que dire de cette démarche qui va à l'encontre de ce qui veut que ce que femme dit doit être automatiquement entendu et crû. Se positionner dans un sens ou dans l'autre serait s'exposer d'office aux critiques du camp adverse. Combien de célébrités médiatiques ayant donné leur avis en ont elles fait les frais.
Faisons comme
Pascale Robert-Diard, donnons la parole à Adèle, la radicale de service, l'amie de son fils, dans les 25 ans à qui elle a raconté Lisa. Pages 123 à 126, je vous laisse lire.
La petite menteuse pour qui le voudra bien est source de multiples questions.
Que faire en cas de doute. Faut il innocenter 8 coupables pour éviter la prison à 2 Gérard.
Paroles contre paroles. Qui et que croire ?
Vaut il mieux être jugé par une femme de 35 ans syndicaliste et militante ou par un juge de soixante encore pétri du système patriarcal.
La justice est elle si juste au vue des différents systèmes de valeurs que
Pascale Robert-Diard attribue aux membres du jury.
Et que dire des lynchages internet familles comprises et des médias qui surfent sur le sordide et attisent les feux de tout bord.
La petite menteuse. Un livre bien construit qui tient en haleine le lecteur. Une écriture qui se déroule en toute simplicité, trop peut être, la pluie tombait toujours quand elle enfourcha son vélo pour rentrer chez elle. Les bars étaient pleins, des grappes d'étudiants se serraient sous les auvents des terrasses. Entre fourches et grappes, il y a mieux.
Bref, le livre vaut plus par le sujet abordé, courageux car à contre courant, les descriptions, professionnalisme aidant,sont riches d'enseignement, membres du jury, juges, soupe d'avocat et plus si nécessaire.
J'aurais aimé un peu plus de vécu de Gérard en prison, ce qu'il a souffert, ayant une vague notion que des violeurs d'enfants sont persona non grata en ces lieux et ailleurs, les délibérations des jurés mais il aurait fallu être parmi eux, les pour les contre et les différents argumentaires.
La dernière phrase. Je vais défendre la petite salope.
La petite menteuse. Oui défendre.
Attendons donc la suite.
Ps. Je reviens sur donner son avis. Entre le courage de ses opinions et la lâcheté de sa tranquillité. Que faire ?